Périodiquement le cannabis revient en page une des médias. LE MONDE* n’échappe pas au culte du sensationnalisme. Pire, un économiste s’y fait le chantre de la légalisation de la marijuana. Selon Pierre Kopp**, il n’y aurait que des avantages : s’éviter le coût exorbitant de la guerre à la drogue, éliminer l’économie parallèle, dégager de nouvelles recettes pour l’Etat, faire comme tout le monde. Pourtant, ne prendre en compte que la dimension policière et économique de l’usage du cannabis pour plaider en faveur de sa vente libre est une curieuse façon d’envisager le problème. En fait cela n’empêcherait pas le transfert de l’économie parallèle vers d’autres drogues. Approuver un Etat dealer paraît aussi très bizarre et prendre comme exemple à suivre l’Uruguay et l’Etat du Colorado n’est pas une justification. Le problème, c’est que certains écolos sont sur la même ligne.
En tant que chef de parti Cécile Duflot avait déclaré publiquement en juin 2012 : « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime ; une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes. » La dépénalisation du cannabis, c’est « la position » des Verts, depuis « très longtemps ». Ce positionnement résulte d’un amalgame au moment de la formation des Verts entre deux types de tendance. D’un côté un gauchisme issu de mai 1968 bercé par les illusions du slogan « il est interdit d’interdire » ; de l’autre l’écologie scientifique qui s’intéressait au devenir des écosystèmes et qui a débouché sur l’écologie politique. Il faudrait que l’écologie politique abandonne son aspect permissif pour atteindre sa maturité. Il faudrait que Cécile Duflot sache dire « Non, cela ne doit pas se faire ».
Rappelons que le principe actif du cannabis, le THC tétrahydrocannabinol, est inscrit sur la liste des stupéfiants. Des doses fortes entraînent rapidement des difficultés à accomplir une tâche, perturbant la perception du temps, la perception visuelle et la mémoire immédiate, et provoquent une léthargie***. Est-ce cela qu’on attend d’un écolo, l’inconscience citoyenne ? L’appareil respiratoire est exposé aux risques du tabac qui accompagne le joint. Il y a des difficultés de concentration, donc des difficultés sociales, une dépendance psychique possible, des dédoublements de la personnalité… Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété et favoriser la survenue de troubles psychiques. Est-ce cela que les écologistes défendent, des citoyens en difficulté ?
Nous savons combien il est difficile de résister à l’addiction à l’alcool ou au tabac, il n’est nullement besoin de favoriser une drogue supplémentaire. D’autant plus que le cannabis est un produit importé, un comble quand on prône la relocalisation. Quant au cannabis produit sous serre, bonjour la consommation d’énergie ! Aux surfaces cultivées pour produire de l’alcool, du tabac ou du cannabis, on ferait mieux de privilégier les cultures vivrières et de laisser le plus possible de surface non cultivées pour la biodiversité. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume ni tabac, ni cannabis. Simplicité volontaire oblige.
* LE MONDE du 3 janvier 2014, gros titre en Une, Cannabis : vers la fin de la prohibition
** LE MONDE du 3 janvier 2014, La légalisation du cannabis, « un jeu gagnant-gagnant économiquement »
*** Drogues, savoir plus, risquer moins (www.drogues.gouv.fr)
Voir des écologistes soutenir la consommation de cannabis m’a toujours semblé une incongruité. Le premier bonheur d’un écologiste devrait d’avoir plaisir à respirer un air pur. Pour avoir beaucoup lutté contre le tabac à l’époque où il fallait s’excuser d’être non fumeur, je trouve bien curieux de vouloir rajouter une drogue et une source de pollution supplémentaire.
Voir des écologistes soutenir la consommation de cannabis m’a toujours semblé une incongruité. Le premier bonheur d’un écologiste devrait d’avoir plaisir à respirer un air pur. Pour avoir beaucoup lutté contre le tabac à l’époque où il fallait s’excuser d’être non fumeur, je trouve bien curieux de vouloir rajouter une drogue et une source de pollution supplémentaire.