François Hollande préfère l’état d’urgence, c’est plus payant électoralement. Alors que la COP21 a démarré officiellement le 30 novembre, LE MONDE titre encore le 3 décembre en première page : « Le plan de l’Elysée pour durcir l’état d’urgence ». Renforcer l’état d’urgence alors que la plupart des terroristes sont morts n’a qu’un seul but, marquer quelques points supplémentaires lors du premier tour des régionales le 6 décembre prochain. C’est de la politique politicienne, vouloir montrer qu’on a des muscles plus volumineux que ceux de Marine le Pen, c’est renforcer encore plus le simplisme sécuritaire du Front national.
Il est vrai que François Hollande est à l’image de son parti, allergique à l’écologie.
Le chef de l’Etat est un obsessionnel de la manœuvre politique. Dans toute sa carrière, il n’a jamais considéré l’écologie comme un dossier majeur. S’il était arrivé à M. Hollande de parler écologie, c’était surtout pour conclure des accords d’appareil avec ses homologues des Verts, puis d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Le principal intéressé nie en bloc : « Je conteste avoir découvert l’écologie avec la conférence climat. Les experts du GIEC, que j’avais reçus plusieurs fois au début de mon mandat, m’avaient convaincu qu’il était impossible d’attendre. » Il ne savait donc pas en arrivant au pouvoir que l’urgence climatique était avérée depuis des dizaines d’années ! Son orientation est très clairement scientiste, productiviste et pro-nucléaire. La fermeture de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim est sans cesse repoussée. François Hollande a validé l’abandon de l’écotaxe poids lourds, l’autorisation de nouveaux permis d’exploration sur les hydrocarbures, la reprise les travaux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le grignotage des budgets du ministère de l’écologie : il était en accord complet avec son premier ministre pour virer sa ministre socialiste de l’écologie Delphine Batho (qui râlait contre la baisse de son budget). Tous ces sujets seraient pourtant des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le jour de la publication du cinquième rapport du GIEC, il y a un an presque jour pour jour, il était dans l’Alberta [Canada] pour soutenir Total sur l’extraction des sables bitumineux, alors que le GIEC estimait précisément qu’il fallait renoncer à l’exploitation de 80 % des réserves connues de gaz et de charbon dans le sol…
En cas de nouvel échec des négociations sur le climat, nul doute qu’il en fera porter la responsabilité à la communauté internationale. Il préfère envoyer des avions de combat survoler la Syrie et interdire de manifester pour le climat.
Pour de plus amples informations, LE MONDE 29-30 novembre 2015
François Hollande, ou le zèle de l’écologiste néophyte