Gaz et huiles de schiste, le pour et le contre

La Commission européenne avait publié, en septembre 2013, le bilan sanitaire et environnemental, climatique et économique d’une exploitation des gaz non conventionnels en Europe*. Verdict : c’est sale, pas sûr, non encadré juridiquement. Et cela ne donnera jamais l’indépendance énergétique au continent. Le document publié par la DG environnement de la Commission est basé sur toutes les données disponibles (essentiellement américaines) en matière de fracturation hydraulique en vue d’une production importante de gaz. Une longue litanie d’impacts négatifs… Le rapport révèle, entre autres, une consommation d’eau beaucoup plus importante que pour des techniques conventionnelles; une production de gaz moindre… Il révèle la difficulté de limiter les fuites de produits chimiques et le volume d’eau usée en phase d’exploitation. Il parle aussi du défi dans la sélection du site géologique, de la toxicité potentielle des additifs employés…En matière d’occupation des sols, la fracturation hydraulique est gourmande en terres. Chaque zone de forage (soit environ une dizaine de puits par zone) s’étend sur 3,6 hectare. Un minimum de 50 puits est nécessaire pour atteindre le même niveau de production qu’un puits en mer du Nord.

La France « doit » exploiter ses gaz de schiste. Le sénateur Jean-Claude Lenoir et le député PS Christian Bataille défendent une exploration et une exploitation « maîtrisées » du gaz de schiste** : « La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre. »« La fracturation hydraulique reste la technique la plus performante, la plus facile à utiliser, et celle qui est utilisée aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qui a été utilisée auparavant. » Il ne fallait pas s’attendre à autre chose puisque les rapporteurs n’ont auditionné que les industriels et organismes de recherche.

L’Agence internationale de l’énergie tranche : les gaz de schistes ne sont pas la solution miracle pour l’Europe. Récemment, lors d’un débat radiotélévisé mercredi avec la présidente du Medef, la ministre de l’écologie Mme Batho avait réaffirmé que son exploitation, comme aux Etats-Unis, « n’est ni possible ni souhaitable » en France, et prôné à la place des investissements massifs « dans les économies d’énergies et les énergies renouvelables ».

* http://www.journaldelenvironnement.net/article/bruxelles-depose-le-bilan-des-gaz-de-schiste,30633

** Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 06.06.2013

5 réflexions sur “Gaz et huiles de schiste, le pour et le contre”

  1. L’exploitation des gaz et pétrole de schiste ressemble quand même à une fuite en avant. C’est la volonté de tout exploiter jusqu’à la dernière goutte. Quelles que soient la compétence et la bonne volonté des exploitants, il n’en restera pas moins que tous ces hydrocarbures sont destinés à être brûlés et à enrichir l’atmosphère en CO2 dont on nous dit par ailleurs qu’il représente une menace majeure. Il n’y a pas d’échappatoire qui ne passe par une réduction drastique des quantités consommées, toutes les ruses pour faire mieux ici ou là ne conduisent finalement qu’au même résultat. Il serait plus sage de les laisser sous terre. Mais nous ne le ferons pas, et quand l’essence sera à 3 € le litre, les quelques anti-gaz de schistes se sentiront bien seuls. Cavanna avait raison,  » il est trop tard…nous allons dans le mur, allons y gaiement ».

  2. L’exploitation des gaz et pétrole de schiste ressemble quand même à une fuite en avant. C’est la volonté de tout exploiter jusqu’à la dernière goutte. Quelles que soient la compétence et la bonne volonté des exploitants, il n’en restera pas moins que tous ces hydrocarbures sont destinés à être brûlés et à enrichir l’atmosphère en CO2 dont on nous dit par ailleurs qu’il représente une menace majeure. Il n’y a pas d’échappatoire qui ne passe par une réduction drastique des quantités consommées, toutes les ruses pour faire mieux ici ou là ne conduisent finalement qu’au même résultat. Il serait plus sage de les laisser sous terre. Mais nous ne le ferons pas, et quand l’essence sera à 3 € le litre, les quelques anti-gaz de schistes se sentiront bien seuls. Cavanna avait raison,  » il est trop tard…nous allons dans le mur, allons y gaiement ».

  3. Merci d’avoir indique ce rapport de l’IEA, que je lis grace a votre lien. Un bemol sur votre citation de ce rapport: l’IEA ne dit pas que l’exploitation est impossible ou non souhaitable, mais que ca ne serait probablement pas une solution qui serait rapide a mettre en oeuvre. Votre phrase « ce n’est pas une solution miracle » est correcte en ce sens que l’IEA, effectivement, ne presente pas l’exploitation comme un choix qui reglerait tout immediatement, mais Houssin, directeur de l’IEA, est plutot positif en ce qui concerne la prospective: « European countries such as Poland, Germany and, outside the EU, Ukraine, are embarking on shale gas searches. Houssin said this made sense » (traduction: « Houssin dit que c’est [la recherche de gisement] un choix pertinent » [pour en evaluer le potentiel]).

  4. L’enquête journalistique du MONDE descend en flèche ce rapport tendancieux sur les gaz de schiste.
    – Aucun respect du cahier des charges : les parlementaires devaient se contenter de « conduire une étude sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique » ;
    – Citation abusive de cas de fracturation en France alors que ce n’était même pas ce qui était demandé ;
    – Dissimulation des cas de pollution des nappes phréatiques par la fracturation ;
    – Aucun analyse de la pollution atmosphérique aux alentours des puits ;
    – Proposition de refonte du code minier pour faciliter la fracturation.
    (LE MONDE du 8 juin 2013, Christian Bataille estime possible d’avoir recours à la fracturation hydraulique)
    En fait il s’agit d’une opération de communication de GDF-Suez par l’intermédiaire de parlementaires. L’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) était surtout intéressé par la relance de la compétitivité et la création d’emplois, pas par la nécessaire transition énergétique prônée par le gouvernement.

  5. mensonge par omission
    Les deux rapporteurs du texte, Christian Bataille et Jean-Claude Lenoir, sont des menteurs. Ils affirment que la technique de fracturation hydraulique a été employée en France « au moins à quarante-cinq reprises ». « Aucun dommage à l’environnement n’a été rapporté », assurent les parlementaires. En réalité, sur les quarante-cinq fracturations, quarante-trois concernent du pétrole conventionnel et s’avèrent très différentes des opérations qui nécessitent un forage horizontal. Il s’agissait simplement de « stimulation hydraulique ». Deux opérations portent bien sur un gisement de pétrole de schiste localisé dans la roche-mère, mais elles relèvent de l’expérimentation.
    (Le Monde.fr | 08.06.2013, Gaz de schiste : des fracturations hydrauliques ont-elles eu lieu en France ?)

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