«Il n’y a plus de riz». La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Coca-Cola a même du cesser sa production faute de sucre. La situation alimentaire est critique dans tout le pays. Les supermarchés manquent de tous les produits de base. Les files d’attente se forment vers deux heures du matin dans la capitale comme en province. Les pannes d’électricité et les coupures de courant sont quotidiennes. Le président socialiste vient de décréter que tous les vendredis seront fériés pour faire des économies d’électricité. Trente millions de personnes vivent un cauchemar. Plus de 90 % d’entre elles disent, selon les sondages, que leur principal préoccupation est de trouver de la nourriture. Pillages et émeutes sont quotidiens. Le pillage n’est qu’une forme extrême de mobilisation sociale. L’arme à la bretelle, des unités de parachutistes doivent défendre les commerces. Mais parfois les forces de l’ordre participent au pillage. Les médicaments commencent à manquer. L’inflation est galopante, elle pourrait dépasser 700 % en 2016, soit des prix multipliés par 8. Insupportable. Le soulèvement populaire contre la hausse brutale du prix de l’essence et des transports a été réprimé dans le sang, plus de 3000 victimes. La criminalité atteint des records. Les homicides atteignent la proportion de 6 pour 10 000 habitants. Les escadrons de la mort agissent en toute impunité. Au micro-trottoir, la phrase la plus souvent recueillie est un cri de désespoir : «La situation va exploser !» La logique du chacun pour soi s’est imposée au détriment de l’action collective. Le gouvernement ne produit plus aucun chiffre sur l’ampleur des manifestations depuis cinq ans. Au bord de la cessation de paiement, la banque centrale liquide les réserves d’or. En deux ans, les stocks de lingots ont diminué de 40 %. Faute de devises, le pays a dû couper dans ses importations, appauvrissant l’ensemble de la population.
Combien de temps faut-il pour réduire à la misère un des pays les plus riches ? Moins de vingt ans pour le Venezuela dont la situation ci-dessus est décrite par LE MONDE*. Ce pays a vécu de la rente pétrolière, elle a été dilapidée, distribuée en prébendes pour le peuple et capitalisée dans les poches de quelques-uns. L’or noir représente 95 % des exportations du Venezuela. Avec un baril à moins de 30 dollars au début de l’année, contre plus de 100 dollars il y a deux ans, c’est toute l’économie qui s’est effondrée.
Cette situation risque d’être celle de tous les pays développés qui dépendent des importations de pétrole. Pour la France, le coût des importations de ressources fossiles est de 5 % du PIB actuel, mais une pénurie énergétique mettrait à bas 90 % du PIB, entraînant une crise aussi profonde que celle que traverse le Venezuela en 2016. Mais la nomenklatura chaviste ne fait pas la queue à l’aube pour acheter du pain.
Quand le peuple meurt de faim, les élites continent de vivre comme si de rien n’était. Qui se sent concerné en France par la crise au Venezuela ?
*LE MONDE du 31 mai 2016
éditorial, Le Venezuela ou l’histoire d’une tragédie annoncée
article page 2, Le Venezuela en état d’implosion
@Anatole_murnois : Vous avez raison, Chavez a dilapidé la rente pétrolière au profit du social. Le pays ne s’est pas effondré faute de pétrole.
Mais nous risquons de vivre, en France et ailleurs, des situations et difficultés similaires lorsque le pétrole viendra à manquer (10-20 ans selon les experts), à savoir : pénuries alimentaires faute de transports suffisants, émeutes et marché noir, mortalité en hausse dans les hôpitaux qui fonctionnent à l’énergie fossile etc…
Non , ne confondons pas
Chavez tenait le pays par son énergie et son charisme, mais ce qui a plongé le Venezuela dans une telle crise, c’est bien l’étatisme, l’économie planifiée, l’absence d’économie privée , bref en un mot : le communisme.
Voici ce qui attend la France et les pays développés, en somme les sociétés qui vivent hors-sol, lorsque le pétrole manquera.
Il resterait énormément de pétrole (réserves prouvées) qui ne sera pas extrait car dans 10 ou 20 ans il ne sera plus rentable de le faire.
Qui s’en soucie?
Sans parler de la situation des hôpitaux vénézuéliens : décès journaliers de nourrissons, manque de médicaments (on en trouve cependant au marché noir à un prix prohibitif bien sûr), mortalité anormale due au manque d’équipements, ceux-ci n’étant plus remplacés par l’Etat ruiné.
Faute d’énergie bon marché, nous subirons ce que vit actuellement la société vénézuélienne.
Heureusement je n’aurai pas d’enfants à nourrir lorsque ça arrivera.