Extraordinaire, LE MONDE* commence à se poser la question de la fin du pétrole : « Les « super-majors » occidentales Exxon, Shell, BP, Chevron et Total ne sont pas sur la paille. A elles cinq, ont engrangé 62 milliards de dollars de bénéfice net en six mois. Mais les bénéfices semestriels ont reculé de 20 % chez Total, de 23 % chez Shell, de 35 % chez Exxon. Shell ne tiendra pas son objectif de porter sa production de 3 millions de barils par jour actuellement à 4 millions en 2017. Ses comptes seront aussi amputés de 2,1 milliards de dollars en raison de forages décevants dans le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Les justifications diverses des mécomptes de l’industrie pétrolière ne sont que conjoncturelles : difficultés dans les raffineries américaines, des troubles au Nigeria, etc. Le problème paraît plus profond. La demande mondiale pour leurs produits progresse de 1 % en moyenne. Mais les majors ont de plus en plus de mal à trouver et produire autant de pétrole qu’elles le voudraient. Les gisements faciles et peu coûteux à exploiter, comme ceux du Moyen-Orient, les compagnies d’Etat de ces pays se les gardent pour elles. Exxon, BP et les autres doivent donc s’aventurer toujours plus loin, tenter des projets toujours plus complexes, par exemple dans l’offshore ultra-profond ou la liquéfaction de gaz. Les coûts de production des grands pétroliers montent en flèche. La facture en Alberta pour les sables bitumineux a dépassé le devis de 60 %. »
Dépenser plus pour produire moins, les majors ne pourront pas sortir de cette équation. Le pic du pétrole conventionnel est passé depuis plusieurs années, les consommateurs ne s’en rendent pas suffisamment compte à la pompe. La civilisation thermo-industrielle est au bord de l’effondrement, les politiques ne font rien pour préparer l’après-pétrole. Engranger des milliards de dollars sur des ressources fossiles non renouvelables qui ont mis des millions d’années pour se constituer était un vol manifeste. Rouler en voiture individuelle n’aurait jamais du être autorisé. Malheureusement la nature ne peut défendre ses richesses de la rapacité humaine. Elle se contente de dire seulement indirectement par les chocs pétroliers et le réchauffement climatique que les humains ont exagéré et qu’ils vont en payer le prix. Notre réveil sera brutal quand les compagnies pétrolières seront proche de la faillite !
* LE MONDE du 4-5 août 2013, L’avenir compliqué des « super-majors » du pétrole
Un jour, il faudra bien que non seulement « Le Monde » mais aussi les commentateurs des questions énergétiques s’intéressent à la fin du charbon.
http://energeia.voila.net/fossile/charbon_declin.htm
Certes, ce n’est pas pour demain, mais le déclin de sa production va commencer dans une vingtaine d’années.
Ce n’est pas trop tard pour se préoccuper de la fin inéluctable de toutes les énergies fossiles et aussi fissile.
Sur le charbon, nous avons donné sur ce blog la parole à un spécialiste de l’énergie, Bernard Durand :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/04/27/les-dangers-du-charbon-13/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/04/27/les-dangers-du-charbon-23/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/04/27/les-dangers-du-charbon-33/
Ce qui probablement marquera les historiens des 22 et 23 ème siècle (si les sociétés sont encore assez riches pour se payer des historiens) ce sera l’extraordinaire aveuglement de notre époque. La fin des énergie fossiles est inéluctable, elle est devant nous et nous faisons tout pour l’ignorer, pour promouvoir la croissance et pour accélérer quand le mur se profile. Nul doute que cela donnera lieu à commentaires et interprétations de tous ordre sur la nature de la conscience collective de l’humanité.