Pendant la crise de la grippe aviaire, on avait moqué les banlieues asiatiques où hommes et poules vivaient ensemble, signe d’un pays arriéré. Pendant la dernière guerre, certains en France élevaient des poules en ville. Pénurie oblige. Nous allons aujourd’hui revenir aux fondamentaux de la survie.
Jusqu’à dix poules par foyer. Pas de coq. Autorisation administrative requise. Vente des œufs interdite : Durham, en Caroline du Nord, vient de rejoindre le club très fermé des villes américaines qui autorisent leurs riverains à élever des gallinacés. Dans les années 1930, les gens survivaient tant bien que mal en cultivant des potagers et en récoltant leurs œufs. Ce modèle va redevenir de rigueur. La culture américaine conventionnelle voyait le foyer domestique comme une unité de consommation. Les homemakers préfèrent que leur foyer soit une unité de production : « on produit nos aliments, on prend soin nous-mêmes de notre santé, on compte sur nos familles, nos voisins et notre communauté pour s’entraider. Le choix de devenir un(e) homemaker est un acte de transformation sociale. Qui est le mieux armé pour faire face aux coups durs de l’économie aujourd’hui ? Une femme avec un gros salaire qui perd son boulot du jour au lendemain, ou celle qui produit elle-même et peut compter sur ses poules pour manger ?*
Les poules débarquent aussi dans LE MONDE**. Claire a une poule naine, « J’avais envie d’un retour à la nature. » L’élevage de gallinacés en plein Paris gagne du terrain. Crainte de la malbouffe, rejet des élevages industriels, souci pédagogique ou simple compagnie. La tendance est née aux Etats-Unis. A Montréal, un Collectif en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable a lancé en 2010 une pétition pour lever l’interdiction de l’élevage citadin… En France, les poules en petit nombre sont considérées comme des animaux domestiques. Pas d’interdiction sauf problèmes de copropriété. Mais la journaliste Christine Taconnet insiste sur l’effet de mode, pas sur la recherche de la simplicité volontaire : « LLLLLLllles fabricants d’abris rivalisent d’idées, les créatifs s’y mettent. Ainsi, Eco-poules vante ses structures en bois local et renouvelable, Pousse Créative parie sur le design… »
* AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (delachaux et niestlé, 2011)
** LE MONDE du 29 décembre 2011, Les poules débarquent en ville