Eduquer au XXIe siècle ? Impossible !

Nous habitons un monde trop plein, bientôt sept milliards d’humains. Le nouvel écolier n’a jamais vu veau, vache, cochon ni couvée, il a perdu le sens de ses racines. La France ne compte plus que 1 % de paysans en 2011, les Français ont perdu le sens de ce qui les fait vivre. Ils habitent la ville, ils n’admirent qu’une nature pour loisirs et tourisme, ils ont perdu le sens de l’effort physique. Né sous péridurale, l’espérance de vie va vers quatre-vingts ans sans jamais avoir expérimenté l’urgence vitale d’une morale ! Ils sont formatés par les médias, qui détruisent les facultés d’attention en réduisant le temps des réponses aux questions à quinze secondes, chiffres officiels ; le mot le plus répété est « mort » et l’image la plus représentée celle de cadavres. Pourtant les médias se sont saisis de la fonction d’enseignement. Les occidentaux sont formatés par la publicité, compagne de la société du spectacle. Nos enfants habitent donc dorénavant le virtuel, pas le réel. Ils écrivent autrement, avec les deux pouces. Ils ne parlent plus leur propre langue.

L’individu ne sait plus vivre en couple, il divorce ; ne sait plus se tenir en classe, il bouge et bavarde ; l’été dernier, nos footballeurs n’ont pas su faire équipe ; nos politiques ne savent plus construire un parti plausible ou un gouvernement stable. Nous n’avons inventé aucun lien social nouveau, juste un recrutement Facebook. Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, accessible à tous, inaccessible en cohérence. Distribué, mais non concentré, dilué à l’infini.

Face à ces mutations néfastes, sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés… Tout est à refaire !

NB : ce texte reprend le point de vue de Michel Serres (lemonde.fr du 05.03.11, Eduquer au XXIe siècle ) en montrant sa virulence… qui n’était qu’implicite !

PS : L’article de Michel Serres est repris dans LeMonde papier du 6-7 mars 2011

6 réflexions sur “Eduquer au XXIe siècle ? Impossible !”

  1. Salut Armand
    Michel Serres est optimiste, Claude Lévi-Strauss ne l’était pas. De notre côté nous pensons que pessimisme et optimisme sont deux distractions qui nous éloignent d’une vie pleinement vécue.

    Et la vie prochaine de nos étudiants connectés, c’est de faire face aux effets des deux jumeaux de l’hydrocarbure, le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Ils ne pourront plus se brancher et ils devront s’adapter comme d’autres se sont adaptés à deux guerres mondiales…

  2. à vous lire, vous préférez le catastrophisme décérébrant à la sauce JT de 20heures … désolé de commencer de façon agressive, mais il me semble que le texte en question a un message simple et essentiel:
    Michel Serres invite à conserver l’optimisme et la confiance, à la fois dans la génération qu’il décrit et dans l’avenir.

    C’est en tout cas ce que je retiens de sa leçon, en tant qu’enseignant-chercheur qui râle de temps à autre contre ces étudiants connectés, qui ont du mal à rester concentrés plus d’un quart d’heure, etc. C’est à moi, à nous, communauté éducative, d’évoluer avec eux et non d’essayer de les faire rentrer dans un moule qui ne me satisfaisait pas il y a 15 ans déjà !

    ps: Biosphère, +1 😉

  3. La soluciòn? « Je pense, donc j’ existe ».. Mais si on ne pense pas on finit comme ça..
    Tribulete

  4. Eh ben.. Il n’y a pas de mots à dire sauf, peut-etre que dans les Pays riches les paysans n’ existent presque plus (1% en France) et « les bourgeois sont presque tous épatés ».., comme le « prince », du reste, voulait.. Achtung! Attention! Cuidado! Et gare à vous, les cons ! Les lois darwinistes existent et evoluent..
    Meilleurs voeux à tout le monde, pour l’ avenir
    Carl

  5. Trouvé sur lemonde.fr comme commentaires du texte de M.Serres :
    – Je cherche autre chose que des constats dans ce long texte. M. Serres ne serait donc qu’un historien ? Quelles pistes, quelles idées pour organiser l’éducation ? Rien. Ces intellectuels fonctionnarisés ont du mal à penser un monde différent du leur, en mouvement. Une « pensée » bien limitée.

    – Après un long bilan, pas très original, des changements de comportements survenus en un siècle, M. Serres attaque enfin son sujet : « Que transmettre ? Le savoir ! ». Hélas, son propos se dilue alors pour ne devenir qu’un insipide verbiage où flotte la perception d’Internet comme support universel du savoir. Cette vision, d’une platitude béate, ne tiendrait pas cinq minutes devant des enfants de 6 ans. Pourquoi écrire pour ne rien dire ?

    – Michel Serres se plaint que ni lui ni ses égaux n’ont su réformer l’enseignement du primaire au supérieur ; il a raison. Mais Michel Serres, au lieu de scruter et de proposer, a préféré butiner les pollens américains dans le confort de Stanford plutôt que de refaire un monde crédible sur la fin du XX et le début du XXI éme. Paroles légères de retraité nanti!

    – Quant à la conclusion : « Je voudrai avoir 18 ans… » Si le regard se tourne derrière soi, c’est évident ! Mais si le regarde scrute l’horizon, l’enthousiasme est moins évident ! Crises économiques, chômage, recul de la protection sociale et médicale, retraités pauvres, mondialisation, communautarisme, réchauffement climatique, exhaustion de l’énergie fossile, retard des pays émergents, émigrations sauvages, continents entiers sous le joug de dictateurs, conflits ethniques et de l’accès à l’eau. L’optimisme de l’âge?

  6. Soyons optimiste, comment éduquer au XXIe siècle :
    Avant le choc pétrolier ultime : L’éducation est totalement inadéquate en regard de la Transition qui s’annonce. Les jeunes sortent de l’école sans être préparés à faire face aux besoins pratiques d’un monde beaucoup moins abondant en énergie. Ils ne savent rien en construction, en cuisine, en jardinage ou en réparation.

    Après le choc : Les terrains des écoles seront transformés en jardins intensifs. Le jardinage est intrinsèquement plus productif que l’agriculture parce qu’une plus grande attention y est concentrée sur une plus petite superficie.
    In Manuel de Transition (de la dépendance au pétrole à la résilience locale) de Rob Hopkins

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