Carolyn Baker : « Notre civilisation n’a jamais arrêté de souiller son nid. Nous sommes dorénavant plongés dans le chaos. Les animaux tuent d’autres animaux pour survivre, mais ils s’abstiennent de conquérir, de violer et voler, de piller et détruire, d’asservir et polluer, de brûler et d’empoisonner leur habitat, contrairement à ces « plus qu’animaux » qui semblent incapables de ne pas faire tout ce qui précède. Aucune forme de vie sur la planète ne connait la négativité, sauf les humains. Je prévois encore bien davantage de chaos. Les sociétés qui s’effondrent deviennent habituellement plus réactionnaires et rigides pendant la phase où elles tentent désespérément d’empêcher la désintégration totale. On peut s’attendre à ce que les immigrés, les musulmans et les femmes servent de plus en plus de boucs émissaires. Les cours de justice, les forces policières et les pompiers disparaîtront avec la ruine économique des villes. Je prévois une augmentation sans précèdent de la violence. Les gens s’organiseront en bandes pour se protéger les uns les autres, ou ils ne survivront pas…
La plupart de mes lecteurs ne sont pas des survivalistes. La majorité ne vit pas sous le paradigme de « ma famille, ma propriété et mes besoins d’abord ». D’un autre côté ceux qui adoptent les principes de la survie sont à préparer leurs plans d’évasion vers une existence isolée dans leur abri autonome, loin des zones fortement habitées. Et gare à ceux qui voudraient s’en prendre à leurs forteresses ! L’indépendance est plus fonctionnelle que la dépendance, mais elle a ses limites. Personne ne peut stocker assez de nourriture pour tenir jusqu’à la fin de ses jours. Il leur faudra un jour ou l’autre transcender l’indépendance. La personne interdépendante reconnait qu’elle ne peut survivre sans le soutien et la coopération d’autrui. Pratiquer l’interdépendance dès maintenant se révèlera une préparation cruciale à l’effondrement à grande échelle et à un monde où les ressources seront très limitées…
La vérité est que je mourrai un jour, que j’ai des réserves de provisions ou non. Si je meurs à cause d’une chute de population qui survient pour compenser notre dépassement des capacités de la nature, eh bien c’est la vie également. Finalement, si ma mort fait partie de quelque chose qui sert la communauté élargie, qui aide à stabiliser et à enrichir le bout de terre dont je fais partie, c’est tant mieux. »
in L’effondrement (petit guide de résilience en temps de crise) aux éditions écosociété, 154 pages pour 10 euros