Berlusconi en Italie soutient tacitement les violences faites contre les immigrés à Rosario. L’éditorial du Monde (13 janvier) constate : « Un parti anti-immigrés multiplie les provocations sans que personne ne s’émeuve, le racisme assumé gangrène la société italienne ». LeMonde s’interroge : « C’est l’occasion d’une réflexion sur une société multiethnique ». Mais cette analyse ne peut porter sur l’Italie seulement. La France de Sarko durcit constamment les lois sur l’immigration, l’UE a créé une « Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union européenne », le sénat américain a approuvé l’installation d’une clôture de 1123 km le long de la frontière du Mexique, les Australiens rejettent à la mer les réfugiés climatiques, etc.
Harald Welzer (les guerres du climat) pense que les conflits d’espace vital et de ressources auront, dans les décennies à venir, des effets radicaux sur la forme que prendront les sociétés occidentales. Comme les conséquences climatiques les plus dures frappent les sociétés disposant des possibilités les plus réduites d’y faire front, les migrations mondiales augmenteront dramatiquement au cours du XXIe siècle et pousseront à des solutions radicales les sociétés où la poussée migratoire est perçue comme une menace. Welzer n’est pas optimiste sur le nombre de réfugiés climatiques (qui vont s’ajouter aux autres) : « Les processus de rattrapage du retard industriel dans les pays émergents, l’insatiable appétit énergétique des pays tôt industrialisés et la diffusion mondiale d’un modèle de société fondé sur la croissance et l’épuisement des ressources font apparaître comme irréaliste qu’on limite à deux degrés seulement le réchauffement d’ici le milieu du siècle. » Dans ce contexte, l’interrogation ne peut plus porter principalement sur les questions d’intégration multiethnique quand la réalité porte déjà aujourd’hui sur les moyens mis en place par le Nord de limiter les flux d’immigrés venus du Sud.
Il faut donc nous préparer internationalement à la fin des migrations, que ce soit celle des immigrés du Sud ou des touristes occidentaux qui croient encore que tout est possible. Cela suppose un changement total de civilisation. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines ».
Si l’on veut limiter les migrations, climatiques ou non, il faut sans doute être plus justes avec les pays du Sud, plus équitables, c’est-à-dire, par exemple, payer les matières premières à un prix raisonnable et pas à prix bradé, afin que ces pays puissent se développer. Il faut cesser de soutenir ou maintenir des régimes corrompus qui bradent les matières premières, les terres et l’avenir de leur peuple même si nous en sommes en Europe les premiers bénéficiaires.
Pour limiter les conflits migratoires et la destruction de l’environnement au Sud, il y a une véritable nécessité humaine et écologique à développer un commerce mondial équitable, à aider le développement de ces pays (mais quel développement ?) et à renforcer la coopération scientifique et technique. Coopérér, afin que ces hommes et femmes trouvent dans leurs pays des conditions de vie telles que la question de l’émigration ne se posera même plus ou dans des proportions bien moindres. On ne peut plus faire semblant de coopérer ou mal coopérer.
Je crois qu’il est extrêmement réducteur de voir un phénomène 100 % culturel, peut-être peut-on accepter un peu de complexité et admettre que jouent aussi des questions économiques (en période de crise ces immigrés sont beaucoup plus stigmatisés, caricaturés).
Monsieur Biosphère est complètement hors de la réalité. Les conflits liés aux migrations n’ont aucun fondement territorial, ils sont 100 % culturels. Ce qui ne veut aucunement dire qu’ils n’ont pas de réalité. Au contraire, ils sont beaucoup plus difficilement surmontables que s’ils n’étaient que territoriaux.