« Si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts. » De quoi s’agit-il ? Le slogan de la campagne 2002 avait été plus explicite : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Mais en 2011, le rapport de l’Afssaps* montre que la consommation d’antibiotiques repart à la hausse depuis 2005 en France. Pas moins de 175 millions de boîtes ont été vendues en 2009. Or, plus on utilise les antibiotiques, plus les bactéries s’y habituent et moins les antibiotiques sont efficaces. Selon l’OMS, nous allons vers une ère post-antibiotique dans laquelle de nombreuses infections courantes ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer.
Si beaucoup de médecins croient que le patient attend des médicaments, c’est parce qu’ils ont été formés au curatif au détriment du préventif, parce qu’ils ont été formatés par l’industrie pharmaceutique à prescrire le remède miracle. Une enquête de l’UFC-Que Choisir en janvier indiquait qu’un faux patient se plaignant d’un mal de gorge fictif s’était vu prescrire des antibiotiques par un médecin sur deux. Si beaucoup de patients se précipitent à la pharmacie, c’est qu’ils sont victimes de ce contexte. Achetons moins de médicaments !
Selon Serge Mongeau**, « L’approche biomécanique de la médecine officielle fractionne l’être humain, le psychisme et le corps, puis chaque fonction du corps, chaque organe et même chaque cellule. Comme toute maladie ne résulterait alors que d’un trouble biomécanique, il n’y aurait aucune raison que nous ne parvenions pas à réparer le trouble. Si le médicament ne fait pas effet, c’est qu’on n’a pas encore su trouver la bonne substance ! Les soins aux malades devraient au contraire être essentiellement destinés à renforcer les mécanismes internes d’auto-réparation. Il serait nécessaire d’apprendre :
– à faire confiance à la capacité prodigieuse d’auto-réparation de son organisme ;
– à savoir comment mobiliser ses forces pour hâter sa guérison (par l’alimentation, le repos, des contacts humains chaleureux, etc.) ;
– quand on décide de consulter un professionnel, il faudrait pouvoir le considérer comme un instrument possible qu’on n’emploiera pas forcément. »
* LeMonde du 24 juin 2011, Les antibiotiques sont encore trop systématiquement prescrits.