On quitte l’Elysée ou le gouvernement et on en fait aussitôt un livre. Ainsi va la médiatisation de la vie publique. Nous avons aujourd’hui les gémissements de Valérie Trierweiler sur ses mois passés avec François Hollande, nous avons eu la charge violente contre François Hollande faite par sa ministre du logement EELV Cécile Duflot. L’ex-ministre du Développement EELV Pascal Canfin ne pouvait être en reste… sauf qu’il essaye d’être plus constructif. Le problème, c’est qu’il n’y a pas beaucoup plus d’écologie chez Canfin qu’il n’y en avait dans le livre de Duflot.
Nous n’avions pas aimé la page de couverture du livre « De l’intérieur », l’image en gros plan de Duflot exprimait le culte de l’ego. Nos n’aimons pas la page de couverture du livre « Imaginons… », Canfin porte une cravate. Il est loin le temps du pull-over rouge de René Dumont à la télévision quand il s’était présenté comme candidat écolo aux présidentielles 1974. Depuis l’écologie politique s’est institutionnalisée et ses représentants se sont pliés aux règles du système. Nous n’avons plus des militants qui critiquent les bases de la société marchande, nous avons un syndicat d’élus qui cultive les postes administratifs.
Analysons le premier chapitre du livre de Canfin, dialogue avec une ouvrière de l’automobile. N’attendez pas une charge contre les transports par route et prônant la fin de l’automobile programmée par l’épuisement des énergies fossiles, il n’y en aura pas. L’essentiel pour Canfin est que l’ouvrière Aline Cachard soit membre du syndicat Sud et produise de très beaux camions… respectant la norme Euro 6 fixant les limites maximales de rejets polluants. Après quelques détours par les Femen au « comportement provocateur » et l’exhortation à une « alimentation de bonne qualité pour tous », Canfin soutient « l’encadrement des loyers » (par Cécile Duflot) et regrette les dépenses contraintes : « Une automobile coûte en moyenne 6000 euros pas an. » Où est l’écologie ?
« Blablabla » est d’ailleurs le titre de la recension des livres de Duflot et Canfin par le mensuel La décroissance**. Quelques extraits : « Pascal Canfin enfile des banalités sur des sujets qui partent dans tous les sens : burqa, légalisation du cannabis, régulation de la finance, vote FN, fiches cuisine… Dans cet embrouillamini, très peu de pages sont consacrées à l’environnement… La conclusion de Pascal Canfin est édifiante : « La parité femmes-hommes, le non-cumul des mandats, la transparence des patrimoines, le mariage pour tous… aujourd’hui je me concentre sur cette bataille des idées ». Dans la bataille des idées d’EELV, le mariage pour tous prime sur la destruction des écosystèmes. »
* Les Petits matins 2014, 238 pages, 10 euros
** La décroissance de septembre 2014, page 14
René Dumont, c’était sur une autre planète.