Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Elle a été soumise au vote des électeurs suisses le 9 février 2014. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse, preuve que le sujet a suscité beaucoup d’intérêt de la part des électeurs. Il y aura donc des plafonds annuels à l’immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjour en Suisse. C’était sur notre blog à l’époque.
Aujourd’hui le Parlement helvétique, chargé de mettre en œuvre ce vote radical, est en pleine reculade, faute d’avoir réussi à résoudre la quadrature du cercle, également au cœur des négociations sur le Brexit : comment limiter la libre circulation des travailleurs de l’Union européenne tout en maintenant des traités commerciaux avec celle-ci ? Les quotas ne sont envisagés qu’en dernier recours, les députés privilégient surtout les mesures de prévention comme la publication des offres d’emploi d’abord en Suisse, afin d’inciter les employeurs à la préférence nationale*.
Le référendum et son système de démocratie directe est encore une fois remis en question. Jean-Luc Addor, membre UDC de la commission parlementaire sur le sujet, juge le compromis législatif inacceptable. « C’est contraire à la volonté populaire. Nous voulions restaurer un semblant de souveraineté en Suisse et au contraire, on a un texte de soumission à l’Union européenne, qui ne limitera en rien l’immigration. » Nous avons dans cette affaire toute la complexité de la recherche collective du bien commun. Mais pour un écologiste, le libre échange comme la libre circulation des personnes s’opèrent au détriment de l’équilibre des écosystèmes et de l’organisation socio-économique des territoires. La maîtrise des flux de population et de marchandises est une nécessité. Le semi-échec de cette votation en Suisse n’est donc qu’un exemple de l’évolution en cours vers une relocalisation de l’emploi et de la production. D’ailleurs les quotas à l’immigration sont déjà une réalité pour les personnes qui n’appartiennent pas à l’espace européen !
* LE MONDE du14 septembre 2016, La Suisse recule sur les quotas d’étrangers