EELV (Europe Ecologie Les Verts), un parti qui se cherche. Il y a ceux ceux qui veulent continuer, autour d’un syndicat des élus dirigé par J.V.Placé et C.Duflot, à mettre tellement de rosé dans leur verre qu’il n’y a plus qu’un soupçon d’écologie à boire. L’alliance avec le gouvernement a brûlé les ailes de ces carriéristes, la motion soutenue par la ministre Cécile Duflot lors des congrès décentralisés du 16 novembre, minoritaire, doit chercher des partenaires internes. Tout est donc possible lors du congrès national final qui aura lieu à Caen le 30 novembre. Voici quelques commentaires qui se veulent éclairés sur l’avenir d’EELV.
Pour Jean-Claude Guillebaud, l’écologie qu’incarne EELV est au bord du désastre : Face à l’urgence écologique, « les palinodies françaises entre EELV et les socialistes au pouvoir paraissent bien frivoles. Pour ne pas dire déshonorantes. Etait-il raisonnable de créer un « parti écologiste » ? Pour ma part, j’ai toujours pensé que c’était un mauvais chemin. À travers des ONG comme Greenpeace , les sociétés civiles sont mieux placées qu’un parti politique pour accélérer une révolution des consciences . »
Pour Denis Baupin, qui se réjouirait de voir les écologistes quitter le gouvernement : les lobbies du nucléaire, du béton, des OGM, et tous les conservateurs de droite et de gauche qui ne veulent surtout rien changer au productivisme ? Il déclare : « Nous ne sommes pas des observateurs, nous sommes des acteurs. Nous sommes convaincus que la transition écologique ne peut attendre. Mais il y a une condition : ne jamais renoncer à notre liberté de parole. C’est valable pour les ministres, a fortiori pour les parlementaires, et plus encore pour EELV. » (ndlr, Baupin appartient à la motion de Cécile Duflot, « pour un cap écologiste », qui n’a fait que 38 % des voix).
Pour Alain Lipietz, le silence voire la complaisance des ministres et dirigeants EELV envers la politique de Hollande inspirent une colère au bord du mépris. Il ajoute : « Alors, faut-il considérer qu’un parti de l’écologie ne sert désormais plus à rien ? Peut-être l’écologie doit-elle se rallier à la « polique anti-politique », à contrôler le pouvoir de l’extérieur sans y participer ? Mais la multitude des associations et fondations de l’écologie extra-politique qui clament leur déception, de la Fondation de Nicolas Hulot au mouvement des Colibris en passant par FNE ou Sortir du Nucléaire, n’a rien obtenu. Oui, l’écologie a plus que jamais besoin d’un parti, malheureusement, EELV n’a ni l’orientation ni la direction que les circonstances exigent. Nous savons que le courant de l’actuelle direction, où affluent ceux qui (souvent avec d’excellentes raisons) croient devoir s’y réfugier pour conserver ou maintenir des places, ne fera rien qui pourrait compromettre l’avenir de son vaste clan. » (ndlr : Alain Lipietz appartient à la principale motion d’opposition, La Motion Participativez avec 20,6 % des voix)
La seule issue pour EELV, pour porter enfin l’urgence écologique, c’est de quitter un gouvernement plus que productiviste, carrément anti-écolo. Après avoir viré ses deux premières ministres de l’écologie, des socialistes qui voulaient vraiment faire de l’écologie, Jean-Marc Ayrault désavoue son troisième ministre, Philippe Martin, à propos de la mise en application de l’écotaxe qui reste donc suspendue sine die. Cette écotaxe devait faire payer les camions pour l’utilisation d’infrastructures routières dont ils disposent aujourd’hui gratuitement sur le réseau national et local et qu’ils dégradent fortement. Cette application du principe d’utilisateur-payeur est remise en question par le premier ministre qui cède ainsi à quelques bonnets rouges qui s’agitent dans la rue. France Nature Environnement demande au gouvernement « de maintenir la mise en œuvre de l’écotaxe au 1er janvier 2014 »**. Mais nous n’avons pas un gouvernement socialiste digne de l’écologie et nous n’avons pas un parti écolo qui justifie sa place dans le gouvernement actuel.
* Le Monde.fr avec AFP | 19.11.2013, Report de l’écotaxe : Jean-Marc Ayrault désavoue Philippe Martin
** communiqué de presse de FNE du 19 novembre 2013