Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot :
On m’a reproché beaucoup de choses, d’avoir conseillé à Jacques Chirac de constitutionnaliser la Charte de l’environnement, d’avoir poussé Nicolas Sarkozy à engager le Grenelle de l’environnement, d’avoir été pendant trois ans l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, d’avoir piloté des émissions grand public tournées vers l’amour de la nature et la considération des sociétés premières, d’avoir tenté de sensibiliser de grandes entreprises à agir pour l’écologie, d’avoir affirmé que l’écologie n’était ni à droite ni à gauche, mais bien au-delà, d’avoir rencontré Bayrou, le pape François… ou Macron. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ! Je suis sidéré par la violence étalée sans vergogne ; les blogs, les échanges sur Internet en constituent trop souvent la sinistre démonstration. Il semble que ce qui se connecte avec le plus d’aisance, ce sont les mécontentements, les aigreurs et les haines. Est-ce là l’idéal promis naguère par l’instauration d’un village planétaire ? Allons plutôt chercher auprès de l’autre ce qu’il apporte à la collectivité humaine au lieu de nous acharner à faire la liste de ses faiblesses et de ses incohérences. Approcher l’autre demande de l’attention, du respect. C’est à ce prix que l’homme actuel cessera d’être celui qu’Edgar Morin ne qualifie rien moins que d’Homo demens.
Le livre de Claude Allègre en 2007, « Ma vérité sur la planète », était un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilisait les généralisations les plus abusives contre les écolos et il me prenait à partie : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier. » Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de toutes les attaques que j’ai subies. L’animosité du mensuel La Décroissance à mon égard est ancienne. Ce journal avait déjà fomenté en 2007 un « pacte contre Hulot » alors que je venais de sensibiliser les candidats à la présidentielle en leur faisant signer le « pacte écologique » de 2006. Prenons leur numéro de septembre au moment de la primaire EELV où j’avais affronté Eva Joly : « La défaite de Nicolas Hulot est aussi notre victoire ». Je suis présenté comme le vendeur de shampoing, un bouffon, la caution verte à la fois de Chirac, Sarkozy et Hollande, un renfort de l’orientation néo-libérale de Macron, un produit et agent du système atteint du syndrome du dictateur, un pur produit et agent des grands médias qui empêche l’émergence de toute parole subversive. En juillet-août 2016 dans « Le spectre d’une candidature Hulot », le rédacteur en chef de La Décroissance se permettait d’écrire : « Certains savent parfaitement que l’ex-animateur de TF1 est un attardé au sens clinique du terme… il avait avoué tourner au Solupred, un corticoïde pour malade bipolaire » Arrêtez, la coupe est pleine.
Début janvier 2018, des amis écolos m’invitent à dîner. Je me confie : « Vous savez, ce que j’ai appris, c’est qu’il n’y a vraiment que trois façons de détruire un homme en politique : l’alcool, l’argent et le sexe. » Depuis des mois, je subis toutes sortes d’insinuations, de rumeurs, d’interrogations. Je me suis senti traqué. C’est déjà la crainte de la rumeur qui m’avait poussé à mon renoncement à la présidentielle 2017. Toujours ces attaques qui s’en prennent indirectement à ma famille, à sa stabilité. Mais là, on est passé à un autre registre, on sort l’arme infaillible, celle qui blesse, qui tue. Je m’exprime le 8 février 2018 sur BFM-TV juste avant la parution d’un article d’Ebdo relayant des rumeurs ignominieuses d’agression sexuelle. Il s’agit d’une plainte déposée en 2008, par une jeune femme majeure et concernant des allégations remontant à 1997, classée par la justice « sans suite ». On a franchi une ligne rouge, on touche à mon honneur, à ma famille… Hier, on a fait pleurer mes enfants, je vis un cauchemar. On a eu il y a longtemps des relations de séduction, peut-être que ce qui nous a semblé anodin à une époque ne l’est plus aujourd’hui, le ressenti des femmes s’exprime et c’est très bien. Je n’ai pas peur de la vérité, j’ai peur de la rumeur, car c’est un poison lent qui tue. Cela fait mal quand c’est injuste, quand c’est infondé. Ça fait mal mais je suis debout, je ne pense pas à la démission, seule ma famille guidera ses choix. C’est ma famille qui prime, c’est sa résistance qui prime et c’est cela qui guidera ma décision, mes choix. J’ai été obligé de passer par un communicant de crise, Stéphane Schmatz, avec lequel j’ai parlé très longuement. Il ne fallait pas que je démissionne, ce serait perçu comme un aveu de culpabilité. Par contre la meilleurs stratégie dans un tel cas, c’est le « déstockage ». Il faut raconter ce qui s’est passé, au plus près de la réalité. Si tu montres que tu dis la vérité et que tu n’as rien à cacher, c’est la voie du salut médiatique. Le rôle des contre-pouvoirs n’est certainement pas de chercher à détruire ceux qui exercent le pouvoir.
Macron me soutient officiellement : « On rentrerait dans une drôle de société si les responsables politiques devaient être constamment mis en cause pour des choses déjà jugées. » Le premier ministre m’a adressé un message de soutien dans cette épreuve qui m’affecte, moi et ma famille. De même la secrétaire d’État à l’égalité entre les hommes et les femmes qualifie d’irresponsable cet article du magazine l’Ebdo. Vous êtes coupable parce que je le veux, nous dit une certaine presse. J’ai déposé plainte pour diffamation.
Ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…
Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne peut avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en reste au business as usual…
– « peut-être que ce qui nous a semblé anodin à une époque ne l’est plus aujourd’hui »
En effet c’est possible, je crois même que c’est le cas. Et dans l’autre sens c’est pareil. Ce qui nous semblait indigne, dégueulasse etc. à une époque ne l’est plus aujourd’hui. Et, ça nous semble même anodin. Et en plus, comme la vérité a laissé la place à l’opinion, nous ne savons plus où nous en sommes. Chacun croit donc ce qui l’arrange, autrement dit n’importe quoi.
Et au nom de la sacro-sainte «liberté d’expression» et de la non moins sacro-sainte «transparence», au service de la lutte contre les discriminations etc. etc. chacun se croit autorisé à balancer tout et n’importe quoi. Balance ton porc, Cash-Inquisition etc.
Hulot n’est pas le seul, ni le premier, ni malheureusement le dernier, à faire les frais de ce BASHING (lynchage meRdiatique). C’est l’époque qui veut ça, tout connement !
Cette plaie ne concerne pas que le monde politique et/ou celui des affaires, mais tout ce qui est merRdiatique. Actuellement c’est la natation et le judo qui font parler d’eux.
Imaginons-nous face à un un couple, les deux arborant un superbe coquard, et bien sûr avec deux versions radicalement opposées : «C’est toi qu’à commencé ! Non c’est toi ! T’es un menteur ! Non le menteur (la menteuse) c’est toi !» Avec ça nous voilà bien avancés.
Là encore va savoir qui dit la vérité. Mais ça ne fait rien, les un(e)s et les autres ont besoin de prendre parti, de commenter, de twitter etc. Bref c’est minable. Misérable !