La formation n’existe pas au PS. Le nouvel arrivant doit se contenter généralement d’une présentation devant la section, nom-prénom, un peu plus s’il est bavard, point final. Il y a bien entendu une « formation des cadres », appelée «Université permanente ». J’ai suivi cette formation : il n’y a aucun débat d’idées, aucun point de repères enseigné ; on apprend à prendre la parole, on suit les bavardages pontifiants de nos leaders lors de l’université d’été à La Rochelle, point final. On réalise à la fin un mémoire qui n’est même pas archivé. A Paris rue Solferino, siège du PS, on s’en fout de la production des militants. C’est ça la démocratie, dans un parti de cadres ! Pourtant j’avais réalisé une somme sur « marxisme et écologisme », mais ça n’intéressait personne. De toute façon le PS n’a aucune idéologie à enseigner, il ne se rappelle même plus qu’il a été SFIO (section française de l’internationale ouvrière), il ne sait plus le langage marxiste de la plus-value, il a la cohérence doctrinale de la droite, marché, libre-échange, concurrence et compétitivité. Pour les socio-démocrates, c’est la croissance économique qui doit permettre les avancées sociales, l’enjeu écologique reste ignoré. Aubry, Hollande et Strauss-Kahn ne peuvent me contredire, ils tiennent le même discours.
La seule fois où j’ai abandonné ma tâche d’écologiste, ce fut à mon détriment en 2006-2007, pour soutenir un candidat « parachuté » en Charente. Malek Boutih, désigné par le national au titre des minorités visibles, me paraissait une personnalité valable. Mal m’en a pris, le conseil fédéral unanime était contre un socialiste venu d’ailleurs, donc contre moi. Le député sortant, comme un prince en son fief, voulait en effet que soit désignée sa propre candidate à sa succession. Le secrétaire fédéral était aussi l’attaché parlementaire de ce député sortant : conflit d’intérêts, ça facilite l’abus de pouvoir ! Le bureau fédéral était devenu une annexe du Front national, on m’a même demandé si j’étais bien issu de Charente. J’ai été destitué de ma responsabilité de fédéral à l’environnement, on ne me convoquait plus (en toute illégalité) aux réunions du bureau fédéral… Dans ce parti, la lutte pour le pouvoir est beaucoup plus importante que la lutte pour les idées. Et on préfère exclure plutôt que discuter avec les dissidents ! Encarté au PS, écarté par les instances socialistes locales, j’ai continué à militer dans les instances nationales dédiées à l’écologie.
La commission nationale environnement a cela de particulier qu’on est bien obligé d’y parler environnement même si on est au PS. Mais ce n’est pas rare d’avoir un membre du CEA ou un délégué d’Areva ou un militant pro-OGM à côté de soi. On ne doit pas dire du mal du nucléaire. Ni des OGM. Ni du progrès technique. De toute façon cette instance n’est même pas consultative, on s’y réunit pour se réunir. Nous faisions un tour de table, on papotait sur l’actualité, on recevait de moins en moins souvent le compte-rendu. Nous avions reçu des associatifs comme les représentants de Greenpeace ou de WWF. On pouvait faire un lien durable avec les associations environnementalistes. J’ai demandé, on n’a rien fait. Nous parlions à une époque malthusianisme. Rien n’en est ressorti. C’est pourquoi au fil des années l’assistance s’est faite de plus en plus clairsemée, jusqu’à ce que cette commission se résume en 2011 à sa secrétaire nationale, Laurence Rossignol. L’essentiel du travail veut se faire au niveau des apparatchiks, qui se réunissent pour discuter de leurs désaccords. Le culte des ego, dira la presse. Heureusement, le pôle écologique du PS a servi de substitut à la CNE pour satisfaire ma soif d’avancée environnementaliste. (à suivre)
NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI