La considération du point de vue écologique amène à une analyse singulière du phénomène des flux migratoires entre le Nord et le Sud. Si l’immigration en provenance des pays pauvres est un phénomène positif du point de vue de l’émigrant, qui trouvera peut-être de meilleures conditions de vie, mais aussi du pays d’accueil qui trouve des « bras » supplémentaires pour payer les retraites du papy boom, un phénomène vicieux du point de vue démographique vient affecter cette belle harmonie. En effet, si un pays interdit tout départ de sa population, ce que fait la Chine communiste, alors il est obligé de parvenir à la maîtrise de sa démographie. Il apparaît ce que la sociologie appelle un « effet cocotte-minute » qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où la politique de l’enfant unique. Sinon la cocotte saute, le peuple est dans la rue. En revanche dans le cadre de liberté de flux migratoires, une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail sur le pays de départ, partira pour en trouver dans les pays d’accueil. Le phénomène de cocotte-minute est inexistant, ce qui libère l’autorité de la tâche de contrôler la démographie du pays, et accélère l’expansion démographique mondiale.
Le droit de se déplacer selon son désir individuel empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter humainement avec des migrations de masse. Alors que les humains ont atteint les limites de toutes les frontières, y compris celles de la planète, ils doivent dorénavant se contenter du territoire où peuvent s’exprimer leurs solidarités de proximité. Les Inuits n’émigrent pas, leur terre recouverte de son manteau neigeux huit mois sur douze leur paraît trop précieuse.