Sobriété énergétique, je crie ton nom. Aux États-Unis au début du XXe siècle, il a fallu 46 ans pour qu’un quart de la population adopte l’électricité. Lénine suivait alors le courant : « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets. » Aujourd’hui il faudrait s’attaquer à la « pauvreté énergétique », le monde entier se devrait d’adopter le modèle de la civilisation thermo-industrielle. Demain, les coupures généralisées de courant seront sans doute le premier signe de l’effondrement de cette civilisation.
Lire, l’électricité ou la sagesse, il faut savoir choisir
Le gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité (RTE) a publié le 25 octobre 2021 « Futurs énergétiques 2050 ». La question la plus clivante, combien les Français consommeront-ils d’électricité en 2050 ? Thomas Veyrenc, stratégie et prospective de RTE : « La concertation a donné lieu à des prises de position parfois violentes, très polarisées sur la question de la sobriété : pour certaines personnes, il s’agit d’une évidence, alors que d’autres en rejettent le principe même au nom des libertés individuelles ». Alros il ne faut mécontenter personne. Les six scénarios présentés lundi sont calculés à partir d’une trajectoire de consommation « de référence », soit 645 TWh en 2050 – contre près de 475 en moyenne au cours de la décennie écoulée. Elle prend en compte des gains importants en matière d’efficacité énergétique mais n’implique pas de changements de mode de vie des Français. RTE a aussi étudié deux autres trajectoires possibles de consommation – sans pour autant les détailler de façon aussi poussée que celle dite « de référence ». La trajectoire de la « sobriété » (554 TWh) supposerait une politique volontariste et des changements sociétaux : réduction des déplacements individuels au profit du covoiturage, recours accru au télétravail, régulation du chauffage, allongement de la durée de vie des équipements… La trajectoire d’une « réindustrialisation profonde » (752 TWh, dont 87 d’hydrogène) imagine, au contraire, une consommation supérieure à celle de référence.
L’approche traditionnelle (et quasi-exclusive) des questions énergétiques par l’offre (production d’électricité) va se déplacer progressivement vers une approche davantage guidée par la demande, laquelle va gagner en pertinence et en force. L’intérêt bien compris des consommateurs est de satisfaire leurs besoins finaux avec la moindre dépense énergétique. La logique voudrait que ce déplacement de l’offre vers la demande s’accompagne d’un déplacement des financements consacrés à l’accroissement de l’offre (TéraWatts) vers ceux destinés à réduire la demande (Négawatts)… L’électricité, pourquoi faire ? On ne se pose jamais assez cette question. Est-il bien raisonnable de circuler en ville avec une voiture de 1300-1500 kilos pour transporter un bonhomme qui en pèse 70 ? Un calcul a montré que 2 réacteurs nucléaires en France servaient uniquement pour les appareils en veille. Nous devons réfléchir en termes de besoins, les classer selon une grille qui va de l’indispensable au nuisible, en passant par le nécessaire, le superflu… Et cette grille peut faire l’objet d’une législation. Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Le niveau de chauffage nécessaire et suffisant ? L’accès au numérique ? Les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans voiture électrique ni éclairage en pleine nuit. Il nous faudra considérer un jour que seule la lumière du soleil nous procure une énergie durable, il nous faudra accéder à d’autres valeurs que le tout électrique. Parions que d’ici 20250 tous les besoins faussement essentiels basés sur une électricité à flux continu tomberont dans les oubliettes de l’histoire ; avec une énergie intermittente, il faudra beaucoup travailler simplement pour obtenir un peu d’eau potable et l’alimentation de base.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
22 janvier 2021, Hercule, l’électricité en phase terminale
14 février 2017, NégaWatt, rencontre avec Thierry Salomon
12 juin 2012, La fée électricité est-elle une mégère ?
13 décembre 2011, l’électricité en France, 13 décembre 2026
30 mai 2009, vivre sans électricité
21 décembre 2007, soyons négawatts
12 septembre 2007, vivons sans électricité
Quelques commentaires sur lemonde.fr :
JEANLAIN : J’ai parcouru le rapport RTE. L’ampleur des changements et des investissements sont tels qu’aucun ne pourra être mené dans le temps imparti ! Il faudrait d’ailleurs commencer par réduire notre consommation d’énergie de 40% !!! Essayez pour voir? Par ailleurs, il n’y a aucune mention concernant l’épuisement des ressources mondiales en matières premières telles que le Cuivre, les métaux rares nécessaires pour produire l’électricité…C’est pas gagné!
Michel SOURROUILLE : Sans électricité la vie d’une nation « moderne » s’arrêterait immédiatement. Or l’électricité n’est pas un besoin fondamental, l’électricité ne sera pas toujours facile à produire, nous avons donc besoin d’autres modèles de comportement. Il est possible de vivre sans électricité, à l’ancienne. Par exemple l’électricité a été strictement contrôlé par les Amish car, en plus du fait qu’être relié au réseau électrique aurait rompu la séparation avec le monde moderne, le confort et la multiplicité des objets de loisirs (télévision, téléphone, portable…) amène la destruction des valeurs traditionnelles, le rejet de la notion de labeur, la détérioration de la paix du foyer et la dégradation des rapports communautaires. C’est pourquoi les Amish ont décidé qu’aucune technologie les liant au monde extérieur ne viendrait perturber leurs vies et leurs principes : « L’harmonie de la nature, de la famille et de la communauté ».
Finalement, à force de réflexions, la fameuse citation caricaturale qui m’agaçait: « Vous voulez le retour à la bougie… » trouve en moi un certain écho. Ce n’est pas que cela m’excite les chandeliers mais en prévision de pannes électriques inéluctables, pour des raisons d’autonomie et de « maîtrise » d’une technique simple et ancestrale, se passer de lumière ou s’éclairer autrement est faisable, même si ce n’est pas son 1er choix. Telle est la question… La liberté individuelle du consommateur se fera bouffer le cul par le réalisme, qui fera que l’on consommera ce qu’il sera POSSIBLE techniquement et matériellement de produire. En plus clair: ce n’est pas la production qui doit s’adapter aux volontés infinies des consommateurs, mais ces derniers qui se partageront ce que l’on aura pu produire en fonction des ressources!
Je n’ai jamais eu connaissance de camps d’internement mis en place par Jésus Christ, ni qu’il ait ordonné d’exécutions massives, la différence me parait sensible et mériter d’être soulignée.
Vos préférences politiques vous feront toujours trouver des excuses à ce qui s’est fait au nom de cette idéologie communiste. Mais je doute toutefois que vous puissiez convaincre de son bien fondé les millions de gens qui ont été massacrés en son nom.
Mon cher Didier, vous déformez mon argumentation. Pourquoi voudriez-vous que je trouve des excuses là où il ne peut y en avoir aucune ? Je pourrais bien sûr vous renvoyer à d’autres idéologies, aussi sombres, mais tout ça n’est pas le sujet du jour.
Les scénarios RTE ne vous inspirent-ils pas plus que ça ? Ne voyez-vous aucun rapport avec le (sur)nombre ? 🙂
Tiens par exemple, inspirez-vous de ce que raconte Michel Sourrouille au sujet des Amish. Vous croyez que les Amish sont POUR la 5G et le Télétravail ? 🙂
Page 11 du rapport : «La stratégie française pour l’avenir […] elle prévoit que la consommation d’énergie finale de la France diminue de 40% en trente ans. Il s’agit d’une ambition très forte, dans le haut de la fourchette des stratégies des pays limitrophes, qui conduirait la France à retrouver son niveau de consommation d’énergie de la fin des années 1960.»
La consommation d’électricité en France va donc augmenter de 35%, OK. Et en même temps celle d’énergie finale va baisser, de 40%… pour atteindre en 2050 le niveau des années 1960 (930 TWh). Cette décroissance est miraculeuse. Faut peut-être juste se dire qu’en 2050, les Wh, les TWh, les joules et autres esclaves (énergétiques) seront beaucoup plus vaillants qu’ils le sont aujourd’hui. En 2050 nous aurons sûrement des superwaters, des superjoules, des mégajoules et j’en passe. Avec le Progrès rien n’est impossible.
1600 TWh aujourd’hui ==> 930 TWh en 2050 … comme dans les années 60 !
Pas question évidemment de retourner au mode vie des années 60 !!!
Ce rapport RTE repose donc sur le pari (ou sur le postulat) qu’en 2050 la consommation finale d’énergie en France aura retrouvé le niveau des années 60.
Question : Par quel miracle cela serait-il possible ?
Réponse : « Pour y parvenir, cette stratégie repose surtout sur des mesures d’efficacité énergétique, c’est-à-dire de réduction de la quantité d’énergie finale consommée pour répondre à un même besoin.» (publicsenat.fr)
Autrement dit, on fait là encore le pari des innovations et du Progrès.
Parions donc qu’en 2050 les lampes consommeront 40% de moins que celles d’aujourd’hui, idem pour les chauffages, clims, data-centers, machines de toutes sortes etc. Parions aussi que ces gains ne seront pas réduits à néant par l’effet rebond. Et que de nouveaux besoins ne viendront pas s’ajouter d’ici là.
En attendant, ce genre d’«optimisme» ne semble pas tenir compte des études qui nous disent, et depuis un moment, que les gains d’efficacité énergétique ralentissent, partout dans le monde. Dans ce domaine aussi il semble qu’on approche des limites.
PUB ! ( entendue ces jours-ci à la radio )
– Chéri, quand c’est qu’on fait comme les voisins ? T’as vu les économies qu’ils ont fait sur leur facture d’électricité ? Allez mon chéri, fais nous vite installer la nouvelle pompe à chaleur Machin-Chouette !
Avec toutes ces économies on pourra s’offrir un voyage aux Seychelles.
– « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets. » (Lénine)
C’est une définition comme une autre du communisme. Maintenant quand on n’aime ni l’électricité ni les soviets, je comprends qu’on puisse refuser de vouloir s’attaquer à la «pauvreté énergétique».
Or, lutter contre la «pauvreté énergétique» ne veut pas dire vouloir faire de tous les habitants de la planète des petits ou des gros bourgeois. Et je ne pense pas que le projet de Lénine était celui-là.
Entre rejeter en bloc l’électricité, et donc retourner à la bougie etc. et vouloir couvrir nos territoires de centrales, d’éoliennes et de panneaux solaires, je pense qu’il y a quelque part un juste milieu.
En attendant, ces deux extrêmes sont aussi ridicules l’un que l’autre.
Ce rapport de RTE n’est rien d’autre que de la propagande. Étant donné que notre mode de vie (en France comme au pays de Mickey et ailleurs) n’est PAS NÉGOCIABLE, la décroissance ne peut donc pas faire l’objet d’un scénario. C’est logique et ça ne devrait même pas nous surprendre. Les divers scénarios partent du postulat que la consommation électrique va augmenter, de 35%. Que voulez-vous, faudra bien pouvoir recharger nos bagnoles, nos vélos et trottinettes électriques, nos iPhones 500, alimenter la 18G, les data-centers, faire tourner les clims etc. etc. etc. Nul besoin donc de lire ce rapport, on devine la suite.
En attendant, la filière nucléaire peut-être rassurée. Tout autant que les marchands de moulins à vent. Et les marchands de clims, de bagnoles électriques etc. etc. etc. et en même temps. Business as usual !
Le projet de Lénine en effet n’était pas cela, c’était juste le pouvoir.
Quand cesserons-nous d’avoir la moindre naïveté envers les intentions du communisme ? Cet extrême-là n’était pas ridicule, il était criminel.
Si Lénine n’était animé que par le Pouvoir, si ce n’était que ça son projet (personnel), que dire alors de tant d’autres ? Passés et actuels.
Pour comprendre les «intentions» du communisme, je pense qu’il faut déjà remonter aux débuts de son histoire. «L’idée d’une société égalitaire et idéalement harmonieuse, fondée sur l’égalité absolue — ou sur certains degrés d’égalité — entre êtres humains, est très ancienne : elle est largement antérieure, aussi bien à l’apparition de la mouvance politique communiste qu’au mot « communisme » lui-même.» (Wikipedia).
Pour moi, et même s’il n’est qu’une légende (je n’en sais rien), Jésus était le premier communiste. Certains le voient plutôt comme un anarchiste, après tout pourquoi pas ? En tous cas Jésus n’était certainement pas capitaliste, ni malthusien. Quoi qu’il en soit il ne faut pas croire que c’est l’étiquette qui fait le produit. Parce que sinon on en arrive à mettre ce qu’on veut derrière le mot. En attendant, si ça vous arrange d’associer le communisme au pire, ça vous regarde. Personnellement je préfère y voir une utopie, comme dans l’anarchisme.