La FNSEA appelle à bloquer quatorze sites, raffineries et dépôts de carburant*. Il s’agit de combattre le projet de raffinerie Total de La Mède, ancienne raffinerie pétrolière reconvertie en un centre de production d‘agrocarburants, essentiellement avec de l’huile de palme. Il ne s’agit pas de protéger les orangs-outans que la destruction de leurs forêts en Indonésie ou Malaisie éradique, il s’agit de préserver la filière du colza. Mais colza ou huile de palme, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Voici ce que nous écrivions sur notre blog en octobre 2015 : La production d’un litre d’agrocarburant peut contribuer à l’effet de serre jusqu’à deux fois plus que la combustion de la même quantité de combustible fossile. C’est ce que démontre Paul Crutzen, prix Nobel de chimie 1995. Aux grands naïfs que nous sommes, on nous faisait valoir qu’un agrocarburant était neutre pour le climat, on ne relâchait dans l’atmosphère que le carbone préalablement absorbé par la plante. Cette présentation occulte les émissions de protoxyde d’azote (N2O) dues à l’agriculture intensive. Ce gaz issu de la dégradation des engrais contribue 296 fois plus à l’effet de serre que le CO2. Le GIEC estimait le taux de conversion de l’azote des fertilisants en N2O à environ 1 %, aujourd’hui P.Crutzen le situe entre 3 et 5 %. Ainsi la combustion de diesel issu de colza contribue de 1 à 1,7 fois plus au réchauffement que l’utilisation d’une énergie fossile. La seule culture qui aurait un bilan acceptable est la canne à sucre, mais seulement si on ne prend pas en compte la déforestation qui, de son côté, contribue aussi à l’augmentation de l’effet de serre. Rappelons que sur cette planète, certains brûlent encore des bouses de vache pour faire la cuisine. L’énergie n’est jamais gratuite, elle se vole dans les poches de plus en plus vides de la Biosphère. Les délices de Capoue ont toujours une fin…
Il suffit de taper « agrocarburant » sur le moteur de recherche interne à notre blog pour en savoir plus, par exemple :
mai 2015 : Les véhicules à moteur n’auront bientôt plus d’énergie. On croyait remplacer l’essence par des agrocarburants, on déchante. L’union européenne revient en arrière et « limite l’usage des agrocarburants nocifs pour la planète » après en avoir fait un cheval de bataille…
octobre 2013 : Les intérêts de l’industrie des biocarburants risquent de prendre le dessus sur notre responsabilité commune d’assurer le droit à l’alimentation…. Le minimum serait que le texte final fasse référence à l’impact des politiques d’incorporation obligatoire dans les carburants d’origine fossile sur la sécurité alimentaire mondiale…
janvier 2012 : Les agrocarburants contribuent à la déforestation. Au Brésil, en Indonésie ou en Malaisie, les cultures nécessaires se développent souvent au détriment de la forêt vierge : le bilan écologique est alors clairement négatif, la forêt ne sert plus à lutter contre le réchauffement climatique. Si nous ajoutons le fait que les changements d’affectation des sols entraînent la perte d’écosystèmes captant le CO2, la situation devient encore plus tendue…
octobre 2011 : le CSA (Comité de la sécurité alimentaire mondiale) révèle ce qu’on savait déjà : les agrocarburants sont méchants. Le CSA découvre que les politiques de soutien des nécrocarburants sont largement coupables de la flambée des prix internationaux des produits alimentaires en 2007-2008. Notre soif de carburant vient concurrencer les cultures vivrières et accélère la course aux terres arables…
février 2008 : La faiblesse des outils d’évaluation environnementale, sociale et économique ont conduit les politiques à prendre des décisions mal informées en matière de « bio »-carburants. Telle était la conclusion d’un séminaire organisé par le ministère français de l’écologie fin janvier 2008.
* LE MONDE éco du 10-11 juin 2018, Les agriculteurs commencent à bloquer raffineries et dépôts de carburant
Dans bio-carburant, le bio c’est pour les naifs. Dans eco-systeme, c’est éco qui est pour les naïfs. Les ecolos (scientifiques) pensent animal-machine quand ils disent eco-systemes mais pourtant sont des ecolos. Avec de tels biais, pas étonnant qu’on brule le vivant sans meme se poser de questions.
Il faut dire aussi que le préfixe Bio n’aide pas les naïfs à réfléchir.
Avant on disait « biocarburant » , on mettait un joli vert sur la pompe et sur la pub et l’affaire était dans le sac , les écotartuffes pouvaient s’éclater avec leur 4X4 à la con.science tranquille. Mais rapidement, voyant les cou..lles (pas seulement celles de l’orang-outang) on s’est dit qu’il fallait sauver le soldat Bio. On avait encore besoin de lui, il était d’une efficacité redoutable, pas question qu’il se fasse plomber. Et c’est là qu’on a dit « agrocarburant ». De toute manière de l’ Agro on s’en fout, depuis belle lurette tout le monde sait qu’elle est pourrie.
Et maintenant on dit « nécrocarburant ». En espérant que ce nouveau mot nous fera comprendre que vroum.vroum c’est fini.
L’un des principes de fonctionnement de la nature est que le carbone accumulé par les plantes (et donc retiré à l’atmosphère) est, à leur mort, en partie enfoui dans les sols, à terme beaucoup est finalement restitué à l’atmosphère mais une petite partie est stockée quasi définitivement, par exemple par sédimentation des bois entrainés par les fleuves jusqu’aux océans
Quelle que soit la plante utilisée (palmier, colza ou autre), son utilisation pour des bio carburants brise ce cycle et rejette l’ensemble du carbone dans l’atmosphère (sans compter celui utilisé pour la manutention et le traitement).
Si nous ne faisions pas cela, les plantes à l’état naturel stockeraient autant de carbone et ne le relâcheraient que partiellement
Il n’y a pas de bonne solution, seule une activité beaucoup plus réduite des hommes sur la planète peut conduire à quelque chose de durable. Oui beaucoup ont été très naïfs sur les bio carburant et encore une fois beaucoup d’écologistes en premiers !