Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?

L’urgence écologique appelle une femme nouvelle, une femme qui refuse la pensée unique, une femme qui n’est pas issue du sérail politique, une femme qui n’était pas née écolo mais qui les représente. Cette femme s’appelle Eva Joly. Pourtant cette femme subit vacheries après vacheries, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine… Le Eva bashing fait rage**. Eva est victime de la bipolarisation des présidentielles, c’est l’opposition factice entre l’UMP et le PS qui est valorisée par les médias au détriment des idées. Les nouveaux chiens de garde du social-libéralisme accaparent tous les plateaux, polarisent tous les commentaires. Parler du réchauffement climatique ou du pic pétrolier est devenu inaudible.

Cet ostracisme envers Eva Joly est en fait une manière de se venger des écologistes. Comme le discours de vertu de l’écologie paraît légitime, on le discrédite indirectement en raillant la personnes d’Eva. Une forme de racisme, de recherche du bouc émissaire pour se laver de ses propres péchés. Et puis il y a le défaut originel des médias, chercher la petite phrase qui va faire le buzz, cultiver l’insolence pour mieux cacher son propre côté ringard ; et les chroniqueurs sont les dignes représentants de cette société du spectacle. Il est vrai qu’Eva Joly n’avait pas encore été confrontée aux codes politiques, elle ne connaît donc pas la langue de bois… amateurisme sans doute, mais un chroniqueur médiatisé n’est-il pas là pour valoriser la sincérité et non célébrer la politique spectacle ?

Ce n’est certainement pas une erreur de casting que de présenter aux électeurs une femme issue de la société civile. Eva Joly a montré dans ses activités professionnelles des qualités que n’ont plus les professionnels de la politique ! Pourtant une « personnalité d’envergure » n’est considéré comme tel que si les médias lui décernent ce titre. Ségolène Royal a été une construction médiatique en 2007, uniquement cela. François Hollande serait rester le caramel mou qu’il est profondément si les médias n’avait pas décrété qu’il est une alternative crédible à Sarkozy. Saluons au passage l’aveuglement des médias quand ils faisaient passer en boucle dans le champ des micros et des caméras  le négationniste du climat Claude Allègre ! La recherche de la vérité n’étouffe pas les journalistes, c’est le moins qu’on puisse dire, au MONDE comme ailleurs. À quand un article de fond analysant le peu de propositions de l’UMPS relatives à l’environnement ? L’état de l’air, des sols et des eaux semblent n’intéresser que peu nos têtes de gondole.

Il est vrai que l’écologie n’est  pas adaptée à une présidentielle qui cultive le leadership. L’écologie, c’est l’inverse du chef, tout le monde devrait être écologiste. Soyons écolo, votons Eva Joly.

* Bashing, Expression anglaise venant du verbe « to bash » signifiant « frapper » ou « cogner ». Par exemple le Québec bashing est une attitude systématique de dénigrement du Québec.

** LE MONDE  du 26-27 février 2012, « Eva bashing » : Joly contre les éditorialistes

3 réflexions sur “Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?”

  1. La publicité et l’arnaque sont de tous les temps, il suffit de contempler les enseignes des boutiques ou d’écouter les bonimenteurs sur les marchés. Car pour vivre il faut vendre et on ne peut rien vendre si l’on ne se fait pas connaître à son avantage ou si on ne pratique pas une forme de tromperie. Leur allié objectif est le pigeon, incapable de résister à ses pulsions élémentaires, et que l’on appâte en lui faisant miroiter un gain illusoire. La publicité moderne n’a fait que rationnaliser les méthodes déjà en cours sous l’antiquité et pratique la manipulation des esprits à grande échelle. L’ouvrage « Propaganda » d’Edwards Bernays, écrit en 1928, est un des premiers à en avoir codifié les méthodes. J’en recommande la lecture.
    Les méthodes sont les mêmes en politique, et les médias les utilisent bien évidemment.
    Votre article est un bon exemple de manipulation artisanale, qui ne contient aucun fait objectif et qui joue sur les sentiments et les peurs.
    Je regrette le sort réservé à Eva Joly, mais EELV et Eva Joly elle-même l’ont bien cherché, en focalisant toute leur campagne sur la peur du nucléaire et en rendant inaudible les thèmes de l’écologie.
    En fait, si EELV était véritablement animé par la défense de l’écologie, le nucléaire aurait été un thème secondaire de la campagne ( je me demande d’ailleurs de plus en plus si le nucléaire, quand on compare ses dégâts à ceux des autres sources d’énergie, n’est pas l’énergie la plus écologique de toutes!)
    Eva Joly est sans doute compétente en matière de justice (un zorro moderne?), mais pas forcément en justice sociale, et elle est nulle dans le domaine énergétique, comme tous les autres candidats d’ailleurs.Où ces gens là auraient-ils appris les lois de la physiques.
    A ce sujet, je suis supris par le très grand nombre d’écologistes qui se réclament de la nature, mais n’en connaissent pas les lois!

  2. L’écologie n’a pas à être de gauche, voilà l’erreur de casting majeur de l’écologie moderne. En acceptant de se positionner sur l’axe stérile et obsolète gauche-droite, les écologistes se sont condamnés et ont manqué de réunir le plus grand nombre autour du sujet de notre temps.

    Cette erreur de casting trouve son origine dans l’idée simpliste que tous les maux proviennent du capitalisme néolibérale. Tout cela est réducteur. C’est plus l’impérialisme, le productivisme et le natalisme de gauche comme de droite qui sont à l’origine de la plupart de nos problèmes. En puis on confond souvent les différentes sphères d’influence. S’il est vrai que le monde est néolibéral dans le sens qu’une mascarade libérale est imposée par l’empire US (un état des choses dont nos pays vassaux ont profité par opportunisme), il est aussi vrai que nos états sont indéniablement les plus socialistes du monde. Alors demander plus de partage au moment de l’effondrement de l’empire qui nous a aidé à ponctionner injustement les sous-pays sous pour partager chez nous, frise le grotesque.

    Je tiens aussi à mettre en évidence que le changement de paradigme que constituent les limites à la croissance mondiale représente un tel choc que tout le monde doit être prêt à remettre en cause sa manière de voir les choses acquise au cours de l’ancien paradigme. Depuis que je suis ado je suis fondamentalement contre le nucléaire et scandalisé que l’on n’ait pas jamais demandé l’avis du peuple sur cette technologie. Depuis que nous franchissons le pic pétrolier en faisant mine de ne pas le voir je n’arrive plus à me positionner car rajouter de la famine énergétique à de la famine énergétique pourrait tout faire basculer, ce qui serait le scénario du pire. Le problème à l’inverse est que le nucléaire peut se révéler encore plus dangereux dans une société en décroissance (cfr. URSS et Japon). Je reste a priori contre mais j’avoue ne plus y voir très clair …

    A travers la longue descente notre manière de voir les choses va être soumise à rude épreuve. De la fin de la retraite à la légalisation du cannibalisme on n’est pas au bout de nos sur-crises, surtout si on s’évertue à ne pas reconnaître ce qui se passe et que l’on s’empêche de réagir pro activement.

    Nous achetons du temps pour réduire le champ des possibles. Et oui ! Nous sommes au stade où les effets long terme de nos actes passés se font déjà tellement sentir que nos actes présents ne visent plus grand chose d’autre que le court terme. Notre vision court-termiste devient auto-réalisatrice. Nous nous inscrivons dans le pire du pire …

    1. Voici une analyse thématique du programme d’Eva Joly, « remettre la publicité à sa place » :

      La publicité prône la surconsommation, l’individualisme, l’immédiateté, l’apparence ou le gaspillage. La publicité a façonné des pans entiers de notre société, depuis la femme objet au culte de la vitesse et de l’apparence, en passant par un déséquilibre entre l’intérêt général et les lobbies. Remettre la publicité à sa place c’est la cantonner au rôle qui aurait toujours dû être le sien : rendre publique des informations. Remettre la publicité à sa place c’est affirmer que nous voulons l’expression publique de nos véritables besoins, pas notre manipulation par les marchands.

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