Fin de vie. Les élucubrations d’une juriste

La mise en pratique de « l’aide active à mourir » était voulue par 76 % des participants à la convention citoyenne sur la fin de vie. Ce changement de paradigme est dur à avaler pour certains, mais en démocratie ce qui compte ce n’est pas le pouvoir des religieux, des politiques, des soignants ou des juristes, c’est la libre volonté des patients…

Marie Grosset, juriste : « Si chaque individu est « libre » de mettre fin à sa vie, ce geste n’est cependant ni un droit ni une liberté au sens juridique du terme. Le code pénal sanctionne pour non-assistance à personne en danger celui qui n’aurait pas tenté de sauver une personne confrontée à un péril imminent. Les acteurs du soin engagent leur responsabilité pénale lorsqu’ils manquent à leurs obligations de surveillance et que le patient hospitalisé dont ils ont la charge met fin à ses jours. Ce corpus de règles témoigne de deux valeurs essentielles qui fondent notre contrat social et irriguent tout le droit : le caractère primordial de la vie et le devoir de solidarité. Si la loi devait dorénavant garantir à l’individu la liberté de se suicider, ressurgira alors le débat pourtant clos depuis l’abolition de la peine de mort, de la valeur relative ou absolue de la vie. Pour apprécier le plus finement possible le caractère libre de la demande d’aide au suicide, le législateur renverra sans doute aux experts médicaux le soin d’évaluer le degré d’autonomie de la volonté du demandeur.

Sommes-nous prêts à plonger dans l’obscurité des âmes pour y déceler un souhait libre de mourir ? Au chevet du malade s’inviteront les avocats, les juges et les experts, et parfois même la presse. Supprimer les bornes claires qui fondent notre contrat social pourrait se révéler coûteux et déstabilisant pour la société à moyen et long terme. »

Pour une vie digne d’être vécu,

quelques commentaires sur le monde.fr

Emma : Rien ne me convainc dans cet argumentaire. Sous couvert de subtilité juridique, de lucidité sur les « risques » et de désir de poser à la « belle âme », on retrouve le même vieux fond conservateur hérité du catholicisme, qui a déjà contribué aux retards français en matière de droit à la contraception, à l’avortement, au mariage homosexuel, à la dépénalisation des drogues douces. Quand ces gens comprendront-ils que le temps des notables réacs qui imposent leurs valeurs à toute la société, c’est fini – ou du moins ça devrait l’être ?

Amadis : On plaidera la mauvaise foi, à défaut de l’ignorance, puisqu’elle est juriste en bioéthique. Elle oublie ainsi de mentionner que la CEDH considère « que le droit d’un individu de décider de quelle manière et à quel moment sa vie doit prendre fin, à condition qu’il soit en mesure de former librement sa volonté à ce propos et d’agir en conséquence, est l’un des aspects du droit au respect de sa vie privée ».

Michel SOURROUILLE : « Le caractère primordial de la vie » est le fondement idéologique de la pensée de Marie Grosset. Cela veut dire, si cette dame était consciente de la portée de sa phase, qu’elle est contre l’interruption volontaire de grossesse (avec les religieux pro-life), contre les armées qui s’octroient le droit de tuer (même des civils), contre les polices qui font usage de leurs armes pour se défendre, contre la liberté absolue de l’individu de se suicider, liberté que personne ne peut empêcher de se concrétiser : même en prison, on se suicide. Cette « juriste » est plutôt le faux nez des tenants jusqu’au boutisme des soins palliatifs et du précepte divin « Tu ne tueras point » .

chary21 : après les religieux, certains soignants, voilà une juriste qui veut décider pour les autres dans un choix de fin de vie qui n’appartient qu’à la personne…

Gramoune : Mme Grosset réagit en « juriste », c’est-à-dire se focalise sur des arguties de lois, donc pour le commun des mortels, sur des mots, des virgules.. donc ce qui n’a rien à voir avec la RÉALITÉ de la vie, ou de la fin de vie. Donc, à mon avis, un article complètement à côté des personnes concernées.

MEKEDA : Après les médecins réacs et les religieux, les juristes s’y mettent. La demande de l’accès à un suicide légal moins barbare que nos méthodes artisanales actuelles sous le recours coûteux à l’étranger est une garantie de liberté. Personne n’est obligé d’y avoir recours. Le corps médical a eu le droit de prolonger la vie de manière très notable et souvent déraisonnable, pas toujours avec le plein accord des patients d’ailleurs. Je ne vois pas pourquoi leur bricolage de la vie serait plus éthique qu’une sortie volontaire. La France compte une population notable de grands vieillards, le sort qui leur est réservé dans les EHPAD ressemblent bien souvent à une transformation en semi légume, à prix d’or. Il faudrait vraiment regarder les choses en face et s’accorder sur la définition d’une vie digne et autonome et le droit d’en sortir de même manière et faire cesser l’hypocrisie ambiante.

Fer : De nombreux pays ont avancé dans le domaine. La France, pas du tout. Et ce genre de tribune, qui pose de vrai et de faux problèmes, ne fait que ralentir les choses…

Épi-Logos : Elle dit n’importe quoi comme prouve le fait que aux endroits (aux Pays) ou on l’à accepté (l’aide active a mourir) il ne se passe rien de toutes les risques quelle imagine. Et d’ailleurs si je vois quelqu’un se suicider je ne l’empercherait pas. De quel droit empêcher d’aider celui qui veut se suicider… Ou mourir.

Benkium : Il serait tout de même préférable qu’un cadre légal permette à ceux qui le souhaitent se suicider. L’absence de cadre pose des problèmes : retards de transports liés à ceux qui se suicident en se laissant déchiqueter, nombre de traumatismes psychologiques pour ceux qui sont témoins de telles scènes. S’il était légal pour chacun de pouvoir se rendre dans un centre spécialisé pour demander un traitement lui permettant de se suicider, cela éviterait nombre de conséquences néfastes, et faciliterait le travail médico-légal. Au nom de quoi, dans un Etat qui prétend que la liberté est une valeur fondamentale, peut-on juger du bien fondé ou non des intentions d’un individu à vouloir se suicider ?

Mamapasta : à une époque ou l’on parle de consentement , il n’existe pas de loi qui oblige à respecter l’opinion de celui qui ne veut absolument pas consentir à ce qu’on le maintienne artificiellement en vie.

Marianne : Et donc, on fait quoi ??? Comme pour les avortements avant la Loi Simone Veil, les plus fortunés iront en Hollande, en Belgique, en Suisse etc, et les plus pauvres pourront crever dans des mouroirs, appelés EPHAD pour certains, unité de soins palliatifs pour d’autres…

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Fin de vie, Emmanuel Macron procrastine

extraits : Le pape ne se pas fait prier pour donner son avis sur l’euthanasie: « On ne joue pas avec la vie ! On ne joue pas avec la vie, ni au début ni à la fin… Aujourd’hui, soyons attentifs aux colonisations idéologiques qui vont à l’encontre de la vie humaine. Sinon ça finira avec cette politique de la non-douleur, une euthanasie humaniste. » De son côté le chef de l’État français, aux prises avec des interrogations personnelles et des considérations politiques, hésite, hésite, hésite (30 septembre 2023)…

12 réflexions sur “Fin de vie. Les élucubrations d’une juriste”

  1. « La mise en pratique de « l’aide active à mourir » était voulue par 76 % des participants à la convention citoyenne sur la fin de vie. Ce changement de paradigme est dur à avaler pour certains, mais en démocratie ce qui compte ce n’est pas le pouvoir des religieux, des politiques, des soignants ou des juristes, c’est la libre volonté des patients… »

    Et oui, ces 76% ont bien raison ! Et il faut respecter la démocratie ! Mon corps m’appartient à moi seul et je dois être le seul arbitre concernant les décisions concernant mon propre corps, y compris pour le recours à l’euthanasie ! Ma volonté d’y recourir ne regarde absolument pas les religieux, les politiques les soignants et les juristes, et ils n’ont pas à faire obstacle pour m’en empêcher !

    1. De toute façon l’économie sera le grand vainqueur du droit à l’euthanasie ! La France avec 3000 milliards de dettes et 7 à 8000 milliards de dettes cachées sous le tapis des hors bilan, avec en parallèle soit les taux d’intérêt qui augmentent ou alors la monnaie qui perd de son pouvoir d’achat avec les abus de Quantitative easing, autant dire que les gouvernements UmPs n’auront bientôt plus un kopek pour financer le fonctionnement des hôpitaux, d’autant que la crise énergétique s’invitera dans ce débat ! Tous ces religieux, politiciens, soignants et juristes perdront ! Ils ne pourront pas empêcher cette réforme, d’autant que ces vieux conservateurs ne vivront jamais assez longtemps pour s’y opposer durablement, puisque de plus en plus de jeunes approuvent l’euthanasie ! Et un jour ces jeunes seront plus nombreux au pouvoir que ces vieux conservateurs !

    2. Un autre détail mais de taille puisque le diable est dans les détails ! En effet, il est à noter que sur la pyramide des âges les générations 60, 70 et 80 sont beaucoup plus nombreuses que les générations 30,40 et 50 ! Or déjà que dans les Ephad il n’y a déjà pas assez de places pour accueillir toutes les personnes des générations 30/40/50 qui en auraient besoin alors autant dire que ça va être encore plus compliqué d’accueillir toutes les personnes issues des génération 60/70/80 ! Surtout avec moins de moins de moyens financiers et énergétiques ainsi qu’en main d’œuvres pour cotiser afin d’assurer les pensions de retraites et les soins médicaux ! Surtout que chez les retraités les soins médicaux coûtent encore plus chers que les pensions de retraites !

    3. Alors effectivement à partir de là il n’est pas difficile de déduire que les gouvernements n’auront pas d’autre choix que de recourir à l’euthanasie ! Économiquement parlant les gouvernements galèrent déjà à financer les retraites et les soins médicaux des années 30/40/50, pourtant nous sommes encore sous abondance énergétique, mais avec déjà des dettes qui plombent notre économie. Alors franchement, je ne sais pas comment les opposants à l’euthanasie comptent faire techniquement matériellement et financièrement pour nous sortir de notre situation sans recourir à l’euthanasie ? Je parie tout ce que vous voulez qu’aucun d’entre eux ne répondra sérieusement à ma question, hormis nous bassiner avec LEUR moral ! Moral qui ne pourront pas appliquer faute de moyen ! D’où mon affirmation déductive pour dire que l’économie sera le grand vainqueur du droit à l’euthanasie !

      1. Démocratie, économie, dettes, financement des retraites, et des maisons de retraites etc. Comme si ce projet de loi avait quelque chose à voir avec ça, du moins aujourd’hui.
        Bref, mélange des genres habituels. Mais attention, là derrière il y a un point de vue qu’il ne faut pas sous-estimer. Tout ça pour finalement nous dire qu’il y a trop de vieux, et que le Plan 75 (film réalisé par Chie Hayakawa sorti en 2022) sortira vainqueur.
        C’est en effet un point de vue. Un point de vue misérable !

  2. « élucubrations » ? Je pense de suite à celles d’Antoine, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. L’emploi de ce mot est révélateur du parti pris de son auteur.
    Alors comme ça… en plus des papes et des curés (religieux) les juristes non plus n’auraient rien à dire ? Pas plus que l’éthique et la morale, du moins ce qu’il en reste. Seule l’Opinion (le fameux ON, la girouette en haut des clochers) serait à con sidérer…
    Elle seule incarnerait le Bon Sens… la Justice, si ce n’est la Vérité… ?
    Ah non bien sûr ! Faut pas oublier « la libre volonté des patients » !

    Hier, 16 NOVEMBRE 2023 À 19:04 sur l’article précédent, je posais une question. Si… pour telle ou telle raison… je décidais (parce que je le veau bien) de me faire greffer belle paire d’oreilles d’âne… devrais-je alors exiger de l’Etat qu’il légifère dans ce sens ? ( à suivre )

    1. La libre volonté des patients … qui sont devenus des clients … qui sont libres comme le sont les prisonniers de la Caverne (de Platon) … la bonne blague !
      En attendant (une réponse à ma question, à la con) et puisqu’ON s’appuie (ou se planque) là derrière cette fumeuse démocratie (qui n’en a que le nom), je rappelle encore une fois que la Convention citoyenne demandait le développement des soins palliatifs, que TOUTES et TOUS puissent y avoir accès etc. Et que la quasi totalité (voire totalité) des membres étaient d’accord sur ce point. Alors, une chose après l’autre non ?

  3. « Le code pénal sanctionne pour non-assistance à personne en danger celui qui n’aurait pas tenté de sauver une personne confrontée à un péril imminent. »
    L’état veut empêcher le suicide non par principe social mais par principes chrétiens. « La vie est sacré ».
    En tant que biologiste, la vie est l’aboutissement de processus chimiques et physiologiques pour les multicellulaires et cela doit être respecté en tant que tel car nous ne maîtrisons pas ce processus et chaque organisme doit pouvoir suivre son parcours de vie librement.
    Le suicide est donc seulement une question d’ordre moral et sociétal.
    La morale (laïque car il faut se définir par rapport au référent religieux) définit ce qui est bon pour la société humaine. C’est une façon d’agir pour la survie du groupe.
    Aujourd’hui, l’individualisme libère de ces contraintes sociétales et le suicide devient un droit moral individuel. Qui a le droit de juger mon libre arbitre?

    1. C’est bien ce que je dis. Si… j’ai envie de me faire greffer une paire d’oreilles d’âne, ou une bite de cheval, et me faire piercer et tatouer de la tête aux pieds… eh ben je ne vois aucune bonne raison que quiconque s’y oppose et encore moins me l’interdise.
      C’est Mon Droit, c’est Mon Choix, ça ne regarde que Moi, parce que mon corps m’appartient, et que je le veau bien, et patati et patata !
      Et puis j’interdis à quiconque de me juger ! Juger c’est pas bien !

      PS : C’est du second degré bien sûr. Un cri du cœur comme dirait Biosphère. 🙂

  4. 14 mois se sont écoulés depuis le lancement du débat sur la fin de vie par Emmanuel Macron. Le flou persiste toujours sur le contenu et le calendrier du projet de loi, qui devait être initialement finalisé à la fin de l’été !
    Reste la grande inconnue : la méthode d’adoption du futur projet de loi. Référendum ? Parlement ? En fait une nouvelle idée de Macron chasse la précédente, et rien ne se fait. C’est à désespérer de ce jeune mec.

    1. Maquerelle avance masqué, tous ces débats ne l’intéresse pas, il gagne du temps politique et médiatique pour faire avancer ses objectifs de la haute finance, les emprunts astronomiques fait par l’Europe aux banquiers américains , les approvisionnements en gaz américains par bateaux, et l’imposition des français pour financer les remboursements et accroître notre dépendance à la finance américaine.

  5. Quelle prétention à connaître la vérité, à tout amalgamer et à tout mettre sur le dos des chrétiens, cette Emma est une véritable caricature.
    Qu’elle aille dans les sociétés non chrétiennes et qu’elle voie ce qu’y sont les droits de l’homme, la suffisance de certains athées qui se croient détenteurs de toute morale est insupportable

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