Où s’arrêtent les lois de la Nature et où commence celle des humains ? Pour les humains contemporains, cela paraît évident. La nature leur est soumise et ils peuvent tout faire sans contrainte externe ; tout se joue dans les délibérations sociales. Ainsi la fécondation in vitro est-elle passée dans les mœurs. Ainsi l’Assemblée nationale autorise-t-elle le transfert d’embryon post-mortem*. Ainsi l’homosexualité doit-elle s’afficher sur le lieu de travail, 53 % des homos y faisant déjà part de leur orientation sexuelle*. La nature peut nous rendre stérile, les individualistes contemporains s’en foutent, ils veulent un enfant, même quand ils sont du même sexe, même quand le mari est mort. Qui en profite ? Les marchands. Qui gagne du fric sur le DPI (diagnostic préimplantatoire, pratiqué sur les embryons fécondés in vitro) ou avec le Cecos (Centre d’études et de conservation des oeufs et du sperme humains) ? Même quelques femmes et pas mal d’intermédiaires peuvent transformer la gestation pour autrui en affaire financière**. L’argent gangrène tout et transforme le fait biologique de donner la vie en droit à l’enfant à n’importe quel prix.
L’activisme humain perturbe toutes les lois de la nature, les cycles de l’eau, du carbone, du phosphore, et même celles de la naissance et de la mort. Donner la vie malgré sa stérilité n’est que l’aboutissement d’une civilisation techno-industrielle qui donne aux humains la possibilité d’échapper à l’équilibre naturel dynamique qui empêche une espèce de proliférer continuellement au détriment de son milieu. L’explosion démographique autorisée par nos techniques médicales, hygiénistes et thermo-fossiles est une erreur globale qui nous projette à toute vitesse vers les limites de la planète. La fécondation in vitro n’est qu’un gadget, un luxe de riches qui n’aura pas d’avenir dans une société égalitaire en harmonie avec sa biosphère.
Il y a des techniques douces comme le préservatif ou le stérilet. Il y a des techniques dures comme le DPI et les mères porteuses. Nous devrions avoir la lucidité de pouvoir choisir les techniques qui nous mettent en conformité avec les lois de la nature.
* LeMonde du 12 février 2011, L’Assemblée nationale autorise le transfert d’embryon pot mortem ; 26 % des homosexuels se disent victimes d’homophobie au travail.
** LeMonde du 9 février 2011, La gestation pour autrui : une extension du domaine de l’aliénation !
@ Raphaël
Vous dites : « Drôle de conception de l’équilibre: l’équilibre ne se décrète pas. Il s’impose de lui-même. »
Vous prenez paradoxalement la question climatique comme exemple. Or ce phénomène est principalement anthropique, donc les humains qui en sont la cause peuvent agir différemment pour rétablir l’équilibre dynamique. Prenons nos responsabilités !
Que les Africains qui procréent ou les Chinois qui adoptent le modèle de consommation occidental continuent, et c’est le dérèglement climatique assuré. L’équilibre ne s’imposera pas de lui-même, sauf à une échelle de température peu compatible avec notre stabilité sociale.
Par contre, vous avez raison de souligner que c’est l’augmentation du prix du baril qui nous imposera les économies d’énergie. Car à l’heure actuelle, ni la plupart des citoyens ni les politiques ne savent prendre leurs responsabilités face aux crises écologiques que nous avons créés grâce à nos techniques.
Se soigner lorsqu’on est malade n’est pas un choix génétiquement programmé, c’est une liberté que s’octroient certaines personnes. Qui en ont les moyens qui plus est. Un luxe de riche, en somme. Il n’en reste pas moins que se soigner obéit à un autre instinct, celui de la survie, même si pour vous il vaut mieux faire preuve d’altruisme et débarrasser la planète de sa présence agressive et contre-nature…
Drôle de conception de l’équilibre: l’équilibre ne se décrète pas. Il s’impose de lui-même. L’équilibre est tout sauf statique. Il est au contraire purement dynamique: toute modification entraînant une rupture de l’équilibre préexistant provoque une situation d’instabilité, puis un réajustement qui produira un nouvel équilibre. Qui sera a nouveau brisé l’instant d’après.
Toute tentative de compromis est vaine tant elle est éphémère: la stérilisation massive des Africains, l’abandon des malades à leur sort, l’extermination des Chinois et la guérison de l’homosexualité n’empêcheront pas le réchauffement climatique si, la demande en baisse de pétrole entraînant une chute des prix, Européens et Américains se remettent à en consommer à tort et à travers. Par contre, permettez aux Africains de procréer, soignez les malades, laissez les Chinois vivre et les homosexuels confesser leur orientation au travail, et vous verrez comment, le prix de l’énergie aidant, chacun fera plus attention à ce qu’il brûle. En résumé, une nouvelle situation d’équilibre…
Au final, les techniques humaines que vous décriez tant ne sont, en tant qu’éléments de nos cultures, que des réponses évolutives face aux diverses ruptures d’équilibre.
@ Raphaël
Il est étonnant de croire que la reproduction chez les humains est un « instinct ». La fécondation in vitro n’est pas un choix génétiquement programmé, c’est une liberté que s’octroient certaines personnes. Mais quelle est la vérité de ce choix, si ce n’est faire un enfant pour satisfaire son ego ?
L’équilibre entre les lois de la nature et la toute puissance de l’homme grâce à ses techniques et son sentiment de toute puissance est difficile à trouver. Cela ne doit pas nous empêcher de le chercher…
La stérilité n’est pas un choix, c’est une maladie. Lorsque vous avez une grippe, vous ne vous soignez pas? Ou bien faut-il laisser mourir tous les malades sous prétexte que les soigner, c’est aller contre la sélection naturelle?
Ce blog est définitivement un ramassis d’inépties: où se produit actuellement l’explosion démographique dont vous parlez? En Afrique. Et, que je saches, ce continent n’est pas connu pour être le meilleur exemple d’implantation de techniques médicales, hygiénistes et thermo-fossiles…
Vous parlez de lois de la Nature; j’en connais au moins deux: l’instinct de reproduction et l’évolution. Lorsqu’un couple choisi la fécondation in-vitro, il ne fait qu’obéir à cet instinct immémorial. Quant à l’Homme, il obéit également à l’évolution par l’entremise de sa culture et de sa technologie.
Vous opposez le Bien, représenté par les techniques de contrôle des naissances, et le Mal, incarné par les techniques d’assistance à la reproduction. Pour ensuite plaider pour la liberté de choisir, mais encadrée par les exigences de votre Vérité! Sans d’ailleurs penser que le contrôle des naissances n’est lui que le pur produit de la société industrielle… Remarquez, vous n’êtes plus à un paradoxe près… Et à l’instar de François Favre, je vous demande: qu’à donc à voir l’homosexualité là-dedans? Je ne sais pas si cette dernière est « naturelle » ou non, mais surtout, qu’est-ce que ça peut bien vous faire? Qu’est-ce qu’elle agresse le plus? La Nature ou votre idéal de société?
La réflexion est un peu courte, il me semble. Les lois de la nature sont simples et cruelles: élimination des individus faibles, élimination des populations qui ne sont plus adaptées à leur milieu. A ce compte, prendre soin des personnes présentant des handicaps n’est pas naturel, venir en aide aux populations du tiers-monde victimes de sécheresses n’est pas naturel. Je ne vois pas de différence de nature entre l’empathie nous poussant à mener ces actions et celle poussant à autoriser des parents stériles à avoir un enfant. Et si ce n’est qu’une différence de degré, où placer le curseur?
Il y a quelques siècles de cela, un individu né très myope voyait ses chances de survie fortement réduites. C’était sans doute plus naturel.
Qu’est-ce que l’homosexualité a à voir avec les lois de bioéthique ? Quel rapport entre l’homosexualité et le diagnostic préimplantatoire, le transfert d’embryon post-mortem etc ? Cette homophobie (l’homosexualité ne serait pas naturelle) est indigne de quelqu’un qui se réclame de l’objection de croissance.
« Une anthropolitique relativiserait la position de l’homme au sein de la nature. Elle le protégerait de sa tentation du vertige, de sa propension à la démesure et à la destruction. Homo demens des sociétés thermo-industrielles sollicite d’urgence un encadrement politique, une politique de civilisation. Aller vers la sobriété, c’est une question matérialiste et non morale, c’est la seule politique planétaire de paix. »
In LABO Planète (où comment 2030 se prépare sans les citoyens) de Jacques Testard, Agnès Sinaï et Catherine Bourgoin
« Avons-nous le droit de contrecarrer de manière irréversible la sagesse évolutionnaire de millions d’années pour satisfaire l’ambition et la curiosité d’une poignée de scientifiques ? Ce monde nous est donné en usufruit. Nous venons et nous partons, nous laissons la terre et l’air et l’eau à d’autres qui viennent après nous. Ma génération a engagé une guerre coloniale destructrice contre la nature. Pour cela l’avenir nous maudira »
Pierre-André Taguieff in La bioéthique ou le juste milieu ; une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien