Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », a été éditée chaque jour tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere. En voici l’épilogue :
Sous le signe de mon père
(suite et fin) Je n’ai jamais reçu de compliments de la part de mon père. Comme il arrivait à ses derniers couchers de soleil, j’ai lourdement insisté auprès de lui pour quémander ce que j’estimais être mon dû, l’étalage de mes qualités. Qu’il en cite au moins une était mon espérance ! Alors mon père réfléchit un moment et me dit spontanément : « Tu as toujours fait ce que tu devais faire. » Après réflexion, je crois que c’est le plus formidable compliment que j’ai pu entendre au cours de ma vie déjà longue. C’est à moi qu’il incombe de déterminer quelle est la meilleure façon de gérer ma vie. Puisque j’avais selon mon père accompli au mieux cette tâche fixée implicitement, j’avais donc réussi ma vie.
Je retrouvai là l’enseignement des stoïciens pour qui le sage « fait tout bien », et donc ne peut perdre en sagesse. Mais en quoi réside cette perfection ? Seulement dans la certitude de n’avoir d’autre activité que le bon usage de soi-même et du monde. Cet usage n’a pas de définition précise, il n’y a pas de mode d’emploi, aucune recette à appliquer de manière prédéfinie et intangible. La sagesse est dans l’attitude, pas dans les moyens ni même dans le résultat. La sagesse consiste seulement à faire tout de la meilleure manière possible.
La meilleure manière possible ? Mon héritage pourrait se résumer à ces dix préceptes que j’ai mis en évidence sur mon site biosphere.ouvaton.org :
Les Dix Commandements de la Biosphère
Tu as autant de devoirs que de droits ;
Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;
Tu aimeras ta planète comme toi-même ;
Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;
Tu protégeras l’avenir des générations futures ;
Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;
Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;
Tu adapteras ta fécondité aux capacités de ton écosystème ;
Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;
Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.
Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Ils permettent aussi l’interprétation, il n’y a rien de figé dans le cours d’un engagement. C’est aussi très différent des préceptes religieux.
Dans les Dix commandements du Décalogue, il y avait beaucoup trop de choses pour Dieu et bien peu pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère.
Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.
Tu ne feras aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux.
Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.
Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu.
Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »
Quant aux cinq piliers de l’existence des musulmans avec l’Islam, ils sont simplistes et tournent autour de l’idolâtrie.
1) la Shahada (la profession de foi) ;
2) la Zakât (aumône légale) ;
3) le pèlerinage à La Mecque ;
4) le jeûne (du mois de Ramadan) ;
5) la prière (qui doit être faite cinq fois par jour).
Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà. Quel est notre avenir si nous devons continuer à militer par écrans interposés ? Notre futur tel que je le vois est au plus près de la nature, nous ne sommes que fragment de Terre… Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, nous n’avons servi à rien.
Servir de la meilleure manière possible ? Je ne pense pas qu’il se trouverait au monde un homme pour noircir une seule feuille de papier si nous avions le courage de vivre ce en quoi nous avons foi. Si c’est un monde de beauté et de vérité, à quoi bon dresser des milliers et des milliers de mots entre la réalité de ce monde et moi-même ?
Et pourtant j’ai écrit ces lignes… parce que je le devais. Maintenant, à chacun de faire sa part, la part du colibri ! Le plaisir sera donné de surcroît à qui fait ce qu’il doit.
Si tu veux aller plus loin, à toi de choisir ton chapitre :
Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE
01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion
02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas
03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !
04. Premiers contacts avec l’écologie
05. Je deviens objecteur de conscience
06. Educateur, un rite de passage obligé
07. Insoumis… puis militaire !
08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales
09. Du féminisme à l’antispécisme
10. Avoir ou ne pas avoir des enfants
11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs
12. Ma tentative d’écologiser la politique
13. L’écologie passe aussi par l’électronique
14. Mon engagement associatif au service de la nature
15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience
16. Ma pratique de la simplicité volontaire
17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes
18. Techniques douces contre techniques dures
19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie
21. Ma philosophie : l’écologie profonde
En manque de compliments, de la part de mon père, Michel S voulait donc savoir ce que ce dernier pensait de lui. Ce qu’il voulait surtout savoir, c’est s’il voyait au moins en lui une seule qualité. Michel S estimait même que c’était là son dû. Je pense que c’est normal, naturel.
Certains prétendent ne pas aimer les compliments. D’abord j’en doute, ensuite je pense qu’ils devraient consulter. Bon OK, nous devrions TOUS consulter, le Professeur Foldingue. Personnellement, je n’ai pas le souvenir que mon père m’en ait fait beaucoup, des compliments. Chose que je ne lui ai jamais reproché. D’ailleurs, des reproches non plus, il ne m’en a pas fait beaucoup. C’est d’ailleurs un compliment que j’aurais dû lui faire. Tant pis, ce qui est fait est fait, et vice versa.
Déjà, que ce soit pour les compliments ou les reproches, entre trop et pas du tout je pense qu’il y a une juste mesure. ( à suivre )
Ne s‘entendre que des reproches, voire des «Tu ne vaux rien», surtout quand on est gosse, ça laisse des traces. D’un autre côté, ne s’entendre dire que des « C’est bien mon chéri, t’es le plus beau, t’es le meilleur etc. », c’est pas terrible non plus.
De ce côté là, j’ai donc encore eu de la chance. Merci Papa et merci Petit Jésus ! 🙂
– « Alors mon père réfléchit un moment et me dit spontanément : « Tu as toujours fait ce que tu devais faire. » Après réflexion, je crois que c’est le plus formidable compliment que j’ai pu entendre au cours de ma vie déjà longue. »
Un compliment a pour but de faire plaisir. Or il peut arriver que l’effet soit l’inverse. Certains peuvent le prendre comme de l’hypocrisie, un mensonge, du second degré ou je ne sais quoi. Nous retrouvons là ceux qui prétendent ne pas aimer les compliments. ( à suivre)
Sauf que quand le compliment (comme le reproche) vient de quelqu’un que l’on connaît bien, et qu’on sait honnête, il n’y a plus aucune raison de douter de la valeur de ses mots.
La réponse de son père a donc fait beaucoup plaisir à notre cher Michel.
Et tant mieux pour lui.
Ceci dit, et loin de moi l’idée de lui gâcher son plaisir… même après réflexion je ne sais pas comment j’aurais reçu cette réponse de la part du mien, père.
– « Tu as toujours fait ce que tu devais faire. »
Ben oui, mais ça c’est notre lot à tous. Et ça ne me dit rien de la valeur de tout ce que j’ai fait. Personnellement je préfèrerais m’entendre dire :
– « C’est vrai que t’en as fait des conneries… mais t’as toujours fait de ton mieux.
Et finalement c’est pas si mal que ça. »