la faute aux économistes !

Nous pouvons sans nous tromper parler de léthargie intellectuelle des économistes universitaires. Si nous étions en présence de vrais économistes, nous mettrions un terme à la croissance du « throughput » avant que les coûts sociaux et environnementaux qu’elle provoque ne dépasse les bénéfices qu’elle génère. Le « throughput », c’est ce flux métabolique des matières et d’énergie qui part de sources environnementales, traverse le sous-système économique de la production et de la consommation et qui revient dans l’environnement sous forme de déchets. L’irresponsabilité de nos élites reflète un aveuglement quant aux limitations de notre monde matériel tant au niveau des ressources naturelles que de la capacité des écosystèmes à absorber nos déchets. De 1950 à 2010, la taille de l’économie mondiale a été multipliée par plus de cinq. Si elle continue à croître à la même vitesse, d’ici l’an 2100 elle sera 80 fois plus grande qu’en 1950. Cette extraordinaire montée en puissance de l’activité économique n’a aucun précédent historique. Elle est en contradiction complète avec nos connaissances scientifiques concernant les ressources finies, et l’écologie fragile dont nous dépendons pour survivre. Les raisons structurelles de cet aveuglement collectif sont assez faciles à trouver : les économistes libéraux.

Alain Caillé et Gérald Berthoud avaient été stupéfaits en 1981, lors d’un colloque sur le don, de la récurrence d’un discours selon lequel seul existe le calcul conscient et rationnel. Ils fondent alors le bulletin du Mauss pour lequel l’anti-utilitarisme est d’abord un anti-économisme. Ce n’est pas parce que le tournant libéral porté par Reagan et Thatcher au début des années 1980 a inondé la planète que cette parole témoignait de la vérité. Le marché est une invention récente, l’économique est normalement encastré dans le social. Il reste maintenant aux économistes et même aux partisans de l’anti-utilitarisme à comprendre que le social est à son tour encastré dans la biosphère, dans le  circuit écologique.

Sources de réflexion :

LeMonde du 6 août, « Diffuser des idées anti-utilitaristes »

Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson

3 réflexions sur “la faute aux économistes !”

  1. @ New-yorkais
    Nous connaissons bien sûr (en français) les externalités négatives à la Pigou et nous attendons en vain qu’elles soient vraiment internalisées. Nous te conseillons à nouveau de lire le rapport gouvernemental (SDC, commission pour le développement durable) de Tim Jackson, Prosperity without Growth – Economics For a Finite Planet.

    Nous t’indiquons la phrase-clé de ce livre : « N’existe-t-il pas un stade où « assez, c’est assez », un point à partir duquel nous devrions arrêter de produire et de consommer autant ? » La théorie économique reste muette sur cette question.

  2. You should learn a bit of economics before writing to criticize it. I recommend you pick up any elementary economics textbook and consult the section on « negative externalities, » a market failure well understood by even the most laissez-faire economist. The vast majority of academic economists are in favor of « pigovian taxes » and/or « cap and trade » as a market-based solution to these problems. Don’t amalgamate the views of conservative politicians with those of academic economists. They are very different. A basic understanding of elementary economics is sufficient to see this.

  3. Catenlancion

    Le marché est certes une invention récente pour les théoriciens, mais il a existé dès l’aube de l’humanité. Tout d’ailleurs comme la bêtise, et ce billet, connoté khmer vert, en une superbe illustration.


    @ Catenlancion,  remarque du modérateur du blog biosphere :
    Il est récurrent sur ce blog que des commentateurs parlent de « khmer vert » sans jamais démontrer leur point de vue. En quoi l’idée de throughput et l’anti-utilitarisme sont-ils dignes d’un khmer vert ?

    Sans réponse de votre part, Catenlancion, nous pourrons déterminer de quel côté la bêtise se trouve.

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