La fin des inégalités, c’est pour demain !

Notre société est toujours une royauté, avec ses privilégiés qui n’ont pas un carrosse mais un avion personnel, par de palais mais des demeures luxueuses disséminées dans le monde entier, pas de jets d’eau dans le jardin mais des palaces flottants dans les paradis fiscaux. Rares sont les transfuges de cette super-classe. Abigail Disney, une des héritières de l’empire Disney, a adhéré en 211 au club des Patriotic Millionaires, les millionnaires patriotiques, super-riches culpabilisant de l’être un peu trop. En octobre 2019, Abigail a reçu la distinction de « traître de classe », décernée par l’Union pour une économie juste, une association fondée par Chuck Collins, 60 arrière-petit-fils du magnat du hot-dog, Oscar Mayer. Un social-traître lui aussi : à 26 ans, il distribuait la totalité de son héritage à des organismes de justice sociale et environnementale.*

La différence de revenus entre personnes est non seulement injustifié d’un point de vue économique, mais insupportable d’un point de vue écologique. Un jour où Abigail voyageait, seule dans le Boeing 737 familial, installée dans son grand lit, elle a réalisé que l’avion était un peu disproportionné. « L’empreinte carbone, le carburant. Je me suis dit que c’était totalement erroné. » En mars 2018, on l’informa qu’à Disneylan. le personnel n’arrivait plus à joindre les deux bouts. « C’était censé être l’endroit du plus parfait bonheur sur terre, et les employés étaient si mal payés qu’ils étaient obligés de dormir dans leur voiture ou de se nourrir dans les banques alimentaires », a-t-elle relaté. Parallèlement, Disney avait enregistré un profit de 13 milliards de dollars et son PDG, Bob Iger, avait été gratifié d’une rémunération de 65 millions de dollars. Soit plus de mille fois le salaire médian des salariés. Comment passer de ce cas particulier à une proposition globale ? Avec les Patriotic Millionaires, Abigail Disney fait maintenant campagne pour imposer une surtaxe de 1 % aux compagnies qui rémunèrent les patrons de 50 à 100 fois plus que les salariés – et de 4 % si le ratio est de plus de 300. La législation ne s’appliquerait qu’aux entreprises qui réalisent plus de 10 millions de dollars de revenus imposables. On peut aller beaucoup plus loin. Nos principes de base sur l’égalisation des conditions reposent sur deux points :

– La propriété, c’est le vol. L’homme ne travaille pas socialement pour lui-même mais pour le bien commun. Il n’a aucun droit absolu sur « son » entreprise », « son » capital, « sa » maison, « son » salaire, etc. C’est un locataire perpétuel temporairement embarqué dans des structures collectives qu’on appelle entreprise, capital financier ou technique, maison pavillonnaire ou HLM, participation à la valeur ajoutée de l’entreprise (pour le paiement des salaires ou le bénéfice)….

– A travail égal, salaire égal. Il n’y a pas d’inégalité de valeur entre le travail d’un éboueur et celui d’un PDG. Ils sont aussi utiles à la société l’un que l’autre, ils dépendent autant l’un de l’autre, ils ont les mêmes besoins matériels. Alors pourquoi alors à travail égal un revenu différencié ? L’unité monétaire devrait être définie par l’heure de travail, seul le nombre d’heures travaillées ferait la différence de revenu entre dirigeant et dirigés. Pratiquons la simplicité volontaire, exigeons des cadres et des patrons de faire de même.

Rappelons l’essentiel de notre article « Salaire élevé d’un patron, n’acceptons pas l’injustifiable » : L’inégalité des revenus permet à certains d’avoir une empreinte écologique démesurée alors que d’autres personnes vivent en dessous du minimum vital. Qu’est-ce qui justifie cet état de fait ? Aucun dirigeant d’entreprise n’a à lui seul le pouvoir de faire de l’argent. En fait il bénéficie du groupe de travail que constitue l’ensemble des travailleurs de l’entreprise. Sans personne à sa disposition, un patron n’est qu’une personne indépendante qui ne peut compter pour gagner de l’argent que sur ses propres forces; les artisans et commerçants travaillent beaucoup et ne gagnent pas grand chose. L’autre aspect est le chiffre d’affaires de l’entreprise, c’est-à-dire l’apport d’argent par les consommateurs. Plutôt que de rémunérer le seul patrons sur les bénéfices, on peut aussi bien distribuer l’argent à l’ensemble du personnel ou, mieux, redonner le surplus d’argent aux consommateurs en diminuant les prix de vente. D’ailleurs les montants versés aux dirigeants ne dépendent pas de leur « performance » individuelle mais de la taille de l’entreprise. Plus l’entreprise est grande, plus sa valeur ajoutée permet les fortes rémunérations d’une seule personne… avec la bienveillance d’un conseil d’administration inféodé à ce patron. Admettons qu’un patron travaille 15 heures par jour sept jours sur sept en pensant certaines nuits à son entreprise. Même dans ce cas il ne devrait être payé que trois fois la somme donné au travailleur de base de son entreprise, il ne turbine pas du chapeau plus de 100 heures par semaine ! En savoir plus grâce à notre réseau biosphere :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/06/supprimons-les-inegalites-de-salaires/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/07/supprimons-les-inegalites-de-salaires-suite/
Comment les riches détruisent la planète d’Hervé Kempf (Seuil, 2007)

* LE MONDE du 23 janvier 2020, Abigail Disney, héritière et « millionnaire patriotique »

3 réflexions sur “La fin des inégalités, c’est pour demain !”

  1. Les jeux d’argent, les lotos, les euromillions etc n’est rien d’autre qu’une mascarade ! Ces jeux entretiennent l’idée aux pauvres qu’ils pourront devenir riche un jour, MAIS ces jeux ne servent pas à faire gagner de l’argent aux pauvres, mais c’est un instrument de l’idéologie dominante permettant de cautionner et de légitimer l’idée qu’on puisse avoir le droit de cumuler autant d’argent…. Le fait que les pauvres croient qu’ils pourront devenir riche un jour, alors du coup les pauvres deviennent d’accord à ce que des individus puissent cumuler des millions et des milliards, les pauvres donnent leur approbation à pouvoir cumuler autant d’argent en terme de droit dans l’espoir de devenir riche un jour, ils veulent préserver ce droit de cumuler des millions ou des milliards d’euros au cas où ils gagneraient au loto un jour…. Alors que dans les faits, ils ne gagneront jamais…. Mais le fait que les pauvres donnent leur approbation à cumuler autant d’argent permet aux riches de rendre incontestable un tel cumul et de protéger leur patrimoine accumulé sans contestation… Les jeux d’argent sont un piège à cons qui empêchent de remettre en question la répartition des revenus.

    1. Cette fois je suis d’accord avec toi. Tous ces jeux de hasard destinés à la Populace ne sont que des pièges à cons. Et là aussi, ce n’est pas ça qui manque, les pièges à cons.
      Comme les Mickey-Land, les salons de l’Auto, les jeux du Cirque etc. ces Loto, grattages et autres tirages servent à faire rêver les pauvres. Qui comme on sait font des rêves de pauvres. Après tout et là encore, on n’a que les rêves qu’on mérite. Et en même temps, ils servent bien sûr à remplir les caisses. Tous les dealeurs savent que c’est sur l’addiction des junkies, autrement dit sur leur misère, qu’ils se font du blé. Mais d’une certaine manière ces jeux de hasard restent bien moins hypocrites que ce discours (libéral) selon lequel à force de travail et de mérite (?) chacun pourrait devenir millionnaire, voire milliardaire, autrement dit «réussir». Parce qu’au Loto et autres grattages et tirages, n’importe qui peut grimper dans l’échelle sociale. Enfin, quand je dis grimper, on pourrait dire aussi sombrer.
      En attendant, de mon côté quand je vois leur «réussite», je suis fier d’avoir échoué. 🙂

  2. Si chacun faisait l’effort de se mettre à la place de l’autre, je pense que le monde tournerait bien plus rond. Se mettre à la place de l’autre… pour le comprendre, tout simplement. Du moins essayer. Alors essayons de nous mettre à la place de ces pauvres malheureux millionnaires et autres milliardaires.
    Commençons par remercier la Providence de nous avoir épargné leurs tourments, leurs
    états d’âmes, imaginons combien ce doit être terrible que de vivre jour et nuit avec cet immense sentiment d’injustice. Mettons-nous un peu à leur place et compatissons.
    Imaginons-nous ayant pris de la hauteur, à bord de notre jet privé, imaginons-nous en train de penser à tous ces milliards d’êtres humains qui rêvent seulement d’avoir un vélo ou un âne. Imaginons alors le mal que nous aurions à trouver le sommeil, malgré le doux chuintement des réacteurs. Imaginons maintenant que nous l’ayons trouvé, le sommeil, et imaginons-nous en train de faire des rêves de pauvres. Imaginons que nous ayons gagné le gros lot au Loto, imaginons alors le poids de tous ces millions, les nuits blanches et les mouchoirs. Alors, afin tout connement de nous mettre en paix avec notre petite con science… imaginons-nous en train de distribuer nos biftons à tous ces pauvres malheureux qui en ont tant besoin. En commençant par nos pauvres milliardaires, évidemment.

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