La lecture de mon quotidien préféré m’apporte de temps en temps des analyses qui recoupent les miennes. Sous la rubrique Grand entretien, LeMonde du 19-20 octobre 2008 part de la formule d’Hannah Arendt, « Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille. » Paul Virilio développe :
« Nos prouesses techniques sont grosses de promesses catastrophiques. Auparavant, les accidents étaient locaux. Avec Tchernobyl, nous sommes passés à des accidents globaux, aux conséquences inscrites dans la durée. Cela fait trente ans que l’on fait l’impasse sur le phénomène d’accélération de l’Histoire alors que cette accélération est la source de la multiplication d’accidents majeurs. Le krach financier montre que la terre est trop petite pour le progrès, pour la vitesse de l’Histoire. Cette économie de la richesse est devenue une économie de la vitesse. Et puis, ce soi-disant monde virtuel, c’est le mythe d’une autre planète habitable. C’est du reste le problème de la gauche, ils appliquent leurs vieux schémas en proclamant la fin du capitalisme. Quant au futur, il est limité par la question écologique, la fin programmée des ressources naturelles, comme le pétrole. Face à la peur absolue, j’oppose l’espérance absolue. Churchill disait que l’optimiste est quelqu’un qui voit une chance derrière chaque calamité. »
Personnellement, je perçois aussi une source de rupture culturelle mondiale grâce aux différents krachs écologiques qui sont en marche et dont j’entends les sinistres craquements. Le sentiment collectif qui va en résulter est celui d’un enfermement planétaire qui nous poussera à aménager notre maison commune, cette petite planète qui nous supporte de moins en moins bien.