Fake news en génétique avec Laurent Alexandre ?

Vrai ou Faux ? Nous demandons l’avis de nos lecteurs sur le point de vue de Laurent Alexandre (qui a carte blanche au MONDE). Il écrit : « Toutes les études relativisent le rôle de l’école. La réussite et les capacités intellectuelles sont fortement dépendantes du patrimoine génétique. Partager un environnement commun (famille et éducation) n’explique qu’environ un tiers des différences cognitives. Autrement dit, l’école et la culture familiale ne pèsent pas beaucoup face au poids décisif de la génétique, qui compte pour près des deux tiers dans nos différences intellectuelles. »*

Tous vos commentaires sont les bienvenus…

* LE MONDE du 11 avril 2018, Laurent Alexandre, la génétique et les « races »

9 réflexions sur “Fake news en génétique avec Laurent Alexandre ?”

  1. L’intelligence ne dépend pas du nombre de neurones, qui est à peu près le même pour chacun d’entre nous, à peu près 86 milliards. Elle dépend de la quantité de connexions que les neurones établissent entre eux, environ 1000 à 10 000 pour chacun d’entre eux. Au total, le cerveau a une capacité de stockage d’environ un million de milliards de gigaoctets, un nombre gigantesque quand on sait qu’un ordinateur de maison dispose de 1000 gigaoctets. Le cerveau se détruit de la routine et se nourrit du changement. Il a besoin d’activités diversifiées. Il est donc toujours utile de se frotter à la difficulté. Or l’humain est un être d’habitudes qui n’aime pas le changement. L’information en continu sature notre cerveau, c’est l’infobésité, qui ramollit notre esprit. Le cerveau comprend vite en effet que l’ordinateur réfléchit à notre place, il se met donc en fonction « économie ». Utiliser fréquemment un GPS par exemple, c’est perdre le sens de l’orientation. Utiliser la voiture pour de petits trajets, c’est perdre l’usage de nos jambes. Car c’est le cerveau qui nous relie à tous nos sens. C’est la stimulation (ou non) de tous nos sens par le milieu socio-familial qui fera notre intelligence (ou notre bêtise).

  2. Halte au « fake news » génétiques. Hormis les effets délétères de certaines anomalies génétiques, la recherche n’a pas pu à ce jour identifier chez l’humain de variantes génétiques ayant indubitablement pour effet de créer, via une chaîne de causalité strictement biologique, des différences cérébrales se traduisant par des différences cognitives ou comportementales. Lorsqu’un scientifique prétend exprimer une quantification génétique de l’intelligence au nom de l’état des savoirs, il s’agit à nos yeux d’un manquement caractérisé à l’éthique scientifique. (tribune signée par 20 experts dans LE MONDE science du 25 avril 2018)

  3. Ce ne sont pas les gènes qui peuvent régenter l’univers synaptique du cerveau humain, 85 milliards de neurones et des milliers de connexions pour chacun. Notre programme ADN délimite seulement la multiplication des neurones et c’est la confrontation avec l’environnement qui va donner sa densité à nos capacités cérébrales, à notre intelligence. Les connections entre neurones se mettent en place au fur et à mesure des expériences que fait l’enfant. S’il porte tout à la bouche, c’est que c’est la première zone qui se développe dans le cortex, les terminaisons nerveuses y sont deux fois plus nombreuses qu’au bout des doigts. Nous sommes aussi des animaux qui avons trouvé sans le vouloir la bonne/mauvaise idée d’avoir un mot à la place des choses. C’est en codant à l’intérieur de notre cerveau les représentations des autres en action, en reprenant la réalité comme dans un miroir installé dans nos neurones, que nous nous comprenons mutuellement ou que nous nous faisons la guerre… La socialisation primaire faite par la famille et le milieu environnement construit notre intelligence, un bébé pygmée ou un futur suprémaciste blanc ont le même potentiel cérébral à la naissance.

  4. Le médiateur du MONDE Franck Nouchi donnait en 2016 un carton rouge à Laurent Alexandre pour son dernier pensum :
    « Laurent Alexandre réitère, sans l’étayer, l’affirmation selon laquelle « notre quotient intellectuel, in fine, n’est déterminé par notre ADN qu’à hauteur d’un peu moins des deux tiers ; le tiers restant étant lié à l’école, la stimulation familiale, l’environnement et l’alimentation» ». (LE MONDE du 6 février 2016, carte blanche et carton jaune)
    De 2016 à 2018, Laurent Alexandre répète les même bêtises…

  5. Laurent Alexandre termine son article sur des considérations qui semblent aller à l’encontre d’un déterminisme génétique de l’intelligence : « La génétique doit être prudente : elle a été instrumentalisée pour justifier les pires folies raciales comme la Shoah ou des opinions conservatrices et coloniales. En 1925, des hommes de gauche, unanimement respectés aujourd’hui, parlaient encore des races supérieures et inférieures, tel Léon Blum à la Chambre. La génétique ne peut pas prendre le risque de cautionner une idéologie inégalitaire. A titre personnel, je suis farouchement opposé à l’ouverture de cette boîte de Pandore : exceptionnellement, les savants doivent faire passer la vérité scientifique après le principe philosophique fondamental de l’égalité de tous les groupes d’hommes. »
    En clair, la dernière phrase veut dire que pour faire plaisir à la pensée dominante, on doit dire qu’il y a égalité même si la science démontre le contraire. Laurent Alexandre fait des articles souvent ahurissants de mauvaise foi… génétique. Mais il est obligé de prendre quelques précautions pour ne pas se faire traiter de raciste !

  6. Ce que je peux déjà dire sans me mouiller, c’est que si « l’école et la culture familiale ne pèsent pas beaucoup face au poids décisif de la génétique, qui compte pour près des deux tiers dans nos différences intellectuelles » … alors elles pèsent pour un tiers. Et un tiers ce n’est pas rien, c’est toujours ça.
    Maintenant si on me demande de développer davantage… et tant qu’à faire de me prononcer pour dire si ce résultat 2/3 vs 1/3 est vrai ou faux… alors je réponds que mon avis (mon petit point de vue) ne vaut pas grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Et pour cause, n’étant pas généticien, comment pourrais-je sérieusement juger de ce que raconte là cet urologue de formation ?
    C’est exactement comme lorsque Janconvici (spécialiste en énergie) nous raconte ce qu’il faut penser des déchets nucléaires : « on fait un trou à 450 m de profondeur, on les y fout dedans et on les oublie. Terminé, le problème est réglé ! »
    https://www.youtube.com/watch?v=Fp6aJZQldFs
    Mais comme j’aime bien botter en touche, je répondrais un peu comme Didier Barthès ; qu’on nous dise d’abord ce qu’est l’intelligence.

  7. Didier Barthès

    Le problème est bien compliqué parce que l’intelligence est une chose multiforme et bien difficile à mesurer, on peut donner plus de poids à tel ou tel aptitude et en tirer des conclusions différentes.

    D’autre part, l’intelligence effective résulte de l’intrication très subtile entre ces phénomènes d’origine génétique et d’origines liées à l’apprentissage (au sens le plus général), ce n’est pas une simple multiplication où le résultat serait le seul produit des facteurs. Il est de ce fait impossible d’attribuer à l’un ou l’autre des facteur un pourcentage d’importance (comment le mesurerions-nous d’ailleurs?)

    Le problème pose encore d’autres difficultés, la confusion entre l’intelligence globale de l’espèce mesurée à l’efficacité de son comportement collectif (et donc à la durabilité de l’espèce) et la capacités d’abstraction des individus et de certains individus. Le même mot d’intelligence est utilisé pour deux concepts bien différents. Si l’on se fixe sur le premier sens alors bien des animaux sont plus intelligents que nous puisque que concrètement leur espèce dure depuis bien plus longtemps. Sur le second par contre, nous sommes champions (encore que les qualités générées par le second sens du mot puisse à terme largement compromettre le résultat du premier, notre intelligence a donné notre technologie qui pourrait largement raccourcir notre durabilité sur la planète)

    Il s’ajoute aussi le caractère politique du débat :les gens de gauche refusent de donner la prééminence au facteur génétique, les gens de droite sont supposés faire le contraire. Cet a priori complique les discussions.

    Sur le plan génétique une chose me semble toutefois inquiétante, il n’y a plus aucune pression sélective en ce sens, être intellectuellement doué (quel qu’en soit le domaine, abstraction, habileté, art…) ne conduit en rien à avoir une descendance plus nombreuses. Cela à terme peut conduire à un problème pour notre espèce qui s’est construire sur le fait qu’au contraire, sur le long terme et en moyenne, les individus les plus doués avaient un léger avantage reproductif.

  8. Extrait de la fiche wikipedia du transonaniste – raccourci évocateur – de service :
    Fils de dentistes et frère d’une psychiatre, Laurent Alexandre est un chirurgien et urologue de formation.
    C’est clair, il avait les gènes médicaux.
    PS: quand ils l’auront, leur immortalité, ils feront quoi? Attendre avec angoisse que l’entropie ait submergé l’Univers, ou caresseront-ils le projet faustien de changer les lois de la physique? Carpe diem, pépère, ça t’évitera les ulcères…
    PPS: il existe pourtant depuis plus de deux mille ans un antidote à leurs terreurs nocturnes: la lettre à Ménécée.

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