GIEC, prévisions climatiques trop prudentes

La science repose sur le doute, les résultats d’une recherche ne sont valides que temporairement, dans l’attente d’une démonstration contraire, même si le résultat est reproductible à un moment donné, ce qui n’est d’ailleurs pas possible pour des perspectives sur le climat futur. Ce biais scientifique indispensable a été exploité par les négationnistes du climat et autres fabricants du doute, comme les marchands de tabac ou de pesticides. Ce qui importe, ce n’est pas d’abandonner la prudence de la science, gage d’objectivité, mais d’interdire de parole médiatique tous ceux qui détournent les faits objectifs pour asséner leurs fantasmes et instiller le doute. Ce n’est possible que si fournir de fausses informations devient un délit. Claude Allègre ou Donald Trump devraient être en prison, et la planète ne s’en porterait que mieux…

Dans une étude publiée en février 2013 dans Global Environment Change, quatre chercheurs ont mis en évidence un « biais systématique » des chercheurs en sciences du climat, qui engendre une sous-estimation des effets du réchauffement climatique. Naomi Oreskes s’insurge : « Si la sécurité du monde est menacée, ce n’est pas être prudent que de sous-estimer la menace, c’est être imprudent. Si un enfant joue sur une route sur laquelle arrive un poids lourd, ce n’est pas prudent d’observer depuis le trottoir et de conclure : “Je ne suis pas sûre exactement de la façon dont le camion va écraser cet enfant.” »* Ce « péché par excès de prudence » peut être expliqué par la « culture du consensus » au sein du GIEC. Cet effort pour créer du consensus peut poser problème sur les sujets compliqués où les connaissances et les données sont insuffisantes ; à partir de là, « le consensus tend à mener au plus petit dénominateur commun, une estimation conservatrice ». La pression, qu’elle provienne de l’opinion publique, des médias, des cercles politiques ou de sa propre communauté scientifique, est le deuxième facteur. Les attaques des négationnistes du climat contre les scientifiques veulent atteindre ce but. Ainsi le président du GIEC de 2002 à 2015, Rajendra Pachauri, a été la cible d’attaques répétées.

Un troisième facteur est ce que l’on appelle le « principe de moindre surprise », c’est-à-dire la préférence donnée aux résultats les plus en accord avec les connaissances et hypothèses préexistantes, au détriment des résultats plus « surprenants ». Ce principe a amené à rejeter des hypothèses « catastrophistes ». L’hypothèse de la chute d’une météorite pour expliquer la fin de règne des dinosaures il y a 66 millions d’années sera rejetée majoritairement par la communauté des géologues et paléontologues, malgré les éléments de preuve avancés. On se retrouve devant la problématique de Galilée. Galilée (né en 1564) utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour observer le relief de la lune et surtout les satellites de Jupiter, démontrant par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le message biblique. Un tribunal de l’Inquisition, dont les membres ont refusé de regarder dans la lunette, l’obligea pourtant à se rétracter en 1633 : « Je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine… J’abjure les écrits et propos, erronés et hérétiques, par lesquels j’ai tenu et cru que le soleil était le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait. »  L’Église catholique n’a réhabilité Galilée qu’en 1992 ! Pour les gardiens de la foi et des fausses croyances, il faut attendre plus de 350 années pour reconnaître une vérité scientifiquement prouvée… Pour le réchauffement climatique nous n’avons pas le temps d’attendre 350 ans pour comprendre qu’on va être cuit comme des merguez sur un barbecue !

* LE MONDE du 24 octobre 2019, Climat : pourquoi les scientifiques sont plutôt plus prudents qu’alarmistes

8 réflexions sur “GIEC, prévisions climatiques trop prudentes”

  1. Pour Galilée, je rappelle toutefois que quelques années après sa rétractation forcée, il avait en réalité gagné et que l’héliocentrisme était définitivement admis par la communauté scientifique. En sera-t-il de même dans notre cas sur le climat ?
    La position de l’Eglise, même si elle perdura avec la trop tardive réhabilitation de Galilée ne fut ensuite que de pure forme, mais aucun représentant du catholicisme n’ose plus depuis longtemps défendre le géocentrisme, le Vatican finance même plusieurs observatoires et la théorie du Big Bang qui domine actuellement l’astrophysique doit même beaucoup à un représentant de l’église : l’Abbé Lemaitre qui mena des débats avec Einstein sur l’expansion de l’univers et à qui l’histoire semble bien avoir donné raison.

    Bon encore qu’il existe une étrange et ironique contradiction entre les travaux de Galilée sur l’héliocentrisme et ses travaux sur la relativité. Le concept même de relativité du mouvement interdisant de choisir entre une vision héliocentrique et une vision géocentrique. Mais d’accord l’héliocentrisme est bien plus logique et pratique pour décrire la partie d’univers qui nous entoure.

    Pour ceux qui seraient intéressés par cette ironie là je soumets ce petit texte qui la soulignait.
    http://lesetoiles.over-blog.net/article-20946142.html

    1. Félicitations pour cet article Didier Barthès. Toutefois j’espère que vous serez d’accord avec moi pour dire que le monde ne tourne plus rond, et que relativité ou pas nous y allons. 🙂

      1. Certes Michel C, nous ne pouvons que tomber d’accord là-dessus, le monde ne va pas très bien. A vrai dire, je crains que l’avenir soit terrible, oui, terrible, il n’y a pas d’autre mot pour dire la chose.

  2. « Pour le réchauffement climatique nous n’avons pas le temps d’attendre 350 ans pour comprendre qu’on va être cuit comme des merguez sur un barbecue ! »

    A supposer que le réchauffement climatique soit avéré , je vois mal le surintelligent bipède enrayer le phénomène avec ses moyens « démesurés » et sa technocul triomphante ; celui qui prétend « maîtriser dame nature  » va se ramasser une raclée dont il n’ a pas idée !

    1. – « A supposer que le réchauffement climatique soit avéré […] »
      Et à supposer qu’il soit avéré que la Terre tourne autour du soleil …
      Eh ben voilà déjà pour un ! Celui-ci a encore des doutes, autant dire qu’il ne veut pas y croire.

      1. Que je sois climatosceptique (je me méfie comme de la peste de tout organisme issu de la très mondialiste ONU) , ne change rien à l’ affaire : comme le dirait le chanteur Barry MC Guire : « when the button is pushed , there’s no running away  » .
        Si dame nature a enclenché la surmultipliée (ce qui reste à prouver au vu des connaissances parcellaires en matière climatologique) , rien ne l’ arrêtera et surtout pas ce lamentable bipède invasif !

        1. – « je me méfie comme de la peste de tout organisme issu de la très mondialiste ONU»
          Ben voyons ! Vous méfieriez-vous moins si le GIEC ne faisait pas preuve de retenue, s’il annonçait haut et fort +7°C à la fin du siècle ?
          – « ce qui reste à prouver au vu des connaissances parcellaires en matière climatologique »
          Ben voyons ! Avez-vous déjà les connaissances et les compétences nécessaires pour parler climatologie ?

          Décidément rien ne les arrêtera, jusqu’à la fin les soi-disant sceptiques (faux sceptiques, fosse septique) se feront remarquer par leur inguérissable mauvaise foi.

  3. Si le fait de diffuser de fausses informations devient un délit, eh ben ça va nous faire un gros paquet de délinquants. Par contre je suis content de voir que Biosphère s’attaque enfin au CONSENSUS . («Les animaux malades du consensus» de Gilles Châtelet).
    En attendant, force est de constater que les Galilée du climat n’ont toujours pas réussi à con vaincre cette drôle d’église, représentée ici même sur ce blog par une sacrée paire de bedeaux.
    Logiquement…. il revient donc à Biosphère «d’interdire de parole médiatique tous ceux qui détournent les faits objectifs pour asséner leurs fantasmes et instiller le doute.»

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