La nécessaire indépendance de l’Ecosse, c’est le fiasco

Une majorité d’Ecossais a voté le 18 septembre pour le maintien dans le Royaume-Uni. L’éditorial du MONDE* parle de « sagesse » des électeurs. C’est inquiétant qu’un journal qui se veut « de référence » ignore que la sagesse des uns est souvent folie pour les autres. LE MONDE juge que l’indépendance de l’Ecosse aurait ouvert la porte à l’expression de multiples micronationalismes au sein des vingt-huit Etats membres de l’UE. Pourquoi en avoir peur ! Le vent de l’histoire au XIXe siècle a oeuvré pour la formation d’Etats-nations centralisés éliminant les particularismes locaux. La mondialisation économique a parachevé cette oeuvre au XXe siècle : sur toute la planète, le même mode de production et de consommation s’est répandu. Mais cette période est terminée, le vent a tourné vers une autonomie plus poussée.

     Les Etats-nations se sont caractérisés par des guerres de conquêtes auxquelles ont succédé un système prédateur sur les pays périphériques. Le pillage de la planète s’est généralisé, les conséquences sont déjà visibles avec le réchauffement climatique, le stress hydrique, la désertification des sols, la fin des ressources fossiles, etc. Avec une volonté maintenue de croissance économique et de domination, l’Angleterre croit encore à ces vieilles recettes, centralisation, pétrole, action budgétaire. Mais quand les ressources naturelles viennent à manquer, la résilience, la capacité de résister aux chocs, ne peut être durable si elle est centralisée. C’est aux communautés de transition au sens de Rob Hopkins de mettre en œuvre une autonomie alimentaire, énergétique… et politique.

                Cela ne veut pas dire multiplier les structures microétatiques comme le veulent en général les « indépendantistes » qui ne cherchent qu’à remplacer un pouvoir par un autre. Cela ne veut pas dire modeler les régions de façon désordonnée comme le veut le gouvernement français qui ne sait plus où aller. C’est inciter les petites collectivités, les communes et les quartiers à chercher les moyens de la résilience au travers d’un esprit communautaire dans des groupes restreints, sans leader autoproclamé. Cela ne peut passer par un référendum globalisé, mais par des actions quotidiennes. S’il nous faut penser global, il nous faut d’abord agir local.

* LE MONDE du 20 septembre 2014, La sagesse des électeurs écossais