fin de la DIT

La division internationale du travail (le libre-échange) repose sur des hypothèses fantaisistes qui font qu’il serait préférable que le Portugal se spécialise dans la production de vin et l’Angleterre de drap, « là où son avantage comparatif est le meilleur ». L’échange international reposerait donc sur le déplacement lointain de marchandises différentes. Cela fait longtemps que cette fable n’a plus court, des automobilistes français préfèrent les voitures allemandes et réciproquement. J’adore aussi cette remarque de Pierre Rabhi : « Un camion de tomates a quitté la Hollande pour l’Espagne. Dans le même temps, un camion de tomates quittait l’Espagne pour la Hollande. Ils se sont percutés à mi-chemin, dans la vallée du Rhône. On est, loi du marché oblige, en pleine chorégraphie de l’absurde. » Tant que cette DIT ne profitait qu’à l’ensemble des pays riches, on persévérait dans la logique de l’absurde. Mais la donne a changé.

C’est la Chine qui sonne un douloureux réveil pour nos économistes libéraux. Non seulement cette puissance démographique est devenu l’atelier du monde (la classe globale a besoin d’une main d’œuvre bon marché), mais elle remonte les filières et  peut produire à la chaîne non seulement des ingénieurs, mais les produits technologiques les plus sophistiqués qui vont avec. Ainsi dans LeMonde du 8 septembre, cette probable entrée de la Chine dans le capital du groupe nucléaire Areva. Et dans le même numéro, cette main mise de la Chine sur l’ensemble des ressources terrestres, sachant que ce pays détient déjà quelque 95 % de la production mondiale de minerais rares, essentiel dans la high-tech.

Alors les riches vont à nouveau inventer le protectionnisme protecteur et le patriotisme économique : taxe carbone aux frontières et quotas d’importation. Mais cela voudra dire que le portable et la télé grand-écran ne seront plus à la portée de tout un chacun. Deux solutions : soit les plus riches gardent leur filière d’approvisionnement et les inégalités s’accroissent davantage, soit une égalisation drastique des revenus fait en sorte que même la microsphère des riches s’aligne sur la norme commune, une seule télévision et un seul téléphone par village ou par quartier. Tout indique que la rétraction des échanges internationaux s’accompagnera d’une autonomie des territoires poussés à la sobriété heureuse. La biosphère commencera à respirer, merci la Chine.

4 réflexions sur “fin de la DIT”

  1. « sobriété heureuse ? » Même Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie est d’accord, il nous faut changer de valeurs :

    « Notre génération sera la première à porter la charge d’un changement de modèle de société, en profonde rupture avec l’éducation que nous avons reçue. L’humanité a le choix de sa régression ou de son développement face à la crise écologique. Sommes-nous certains que le progrès est linéaire ? Certaines grandes civilisations ont disparu faute d’avoir pris en compte les limites de la nature. Certains politiques ex-scientifiques (ndlr, allusion à Claude Allègre) prônent le 100 % technologie. C’est une impasse. Chaque nouvelle technologie induit des changements dans nos sociétés. Certaines ne sont pas acceptées, souvent faute de prouver leur intérêt, comme les OGM aujourd’hui.

    La réponse à la crise écologique se trouve dans le changement profond de nos valeurs. » (Le Monde du 8 septembre)

  2. « sobriété heureuse ? » Même Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie est d’accord, il nous faut changer de valeurs :

    « Notre génération sera la première à porter la charge d’un changement de modèle de société, en profonde rupture avec l’éducation que nous avons reçue. L’humanité a le choix de sa régression ou de son développement face à la crise écologique. Sommes-nous certains que le progrès est linéaire ? Certaines grandes civilisations ont disparu faute d’avoir pris en compte les limites de la nature. Certains politiques ex-scientifiques (ndlr, allusion à Claude Allègre) prônent le 100 % technologie. C’est une impasse. Chaque nouvelle technologie induit des changements dans nos sociétés. Certaines ne sont pas acceptées, souvent faute de prouver leur intérêt, comme les OGM aujourd’hui.

    La réponse à la crise écologique se trouve dans le changement profond de nos valeurs. » (Le Monde du 8 septembre)

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