La mono-procréation, un homo-sexisme

Désir de maternité des couples de lesbiennes et des femmes célibataires !? L’Académie nationale de médecine estime que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et n’est « pas sans risques » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement » (rapport officiel du 21 septembre 2019). Pour l’Église catholique, ouvrir l’insémination artificielle avec donneur (IAD) aux couples de femmes et aux femmes célibataires constitue un saut « anthropologique » ; elle estime que l’insémination est une violation inacceptable de la « loi naturelle ». Décidément, ça se corse… L’Eglise catholique rejointe par l’Académie de médecine, de l’autre côté tous les lobbies LBGT soutenu par le politiquement correct. Choisir son camp va nécessiter la prise de Doliprane.

L’insémination artificielle a effectivement fait franchir une frontière « anthropologique », mais ce saut s’est produit à la fin du XVIIIe siècle, lorsque Lazzaro Spallanzani en 1780 a remplacer (sur une chienne) le rapport sexuel par un artifice technique. Longtemps assimilée à l’adultère, l’insémination artificielle avec donneur a été de nos jours présentée comme un traitement médical afin de la rendre moralement acceptable. Mais l’IAD n’est pas pour autant un acte thérapeutique, la femme n’a pas de problème de fertilité. Les gamètes des donneurs ne sont en rien des médicaments. A l’ambition de lutter contre l’« infertilité médicale » se substituerait un combat déraisonnable contre l’« infertilité sociale » des femmes homosexuelles ou célibataires. La « PMA pour toutes » pervertirait, selon La Manif pour tous, le sens de l’insémination artificielle avec donneur : ce geste destiné à aider les couples hétérosexuels servirait désormais les « caprices » des femmes homosexuelles ou célibataires. Le sperme devient un matériau de reproduction anonyme manipulé par des blouses blanches dans des hôpitaux. Notons la brutalité de ce changement sociologique, il y a 25 ans on parlait plutôt de l’importance du père et des « pères absents. Notons aussi que la PMA ne peut être mise en œuvre actuellement pour des couples que si la procréation est impossible (infertilité médicalement diagnostiquée) ou dangereuse (risque de transmission d’une maladie grave à l’enfant ou au partenaire). Le projet de loi en discussion à l’Assemblée prévoit de supprimer le critère d’infertilité.

Puisque l’insémination affranchit la reproduction des rapports hétérosexuels, il devient possible de procréer en dehors des schémas familiaux traditionnels. Ce n’est justifié que par l’individualisme poussé à ses extrêmes. Si on autorise la PMA pour toutes, il n’y a aucune raison d’interdire la GPA pour tous. Car si l’enfant devient un droit, les citoyens de sexe masculin seuls ou en couple pourraient le réclamer. Alors que les homosexuels nous demande à juste titre que le monde respecte leur mode vie, ils doivent aussi assumer le fait que leur mode vie ne permet pas d’enfanter : l’être humain n’a pas comme mode de reproduction la parthénogenèse comme les pucerons et il n’est pas hermaphrodite comme l’escargot. S’ils désirent quand même être parent, ils leur restent l’adoption, il y a beaucoup d’enfant en manque d’amour. Alors, quelle légitimité au désir d’enfant sans père ou sans femme ? Et si nous arrêtions de nous reproduire à outrance !

2 réflexions sur “La mono-procréation, un homo-sexisme”

  1. Dans certaines ethnies africaines, il existait un mariage légal entre femmes. C’est le cas des Nuer soudanais chez lesquels la fille stérile est considérée comme un homme de son lignage d’origine. C’est pourquoi elle perçoit une part des dots et, avec ce capital, elle peut à son tour acquitter le prix de la fiancée pour une jeune fille qu’elle épouse légalement. Elle lui choisit, pour engendrer des enfants, un homme pauvre qui gardera le statut de serviteur. Les enfants tiendront pour « père » la femme stérile. Les Nuers en arrivent même à procurer un enfant à un mort sans descendance.
    Cette histoire, rapportée par Françoise Héritier, montre que le statut de femme stérile engendre socialement des arrangements pour remédier ainsi à un « défaut » de la nature. Il s’agit d’une société nataliste pour laquelle l’absence d’enfant est une tare. Dans un monde surpeuplé, il faudrait plutôt être malthusien !

  2. Laissons tomber cette « avancée sociétale majeure », il vaut mieux en effet parler de « rupture anthropologique majeure » ou de « saut anthropologique ».
    Maintenant nous voyons bien dans ce couple souvent qualifié d’infernal, éthique et politique, voire éthique et marketing, qui est celui qui porte la culotte. Et nous voyons évidemment les limites de notre « démocratie ».

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