Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Le bénévolat associatif, une nécessité absolue

Plus prosaïquement, en plus de ma propre association « biosphere », je contribue financièrement à l’action de plusieurs associations environnementalistes, WWF, Greenpeace, et je participe directement à d’autres, la MAB (Maison de l’agriculture biologique), Charente Nature…

En novembre 2004, lors d’une audition par la commission nationale environnement du PS, Daniel RICHARD, président de WWF-France nous explique les buts et les moyens de son association. Tout était dit ou presque de ce qu’il fallait savoir. J’ai pris des notes dont voici l’essentiel : « WWF a été fondé en 1961 à Fontainebleau… Avec environ 60 salariés pour un budget global de 6 millions d’€, WWF est une association animalière beaucoup plus petite que la SPA… Pour garder son indépendance, WWF se refuse à agir avec l’aide du gouvernement, il se comporte comme un berger qui incarne la conscience du troupeau. WWF a donc le pouvoir de s’opposer ou même d’abandonner une action à tout moment, d’autant plus que son financement est autonome, assuré par 100 000 donataires (personnes physiques uniquement) ou des legs ; ainsi WWF assure un partenariat avec le distributeur Carrefour pour supprimer les sacs de caisse, mais une manifestation critique est prévue car le message ne passe pas assez bien…

La politique environnementale devient plus importante que la politique économique ou sociale. Chacun de nous doit travailler à permettre l’équilibre de son écosystème, c’est le moyen le plus efficace de trouver le bonheur. Mais nous sommes inquiets, nous, les écologistes, car cela fait trente ans que nous n’avons pas de bonnes nouvelles alors qu’en politique ordinaire un succès pourrait chasser une grosse déception. Tous les réseaux d’influence, y compris les Eglises, soutiennent la volonté humaine de dominance sur les autres espèces et font donc notre malheur… La force de protéger le dernier condor ou le dernier ours nous donne la force de faire respecter les conditions de survie de notre propre espèce. Chacun d’entre nous doit faire son possible car la survie de l’espèce humaine est en jeu, même si chaque acte éco-citoyen n’est en lui-même qu’une goutte d’eau… Le temps nous est compté et nous ne pouvons pas faire confiance seulement aux gestes quotidiens pour sauver la planète (cf. les brochures WWF « planète attitude ») : l’État doit intervenir à bon escient.

Mais le gouvernement traîne les pieds, c’est l’action des collectivités locales qui est aujourd’hui la plus favorable en matière d’environnement. On peut prendre l’exemple de la mairie de Chalon-sur-Saône, ville test pour le programme européen de réduction des gaz à effet de serre. Le budget est financé à 50 % par l’UE et pour 25 % par WWF. Il est en effet normal de commencer par améliorer son écosystème de proximité… En conclusion, la fiabilité des décisions politiques en matière environnementale se pose. Comment l’électeur peut-il comprendre mon discours, si dur ? Il ne faut pas sous-estimer a priori l’acceptation citoyenne de mesures qu’on pourrait croire impopulaires ; une enquête a montré que les parlementaires en France étaient beaucoup plus incompétents en matière écologique que le Français moyen. »

J’ai donc adhéré à WWF, je n’en suis sorti que récemment : la boutique de vente par WWF de « produits écologiques » me sortait par les yeux ! D’ailleurs le marketing de WWF, au nom de la visibilité, insistait surtout dans ses mailings sur la défense de l’ours Cannelle et autre espèces emblématiques. Ce n’est pas une stratégie qui me convient, je préfère donner depuis plusieurs années 10 % de mon revenu à Greenpeace. C’est l’organisation qui me semble la plus à même de populariser la défense de la biosphère.

En janvier 2005, j’ai fait connaissance de Yannick Jadot, à l’époque directeur des campagnes de Greenpeace. Il était auditionné par la commission nationale environnement du PS à laquelle j’appartenais. Il nous a expliqué les buts et les moyens de son association, il a donné une bonne synthèse, j’ai fait ce résumé :

« Greenpeace est une organisation mondiale de trois millions d’adhérents dans le monde, mais il est vrai que les méthodes d’action souvent spectaculaire de Greenpeace sont plus faciles à réaliser dans les pays démocratiques. C’est pourquoi l’implantation en Afrique de l’association est difficile et les représentants en Amazonie sont même obligés d’avoir des gardes du corps, ce qui a été admis par dérogation au principe général de non-violence. En France, il y a 87 000 adhérents dont 700 membres participent à des groupes locaux. Il n’y a pas d’Assemblée générale annuelle et la plupart des adhérents peuvent être considéré comme des donateurs qui versent en moyenne 8 € par mois, mais c’est le seul financement admis par Greenpeace pour préserver une indépendance totale. Revers de la médaille, la limitation des ressources impose un choix dans la détermination des actions qui portent à l’heure actuelle seulement sur 4 thèmes.

– la question climatique et la révolution énergétique ;

– les OGM ;

– le programme REACH (Registration, Evaluation, Authorization of Chemicals) ;

– forêts et océans. »

En conclusion  Yannick Jadot précise que  Greenpeace a un impact relatif : « Nous avons une capacité d’expertise reconnue et aussi une forte habitude d’attirer l’attention des médias, encore faut-il que l’opinion publique se mobilise pour créer un rapport de force favorable. Si les problèmes de santé ou de changement climatique commencent à être discutés par les citoyens, il faut noter le net retard des partis politiques sur les questions environnementales. Pourtant les gens sont prêts à faire des efforts ! »

J’ai discuté avec Yannick au sortir de la réunion. Il était d’accord pour renforcer les liens entre le PS et Greenpeace. Mais la Convention nationale sur l’énergie qui avait été pourtant programmée par le parti socialiste n’a jamais eu lieu. J’ai demandé au secrétaire national de l’époque, Géraud Guibert, de faire des liens Internet entre le site du PS et les principales associations environnementales. Même cela a été refusé ! A désespérer des possibilités de synergie entre l’associatif et le politique. Au moment des élections européennes, Yannick Jadot a rejoint le mouvement Europe Ecologie… En France la liste Europe-Ecologie a réuni 16,28 % des suffrages en 2009, faisant jeu égal avec les socialistes et obtenant 14 sièges au Parlement européen, donc celui de Yannick. (à suivre, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père