CLIMAT. Certains internautes regrettent la mise en avant de Greta Thunberg, 16 ans. Ils ne comprennent pas que notre démocratie de masse a besoin d’image représentative de ce à quoi il faut s’identifier. Ils postent par exemple « Balader cette jeune fille malade dans le cadre d’un lobbying est tout simplement répugnant ». Laissons de côté les indignes attaques sur l’Asperger de Greta, son syndrome ne l’empêche pas de savoir de quoi elle parle, même devant le Parlement européen: « Sous peu, nous ne pourrons plus inverser la tendance actuelle. Lors de cette élection du 26 mai, vous voterez pour les futures conditions de vie de l’humanité... »*
Face à l’inertie politique totale des politiques face à l’urgence écologique, la présence de Greta est nécessaire. Les 24 années de parlottes internationales sur le climat n’ont servi à rien, COP21 à Paris, puis COP22, 23, 24, bientôt 25 au Chili. L’Union européenne s’interroge depuis bien des années, peut-être un jour qu’elle va faire quelque chose, peut-être. Les objectifs européens du paquet énergie (32 % d’énergies renouvelables et 32,5 % d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030) ne sont que des effets d’annonce sans programmation d’un plan d’action. Voter une réduction de 37,5 % des émissions de CO2 des voitures neuves, c’est entériner qu’on ne sortira pas de l’impasse de la voiture individuelle alors qu’il faudrait mettre en place un processus dévoiturage. La France régresse en adoptant le concept de neutralité carbone en 2050 (on peut continuer à polluer, on trouvera bien un jour qqch pour compenser nos émissions de gaz à effet de serre). Le prix de la tonne de CO2 sur le marché du carbone est trop faible pour être efficace, et les taxes carbones sont aux abonnés absents. Etc., etc.
Dans ce contexte où les blocages décisionnels sont omniprésents et les nations charbonnières (Pologne, Hongrie et République tchèque) arc-boutés sur leur intérêts nationaux, nous avons besoin de Greta Thunberg, nous avons besoin d’une icône de la lutte contre le changement climatique. Nous avons besoin d’une Greta Thunberg en pleurs, submergée par l’émotion, pour sortir de notre indifférence face à des changements de température qui ne nous touchent pas encore : « Il va faire beau, y’a le soleil, dit miss météo ». Nous avons besoin d’être culpabilisés par Greta en pensant au triste sort que nous préparons pour nos générations futures dont Greta est une porte-parole. Elle fait vivre les acteurs absents. Nous avons besoin que les Greta se multiplient dans toutes nos écoles, fassent la grève pour le climat, discutent avec leurs parents des désastres écologiques, envahissent les réseaux sociaux pour parler d’autre chose que leur dernier maquillage à la mode. Faire de Greta une icône, ce n’est pas lui voler une partie de son enfance, c’est lui donner de l’expérience pour faire face aux réalités, c’est la faire grandir. C’est nous faire grandir, et ça nous change des icônes de la chanson, du cinéma, de la télé. C’est abandonner la société du spectacle, c’est contribuer à la formation d’un peuple écolo. Pour en savoir plus sur Greta Thunberg grâce à notre blog biosphere :
Pascal Bruckner incarne l’infantilisme de l’adulte : « Greta Thunberg ou la dangereuse propagande de l’infantilisme climatique* », dixit Pascal Bruckner. Il est terrifié par une jeune fille de 16 ans qui a le culot de faire la leçon aux mâles dominants….
Les générations futures font entendre leurs voix : Greta Thunberg, qui a été proposée pour le prix Nobel de la paix 2019. Elle s’est exprimé devant le Parlement de Stockholm : « Nous venons de naître au monde, cette crise nous allons devoir vivre avec, et nos enfants et nos petits-enfants et les générations futures. Nous ne l’accepterons pas »….
Nous, adultes, ferons la grève scolaire du 15 mars : A l’opposé des destructeurs se situent les lycéens et étudiants qui suivent le mot d’ordre de grève climatique de Greta Thunberg ; et au-delà la jeunesse de la planète entière. Nous comprenons un mouvement de désobéissance civile comme Extinction Rebellion, dont la radicalité relève du réflexe de survie….
* LE MONDE du 15 mai 2019, L’Europe divisée face à l’urgence climatique
Mais avons-nous besoin d’une icone ?
Tous les enfants disent des choses sympathiques : il faut protéger la nature, les animaux, tous s’aimer, tout cela ne mène pas loin car ils n’ont pas encore en eux le poids des réalités et des contraintes
Je n’ai rien contre cette jeune fille, c’est très bien ce qu’elle fait, mais la porter ainsi aux nues pose problème, cela veut dire que toute l’expérience, toute la réflexion qu’acquièrent les hommes au cours de leur vie ne sert à rien puisque c’est à 15 ans qu’on a raison…
Non, cela me semble une mauvaise voie, il faut plutôt tenir compte de l’avis de ceux qui plus vieux, se sont confrontés aux immenses contradictions du monde et de l’humanité,