La deuxième partie du XXe siècle est une grande période de remaniement de l’alimentation humaine. Le langage courant en rend compte : en 1900 on gagne son pain avec son travail, vers 1950 on fait son beurre, vers 1970-80 on défend son bifteck, en 2000 il n’y a plus de référence à l’alimentation : on gagne tout simplement de l’argent. L’alimentation ne compte plus en tant que repère de base. Ce livre fait donc le point sur les dérives et conséquences néfastes de nos modes alimentaires : importations frauduleuses, intoxications alimentaires, risque de maladies cardio-vasculaires et de certains cancers, énormes gaspillages d’eau et de terre, contribution à la déforestation et à l’effet de serre…
Dans un contexte d’inculture nutritionnelle grandissante, ce livre est surtout important car il nous donne des connaissances précieuses sur le contenu de nos assiettes. Le passage du « fait maison » au tout industriel a un effet pervers majeur : le consommateur ne sait plus ce qu’il mange et comment sont faits les plats qu’il ingère. Par exemple nous devrions tous connaître le raffinage. Il s’agit d’un ensemble d’opérations physiques et chimiques permettant d’obtenir un produit très stable, facile à conserver et de qualités gustatives reproductibles. Mais pour obtenir ce résultat, très pratique pour les industriels, on n’hésite pas à faire perdre au produit une partie de ses protéines et surtout une majorité de ses minéraux, vitamines, fibres et substance bioactives. C’est le triomphe du pain blanc et des viennoiseries, ou des soi-disant céréales au petit-déjeuner.
Le film de Morgan Spurlock, Super Size Me, devrait être projeté dans toutes les écoles. Le réalisateur, homme jeune, bien portant et sportif, décide de manger exclusivement pendant un mois les repas fabriqués par un fast food. De plus il arrête le sport. De semaine en semaine la dégradation de la santé s’installe ainsi que la prise de poids. Morgan Spurlock mettra six mois pour retrouver son état de bonne santé antérieur. C’est toute une culture agroalimentaire qui est en cause.
Ce livre « Faut-il être végétarien ? » laisse pourtant à chacun sa liberté : « Une dominante végétale n’est pas synonyme de suppression de la viande, et il faut redécouvrir les plats traditionnels dan lesquels la viande, au lieu d’être l’ingrédient principal, est un complément d’une base végétale…. Mentionnons le couscous, paella, pizza, riz cantonais, pot-au-feu, potées de toutes sortes, petit salé aux lentilles (jadis appelé lentilles au petit salé !) » Quelques recettes viennent éveiller les sens à autre chose que la viande.
(Terre vivante, 154 pages, 14 euros)