Selon le PS, il suffit d’un peu plus de croissance…

Lors d’un colloque à l’Assemblé nationale que j’avais organisé en 2011 sur le pic pétrolier, les intervenants se succèdent et illustrent mon discours. Le géologue Bernard Durand montre ses inquiétudes : « Le Pic Pétrolier (Peak Oil) mondial, c’est-à-dire le moment où les quantités de pétrole disponibles à la consommation à l’échelle mondiale vont atteindre leur maximum possible, va avoir lieu incessamment. L’offre globale de pétrole va ensuite diminuer, et les quantités de pétrole disponibles par habitant de la planète diminueront plus vite encore. » L’expert Jean-Marc Jancovici a été incisif : « Les parlementaires n’ont pas conscience de l’urgence du problème pétrolier, donc ils ne viennent pas s’informer, donc ils n’ont pas conscience du problème ! » Le député Yves Cochet confirme : « Le gap, le fossé entre ceux qui voient le pic pétrolier et les autres est immense. Mais quand demain nous ne saurons pas si nous aurons ou non de l’eau potable et si nous aurons à manger pour nos enfants, alors nous ne pourrons que prendre conscience de la réalité. »

Les médias ont boudé l’événement : pas de grosse pointure à la tribune, donc pas de couverture médiatique. Les médias ne savent pas distinguer ce qui est important ou secondaire. Surtout, contrairement à ma demande réitérée, ce colloque n’a eu aucune conséquence politique… L’après-pétrole n’est pas au programme socialiste. Car du point de vue des socialistes, pour tout résoudre, il suffit d’un peu plus de croissance… verte à la rigueur. De Strauss-Kahn à Hollande, ils sont tous d’accord ! Mais c’est le même discours que la droite. Le PS n’a pas encore compris que la croissance a historiquement augmenté les inégalités et en corollaire détérioré la planète. De plus en plus désespérant, d’autant plus que l’approche des primaires socialistes (dite « citoyennes ») d’octobre 2011 élimine tout débat de fond : chacun son candidat, comme d’habitude. Car qui se dit membre du parti socialiste pense comme son clan. Les personnalités passent avant les idées. Les militants pensent PS d’abord. S’ils veulent arrêter de sous-traiter l’écologie aux Verts, c’est en croyant que le PS est capable de prendre à bras-le-corps l’urgence écologique par lui-même. Illusion ! Certains rêvent personnellement d’une place officielle qu’on ne leur donnera jamais en tant qu’écolo. Car mon parcours pendant neuf ans au sein du PS m’a montré un appareil partisan qui court après le pouvoir, sans aucune autre ambition. La lutte de classes s’est dissoute dans les lendemains qui déchantent. La crise de la dette étouffe l’urgence écologique. La social-démocratie n’a plus de doctrine lisible ni de projet viable.

En bref, une partie du pôle écologique, la plus consciente, est déjà partie rejoindre Europe-Ecologie au moment des Européennes de 2009. Il n’est que temps pour moi de faire de même en 2011. Je reviens aux fondamentaux : l’écologie avant tout, avec EELV ! (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI