Le sport n’est pas un jeu. C’est une industrie du spectacle qui rapporte de l’argent pour un tout petit nombre, le dopage pour les sportifs dans l’arène et des dépenses inconsidérées que financent tous les autres. Voici deux exemples, le vélo et le foot.
Antoine Vayer a calculé les puissances développées par les coureurs: « Un seul coureur semble avoir toujours eu des performances « humaines », Greg LeMond. Il remporte le Tour de France avec une moyenne de 400 watts en 1986, 1989 et 1990. Il reste dans le vert. Tous les autres vainqueurs sont « flashés » à un moment ou à un autre de leur carrière au-delà de 410 watts (ce qui représente pour nous le niveau suspect), de 430 watts (miraculeux, Lance Armstrong avec une moyenne de 438 watts en 2001), voire de 450 watts (mutant : Miguel Indurain avec 455 watts de moyenne en 1995). Avec l’arrivée de l’EPO au début des années 1990, un coureur qui pouvait développer 400 watts pendant vingt minutes se met à en développer 440 pendant quarante minutes… Depuis 2012, l’UCI interdit la télétransmission des mesures de puissance. C’est plus commode de se cantonner à la première partie de la définition du dopage : « Pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des méthodes interdites », et d’évacuer la deuxième : « afin d’augmenter ses capacités physiques ou mentales : ses performances ». Or, déceler les produits est difficile et les contrôles restent facilement contournables. Les performances, elles, ne mentent pas… »*
Miracle du dopage, connerie du sport. Les journalistes « sportifs » qui ont suivi le Tour 2012 se plaignaient d’un tour ennuyeux car il n’y avait plus un seul coureur pour « dynamiter » le peloton. Se doper était en effet devenu très difficile. Mais tout le problème est là, les bavards des médias ont besoin de « corrida »… parce que le public est grisé par la performance… des autres**. Quand on ne suit pas le sportif du haut de sa moto ou d’un hélicoptère, on se rassemble dans un stade, le Grand Projet Inutile par définition qui, sans vouloir vexer les éléphants, est un véritable « éléphant blanc ».
Un éléphant blanc est une réalisation d’infrastructure plus coûteuse que bénéfique décidée « pour le prestige » par des politiques pour le plus grand profit d’investisseurs sans scrupules. Ce phénomène touche aussi bien l’Afrique que l’Europe. Il n’épargne pas le Brésil : « Désormais Manaus aura son arène de 44000 places (pour le mondial 2014), née de l’imagination des meilleurs architectes enivrés de formes globales pour 205 millions d’euros… Il faut remonter en 1969 pour voir 23000 personnes, un record, dans les tribunes d’un stade… Manaus manque d’établissements scolaires et d’un réseau de santé de qualité… Manaus n’est pas le seul éléphant blanc. D’autres pachydermes de béton ont été repérés à travers le Brésil… Des cathédrales pour des sportifs sans public…. » *** Mirages des bétonneurs, connerie du sport.
* LE MONDE Sport&forme du 8 juin 2013, Armstrong, presque un petit joueur à côté du roi Miguel
** Pour une analyse plus approfondie du Tour de France :
Le sport, anti-nature, antipathique, pro-capitalisme
*** LE MONDE Sport&forme du 8 juin 2013, Les éléphants blancs du Brésil
L’analyse de la puissance développée par les coureurs sur longue durée est en effet celle qui doit être menée et des puissances supérieures à 400 watts sont souvent suspectes (on doit toutefois tenir compte de la stature générale un coureur de 80 ou 85 kg (c’est rare) développe naturellement plus qu’un grimpeur de 55 kg. L’augmentation de la puissance développée à partir des années 90 était un indice fort de l’utilisation massive de l’EPO qui a depuis été confirmée. Cette puissance n’augmente plus aujourd’hui. (notez au passage la faiblesse de la puissance développée par un champion, la moindre de nos machines domestique est beaucoup plus puissante, il est vrai qu’un corps humain développe 4/5ème de sa puissance sous forme de chaleur plutôt que d’énergie mécanique).
Toutefois aujourd’hui une bonne partie du peloton est propre (pas tous bien sûr) mais les contrôles sont très nombreux et il me semble toujours un peu injuste d’attaquer le cyclisme. D’une part c’est un des sports les plus durs et l’un de ceux ou le rapport entre les gains et les efforts est le plus faible. Beaucoup de coureurs, même en étant dans les 300 meilleurs mondiaux (et nous sommes 7 milliards !), gagnent très moyennement leur vie. D’autre part, c’est de très loin le sport qui a fait le plus contre le dopage. La quasi totalité des vedettes ont été sanctionnées (et pas seulement les « sans grades » comme on l’a parfois dit pour donner une connotation de gauche à la critique du Tour de France).
Pas un seul sport n’a fait autant. Pensez aux contrôles inopinés qui font qu’aujourd’hui, un coureur ne peut s’absenter de chez lui plus de deux ou trois heures sans devoir le déclarer aux instances. Pensez surtout que la proportion de tennismen, de footballeurs, inquiétés par ces affaires est de plusieurs ordres de grandeur inférieure à celle qui touche les cyclistes. Il y a une injustice à taper sur ceux qui se donnent le plus de mal et sont aussi de très loin les plus sanctionnés.
Didier, ne vous trompez pas sur notre message.
Il en est du Tour de France comme des autres sport-spectacles, qu’ils se passent à Roland Garros ou à Manaus : une machine financière à décerveler les masses et à casser des athlètes. Que les uns soient plus contrôlés que les autres ne change rien à l’affaire.
Faites du vélo en famille ou pour aller au boulot, là est la véritable bouffée d’air dans notre monde frelaté.