Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a envahi son voisin ukrainien. Pourtant les accords d’Helsinki de 1975, fruit de la première Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, « consacrent l’inviolabilité des frontières européennes, rejettent tout recours à la force et toute ingérence dans les affaires intérieures ». La Russie a donc violé le droit international en envahissant une partie du territoire ukrainien. Mais en l’absence de procédure permettant de respecter les bonnes règles, la guerre a fini par s’installer dans un face-à-face meurtrier le long d’une ligne de front s’étalant sur plusieurs centaines de kilomètres. En novembre 2024, on estimait déjà à plus d’un million le nombre de morts et de blessés.
Quand les Ukrainiens sont âgés de 18 à 60 ans, ils ont l’interdiction de sortir du territoire. On a suspendu le droit à l’objection de conscience qui existait depuis l’indépendance, en 1991. En avril 2024, l’âge de la mobilisation a été ramenée de 27 à 25 ans. Entraînements insuffisants, absence de clauses de fin de service…, des milliers d’hommes refusent de rejoindre l’armée. Des recruteurs et des policiers patrouillent afin d’arrêter les réfractaires. Dmitri : « Je suis contre les armes et contre la violence. Si je dois choisir entre défendre ma terre natale et la vie, alors je choisis la vie ». Yurii Sheliazhenko : « Quand j’ai réalisé que l’école nous enseignait une forme de patriotisme militaire, j’étais déçu et en colère. » Yurii est président du Mouvement pacifiste ukrainien et membre du conseil d’administration du Bureau européen des objecteurs de conscience (EBCO). Il reste fidèle à ses convictions : chaque être humain a le droit de refuser de tuer, « La violence engendre la violence ».
Selon les militaires férus de stratégie rétroactive, les Alliés auraient du réagir très vite, dès que furent connus les préparatifs guerriers du Kremlin. Si les membres éminents de l’OTAN avaient décidé de déployer aussitôt des armes nucléaires tactiques sur le territoire ukrainien, cette démonstration aurait calmé les ardeurs belliqueuses du maître du Kremlin en l’empêchant de foncer vers Kiev. En conséquence quelques dizaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes seraient encore en vie. C’est là une illustration du principe « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Un principe inopérant. La preuve, le jour de Noël 2023 la Biélorussie avait fini d’installer dans ses arsenaux les armes nucléaires promises par Poutine en mars 2023. Le dictateur de ce pays, Alexandre Loukachenko, s’est empressé de déclarer : « Tout est à sa place, prêt à être utilisé. » L’hiver nucléaire est toujours une possibilité. L’histoire des conflits armés montrent que les belligérants font tant qu’ils le peuvent preuve de surenchère, y compris aux prix de millions de morts. La violence engendre bien la violence.
Le principe le plus fiable reste celui des non violents : « Si tu veux la paix, prépare la paix. » Si les Ukrainiens avaient laissé les chars russes arriver à Kiev sans intervenir, un gouvernement pro-Poutine aurait été mis en place, mais il n’y aurait eu aucun mort. Certes une dictature peut perdurer, mais cela ne dure que si les citoyens font preuve de soumission volontaire. Aucune dictature n’est éternelle, d’autant plus qu’elle repose le plus souvent sur une seule personne. Le problème n’est donc pas l’absence temporaire de démocratie réelle dans un pays, mais l’inertie des peuples. Une population d’objecteurs de conscience ne se laisserait pas faire, elle aurait la capacité de résister à toute situation imposée à mauvais escient.
Le droit à l’objection de conscience au service militaire repose sur l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction. Bien que le Pacte ne mentionne pas explicitement un droit à l’objection de conscience, le Comité des droits de l’homme a indiqué dans son observation générale n° 22 (1993) qu’un tel droit pouvait être déduit de l’article 18, dans la mesure où l’obligation d’employer la force au prix de vies humaines peut être gravement en conflit avec la liberté de conscience et le droit de manifester sa religion ou ses convictions.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Ukraine et Palestine, des guerres injustifiées
extraits : Il n’y a pas de guerre juste, que ce soit en Ukraine, en Palestine ou n’importe où ailleurs. C’est l’idée qu’aurait du défendre tous les dirigeants des pays démocratiques : les guerres sont intrinsèquement mauvaises pour être jamais justes. Mais la nature humaine est conflictuelle, et un monde sans guerre supposerait un droit supranational doté des moyens d’imposer sa juridiction aux Etats. L’ONU est loin de remplir ce rôle. Le monde restera sans paix durable tant qu’une « société des nations » ne sera pas en mesure de se donner des lois et de les mettre en œuvre….
objecteur de conscience en temps de guerre
extraits : Combien de Navalny en Russie ? Les militaires ont le pouvoir parce qu’ils sont institutionnalisés, ce sont les citoyens qui payent des impôts pour les équiper et les nourrir. On pourrait refuser de payer les impôts qui vont au budget militaire. Une population d’objecteurs de conscience ne se laisserait pas faire, elle aurait la capacité de résister à toute situation imposée à mauvais escient. Une armée composée d’individus qui déterminent par eux-mêmes pour quoi et pour qui il faut se battre ne pourrait être utilisée par aucun pouvoir politique. Un pays œuvrant pour la paix et non pour la guerre n’aurait pas besoin d’armée. Avec des citoyens profondément objecteurs de conscience, nous n’aurions pas en France suivi les fantasmes de gloire de Napoléon, nous ne serions jamais intervenus militairement en Indochine ou en Algérie, nous n’aurions pas envoyé des supplétifs en Afghanistan ou en Côte d’Ivoire, ni des avions sur la Libye, ni intervenus au Mali. La France aurait été un pays déterminant au niveau international pour éliminer toutes les armées et construire une paix durable….
Bientôt des soldats français en Ukraine
extraits : Conférence du président Macron médiatisée le 14 mars 2024, résumé : « La guerre est à nos portes, il y a entre Strasbourg et Lviv moins de 1 500 kilomètres. La responsabilité de cette guerre, la responsabilité des coups de boutoir qui sont donnés au front ukrainien, elle n’est que celle de la Russie. Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l’Europe sera réduite à zéro. Nous devons donc être prêts sans rien exclure, pas même le déploiement de militaires français sur le territoire ukrainien. Choisir de voter contre un soutien à l’Ukraine, ce n’est pas choisir la paix, c’est choisir la défaite….