Gilles Pison enchaîne les discours merdiatiques, on dirait qu’il n’y a que lui pour représenter l’INED.
Ainsi ce tchat sur LE MONDE
A Capone : L’équation de Kaya, bien connue des climatologues, décompose les émissions de CO2 (ou équivalent) en plusieurs facteurs, constituant autant de leviers d’actions, et dont le premier est la population. A ce titre, l’augmentation de la population mondiale n’est-elle pas une très mauvaise nouvelle pour la planète ?
Gilles Pison : Si la population mondiale continue d’augmenter, c’est à un rythme qui décélère. La croissance a atteint un taux maximum de plus de 2 % par an il y a soixante ans et a diminué de moitié depuis, pour atteindre 1 %. Et le taux de croissance devrait continuer de diminuer pour atteindre la croissance zéro avant le fin du siècle. Il est illusoire de penser arrêter la croissance tout de suite et encore moins une diminution de la population tout de suite. Car comment l’obtenir ? Par une hausse de la mortalité ? Personne ne le souhaite. Par une émigration massive vers la planète Mars ? Irréaliste.
Point de vue des écologistes : La population mondiale qui augmente encore au taux de 1 % double tous les 70 ans, c’est invivable et ingérable. Dire que le taux décélère est donc une approche statistique biaisée. Une population qui se stabilise à 10 ou 11 milliards n’indique en rien si le niveau atteint est vivable et gérable. Gilles Pison veut ignorer la notion de surpopulation. En fait Gilles ne répond pas du tout à la question posée, l’équation de Kaya qui lie population, niveau technologique, niveau de vie et émissions de gaz à effet de serre. Pison n’est qu’un illusionniste qui ignore sans doute l’existence de cette équation fondamentale !
Modestine : La démographie est-elle une chance ou une malédiction pour les pays en développement ?
Gilles Pison : La démographie est une donnée et il faut faire avec. Il est illusoire de penser pouvoir beaucoup agir sur les courbes démographiques dans les dix, vingt ou trente prochaines années.
Point de vue des écologistes : La démographie n’est pas une donnée, c’est une variable qui bouge tout le temps avec les naissances, les décès, les migrations. Le choix de fécondité bouge avec le mode d’éducation, les moyens de contraception, les mesures gouvernementales, le contexte socio-économique, les contraintes écologiques… Et comme notre situation de surpopulation implique d’agir immédiatement à la fois sur le niveau de vie ET le poids du nombre, l’attitude de Pison relève du fatalisme. « Dieu l’a voulu », dit-il d’une autre manière.
Léna : Allons nous tout droit dans le mur quant au réchauffement climatique, la pauvreté dans le monde ou existe-t-il des solutions permettant à la Terre d’accueillir autant d’humains ?
Gilles Pison : Le défi est de vivre demain à 10 milliards – on n’échappera pas à un surcroît de 2 milliards d’êtres humains d’ici la fin du siècle en raison de l’inertie démographique, que nul ne peut empêcher. Nous devons limiter le réchauffement climatique, pour nous et les générations futures, sans pouvoir agir sur le levier démographique à court terme. Le levier à cet horizon est la modification sans délai des modes de vie pour les rendre plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité.
Point de vue des écologistes : Gilles Pison prétexte de l’inertie démographique pour se contenter de parler du mode de vie. Mais c’est parce que le renouvellement des générations met environ 25 ans qu’il faut d’urgence s’atteler à la maîtrise de la fécondité. Un euro/dollar qui irait dans l’éducation à la contraception coûterait beaucoup beaucoup moins cher et aurait infiniment plus d’impact dans le long terme qu’une relance par quelques milliards distribués à on ne sait à quoi. Distinguer le niveau de vie de la démographie, c’est comme prétendre que la surface d’un rectangle dépend davantage de sa longueur que de sa largeur. Autrement dit, pouvoir d’achat et population sont les deux faces d’une même pièce. Ce n’est pas soit une chose, soit l’autre, l’impact total, c’est la multiplication de l’un par l’autre. Et comme les pauvres, on les comprend, veulent consommer comme les riches, vous voyez le désastre à venir.
Hogier : Homme de 34 ans et père de deux enfants, je me pose la question charnière de faire un troisième (et dernier) enfant, longtemps espéré dans nos cœurs, ou de recourir à une vasectomie en me disant que la planète ne pourra jamais supporter plus de surpopulation. Faut-il s’imposer des limites pour le bien de tous ?
Gilles Pison : Une idée se répand en effet que ne pas avoir d’enfants serait ce qu’on peut faire de mieux pour l’environnement. Mais c’est une idée fausse. A ceux qui se demandent s’ils vont ou non avoir des enfants, je dis : les enfants, ça coûte, c’est fatigant, c’est des contraintes. Si vous ne souhaitez pas en avoir, n’en ayez pas. Si vous souhaitez malgré tout en avoir, ayez-en, et le nombre que vous souhaitez. Mais éduquez-les de telle sorte qu’ils soient respectueux de l’environnement et aient un mode de vie durable quand ils seront adultes. La vraie question est moins celle du nombre que celle des modes de vie.
Point de vue des écologistes : Hogier parle de stérilisation volontaire pour le bien de tous, Pison reprend sa rengaine du mode de vie. Mais pire, il dit qu’une action individuelle allant dans le bon sens (deux enfants au lieu de trois) est une idée « fausse ». Ce qui veut dire qu’au fond ce démographe de l’INED est un nataliste comme d’ailleurs la grande majorité des démographes. L’INED était dès sa fondation en 1945 ouvertement nataliste, ses membres n’ont pas encore réalisé que les contraintes biophysiques s’imposent à nous.
Pedro le coati : Ne devrait-on pas conditionner l’aide au développement à la mise en place de politique de contrôle de la natalité, et ce afin de favoriser le développement économique des pays concernés et également tenir compte du caractère fini des ressources disponibles.
Gilles Pison : Tous les pays du Sud ont des politiques de contrôle des naissances, même si leur efficacité varie, notamment en ce qui concerne la qualité de l’offre en matière de contraception. Sachant que le principal facteur de baisse de la fécondité est la diffusion de l’instruction, notamment chez les femmes. Partout dans le Sud, les femmes instruites ont moins d’enfants que celles qui ne le sont pas.
Point de vue des écologistes : Pison n’a pas une grande connaissance de l’état du planning familial dans les pays du Sud, souvent inexistant, marginalisé ou exsangue. Il évite encore une fois la question posée qui portait sur la part de l’aide publique au développement consacrée à la « santé reproductive », comme on dit aujourd’hui. Bien sûr qu’une forte proportion de l’APD doit être consacrée au planning familial. La question de Pedro était d’autant plus pertinente qu’il liait démographie et développement économique. Beaucoup de pays sont encore enlisés dans la spirale pauvreté, forte fécondité, donc appauvrissement, forte fécondité, etc. Ne pas agir sur la fécondité, c’est laisser le Tiers-Monde aller encore plus vite au désastre. Et Mr Pison contribue à ce désastre en niant par tous les subterfuges possibles la question malthusienne…
Mais pourquoi Biosphère affiche-t-Elle autant de haine (oh pardon, mépris !) envers les gens qui ne pensent pas comme Elle ? Pourtant, de mon point de vue, tout ce que dit là Gilles Pison tombe sous le sens. Dont le plus évident est : «Le défi est de vivre demain à 10 milliards – on n’échappera pas à un surcroît de 2 milliards d’êtres humains d’ici la fin du siècle en raison de l’inertie démographique, que nul ne peut empêcher.» La seule chose qu’on puisse lui dire là, c’est ce que je prends toujours soin de préciser : «à moins d’une grosse cata d’ici là.»
Les objections qui lui sont faites-là ne sont pas sérieuses. On y trouve des interprétations plus que douteuses de ses propos, on l’accuse pratiquement de «négationnisme», de précipiter le désastre… Et on lui reproche d’éviter (d’éluder) certaines questions, et là je dis qu’il faut oser.
De toutes façons ce fameux «point de vue des écologistes» n’est rien d’autre que celui de Biosphère (Michel Sourrouille), non ? Et qu’on me dise si je me trompe !
Mais alors de quel droit se fait-Elle la porte-parole de cette grande famille qui regroupe tout et n’importe quoi ?