Greenpeace par intrusion dans deux centrales nucléaires apporte la preuve de leur vulnérabilité. Ce sont des « stress tests » gratuits pour le gouvernement ! Pourtant des commentateurs du monde.fr se déchaînent. Nous répondons.
– Pierre-Marie Muraz : « Il serait temps que les ayatollahs de Green Peace soient sanctionnés… »
Notre analyse : Les ayatollahs se trouvent du côté d’un système politique qui a mis en place des réacteurs nucléaires sans jamais consulter le peuple… Pierre-Marie Muraz ne peut l’ignorer, les écologistes ont passé la nuit en garde à vue, ils seront convoqués devant le tribunal correctionnel, ils seront sanctionnés*. C’est paradoxal. On devrait récompenser des militants qui attaquent un système industriel qui pollue et qui n’a aucun avenir. C’est donc Pierre-Marie Muraz qui se comporte comme un ayatollah !
– Pierre Guillemot : « Dommage que les journalistes publient rarement des informations sur ces « militants », qui ils sont vraiment, d’où ils viennent, et de quoi ils vivent ? »
– Jean-Michel P : « J’ai du mal à croire que, avec les moyens qu’elle met en oeuvre, cette douteuse officine ne vive que des cotisations de gentils membres. Qui finance Greenpeace ? »
Notre analyse : Greenpeace est un mouvement international, peu importe la nationalité des militants. Il y a des firmes multinationales comme EDF ou AREVA, heureusement qu’il y a un certain contre-poids avec des ONG mondiales. Précisons que Greenpeace, contrairement à d’autres associations environnementalistes, est complètement indépendante car elle est financée uniquement par ses adhérents. En fait un cotisant milite par procuration, c’est comme s’il payait pour agir à sa place. Il faut dire que les actions de Greenpeace, tout non violentes qu’elles soient, sont souvent assez périlleuses à accomplir.
– Daniel Tourtois : « Par leur action (débile ?) ces militants professionnels n’ont réussi à démontrer qu’une chose: la sécurisation des centrales nucléaires passent par l’usage des armes contre toute tentative d’intrusion. »
– Eric Bricout : « En ne tirant pas – au moins, en sommation – les gendarmes ont failli. C’est tout. »
Notre analyse : En 2007, juste après la première intrusion de Greenpeace dans une centrale, le gouvernement avait mis en place deux premières unités du PSPG (Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie nationale). Nous aurons bientôt 20 unités soit 740 militaires. Une action non violente favorise donc le renforcement d’un système militarisé, ce qui va apparemment à l’encontre du but poursuivi. Mais il faut se rendre compte que, dès l’origine, le nucléaire civil étant l’enfant reconnu du nucléaire militaire, la construction de réacteurs relevait d’un système totalitaire et non d’un système démocratique. C’est un argument socio-politique majeur qui penche en faveur de l’absence totale du nucléaire dans une nation respectueuse des droits de l’homme.
– Jean-Michel Boissier : « Du terrorisme écologique. Rien de plus. Les actions de Greenpeace aussi motivées soient-elles, ne peuvent sortir d’un cadre légal. »
Notre analyse : Jean-Michel Boissier ne semble pas connaître la différence entre légalité et légitimité. Ce n’est pas parce que quelque chose est entré dans la loi qu’il faut considérer cela comme légitime. Sinon toute loi répressive et injuste serait validée ad vitam aeternam ! La désobéissance civile dont Greenpeace est un porte-parole permet la respiration de la démocratie. L’avortement a été jugé illégal, l’IVG est maintenant reconnu par la loi grâce à l’action des illégaux comme le MLAC (mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception). Le nucléaire était intouchable en France, il deviendra proscrit un jour comme il l’est déjà dans d’autres pays… grâce entre autres à Greenpeace.
* LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | Neuf militants de Greenpeace déférés au parquet