Si vous avez une sensibilité écolo, faut-il ou non participer aux primaires socialistes ? Constatons d’abord que nous sommes dans une optique de concurrence, certainement pas de coopération. Quelques rares responsables du PS, par exemple au sein de son pôle écologique, oeuvrent pour que l’écologie ne soit plus sous-traitée aux Verts, pour que le PS prenne en compte directement l’écologie : exit la synergie entre partis. De toute façon le courant écolo au sein du PS est aujourd’hui moribond, après avoir fait seulement 1,58 % des voix au dernier congrès : le PS ne peut pas être un parti écologisé dans l’état actuel de la mentalité de ses militants. D’autant plus qu’une analyse comparative d’Aubry, Hollande, Montebourg, Royal et Valls montre qu’aucun de ces candidats à la présidentielle ne porte les valeurs de l’écologie politique. Au PS, personne ne milite aujourd’hui pour un rapprochement avec EELV, type « Union de la gauche ». Nous avons seulement la promesse d’un « contrat » qui se résumera à des négociations occultes pour octroyer quelques sièges aux législatives (comme cela a été fait pour le sénat). On ne peut pas bâtir un programme commun de gouvernement entre les deux tours de la présidentielle !
Plus fondamentalement, quand vous avez participé aux primaires écologistes qui ont désigné Eva Joly, vous vous engagez logiquement à soutenir cette candidate dès le premier tour. Réciproquement, quand vous participez aux primaires socialistes, vous ne vous engagez pas simplement en faveur des valeurs de « la gauche », mais pour un prétendant socialo-socialiste à la présidentielle. Si les écolos ne sont pas clairs dans leur soutien à la candidate de l’écologie politique, comment voudriez-vous que d’autres sensibilités écologistes les rejoignent. L’écologie politique, en présentant sans cesse depuis 1974 un candidat à la présidentielle, ne veut pas faire de la figuration : l’écologie politique veut vraiment aller au second tour pour que la société française devienne une société écologisée. C’est son objectif, c’est sa tâche historique.
Enfin, dans le détail des procédures de la primaire socialiste, rien n’est fait pour que les écologistes se sentent concernés :
– Tous les citoyens inscrits sur les listes électorales peuvent participer au scrutin. Mais les primaires « citoyennes » ne sont en fait que des primaires « socialistes » pour désigner un ou une socialiste comme président(e) de la république. C’est un scrutin en apparence ouvert à tous, mais en réalité fermé. Si une primaire citoyenne avait concerné tout le peuple de gauche, on aurait pu y voter aussi bien pour le PS, le PCF ou EELV. Le partage des postes de députés aurait été tranché à la proportionnelle par les électeurs. Un programme commun aurait pu être établi avant mai 2012. Mais le PS n’a pas choisi l’Union de la gauche pour cette primaire, il a choisi le repli sectaire, misant sur « le vote utile » en sa faveur.
– Le jour du vote aux primaires « citoyennes », les votants devront, avant de prendre leurs bulletins de vote signer un engagement de reconnaissance dans les valeurs de la gauche : « Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire. » Mais ce ne sont pas les valeurs « de la gauche », ce sont les valeurs de la République française, à savoir liberté, égalité, fraternité…que tous les citoyens se doivent de défendre : même un membre de l’UMP pourrait signer un tel engagement. De toute façon l’écologie politique transcende les notions de gauche et de droite, elle ne fait pas de distinction entre les citoyens, tout le monde est concerné pour gérer au mieux notre maison commune la Terre…