Monsanto et la prophétie de Rachel Carson

En 1962, Rachel Carson* montrait que le DDT n’avait pas d’avenir. Aujourd’hui, c’est le Roundup de Monsanto qui lui donne raison. Rachel Carson écrivait : « Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. Ces extraordinaires possibilités de la substance vivante sont ignorées par les partisans de l’offensive chimique, qui abordent leur travail sans aucune largeur de vues, sans le respect dû aux forces puissantes avec lesquelles ils prétendent jouer. Vouloir « contrôler la nature » est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal, où l’on pouvait encore croire la nature destinée à satisfaire le bon plaisir de l’homme. »

                Aujourd’hui dans l’Arkansas**, les fermiers les plus modernes du monde doivent revenir à des outils d’un autre âge, la houe et la pelle, pour déloger l’amarante de Palmer qui envahit leurs champs. Il arrive que ses racines cassent des moissonneuses. La plante peut pousser de 5 centimètres par jour et atteindre deux mètres de haut, chaque femelle contient 250 000 graines. A bout de quinze ans d’usage intensif et exclusif du glyphosate (Roundup), une dizaine de « mauvaises » herbes sont devenues résistantes au produit, dont l’amarante de Palmer. Le mécanisme de la sélection naturelle a joué. La firme Monsanto perd le contrôle du monstre qu’elle a créé avec les transgéniques résistants aux insecticides, ses créatures de laboratoire font face à des mutants naturels.

                Mère nature n’en a fait qu’à sa tête ? Non, elle se défend comme elle peut contre la folie des humains, viol de la barrière des espèces, monoculture, empoisonnement des sols…

* Le Printemps silencieux de Rachel Carson (1962)

** La mauvaise graine de Monsanto (LeMonde du 19 octobre 2010)

3 réflexions sur “Monsanto et la prophétie de Rachel Carson”

  1. Quand on lit des ouvrages de viticulture du XIXème, on y rencontre des parasites aujourd’hui disparus comme le Gribouri (Bromius obscurus), remplacé par le mildiou et l’oïdium, puis ceux-ci contrôlés, par les « araignées rouges », puis, celles-ci contrôlées, par les « araignées jaunes », puis, celles-ci contrôlées à leur tour, par les Nématodes et ainsi de suite. C’est le combat éternel de l’épée et de la cuirasse, du canon et du blindage. On n’en finit pas, et l’industrie chimique (et maintenant biotechnologique) est toujours en avance d’une guerre. Notons que le vin de qualité, vu son prix, peut se permettre d’être « bio » ou protégé par la lutte biologique (phéromones pour les vers de la grappe…). Ce n’est pas le cas pour les céréales de première nécessité.

  2. Au Cameroun,une agricultrice,et les copines de son village tribal,m’ont
    signalé qu ‘ une herbe herbe folle, très résistante ,pousse à grande vitesse.
    Elle aurait-été apportée par des « blancs ».Lorsque j’ai abordé la question
    auprès des autorités dites compétenantes,on m’a rit aun nez: »Ces femmes sont des superstitieuses et des sorcières »,et vous,vous n’êtes qu’un touriste:Je me suis donc rendu sur place,mais je ne suis pas biologiste:La paysanne ne dispose que d’une binette et d’une pioche.Mais l’herbe pousse très vite:Il y a pas mal de cultures allogènes,dans la région..J’ai convaincu un étuduiant en agronomie d’en parler à ses profs,et de suivre cette affaire de près:Mais la corruption locale,fait des ravages..Ma doc,pour le moment,c’est « LE MONDE SELON MONSANTO »de MARIE MONIQUE ROBIN:Sous titre:De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien:Un pavé:Résultat de deux années de recherches à travers le monde!Éditions LA DÉCOUVERTE.

  3. Commentaires sur lemonde.fr sur « la mauvaise graine de Monsanto »
    Jacques Bureau : Il n’y a pas de « mauvaises herbes » mais que des plantes indésirables ! L’amaranthe de palmer est une plante qui concentre les nitrates. Sa prolifération est aussi la conséquence d’un excès d’apport d’engrais azotées. Ce n’est pas seulement un problème de résistance au glyphosate, mais celui d’une agriculture hyper productive qui ne respecte pas le terroir.

    Cadichon : Il va falloir un jour chiffrer l’ampleur des dégâts occasionnés par cette fièvre des OGM que des apprentis sorciers sans scrupules ont imposé au monde agricole au nom de la « révolution verte ». Disparitions des petites exploitations dans les milieux tropicaux ; empoisonnements par le roundup ; suicides en Inde des petits producteurs de coton ; exploitation « minière » du sol ; dégradation de la vie du sol. Et pour finir les poursuites judiciaires pour « propriété industrielle », un comble !

    Alain Hervé : C’est bizarre, les nervis scientistes des pro-OGM ne se font pas entendre aujourd’hui; on aimerait pourtant voir s’ils osent relancer leurs commentaires éculés sur les écologistes et José Bové… Ce qui arrive dans ces champs était déjà annoncé depuis plusieurs années et n’est qu’un des nombreux exemples des « inconvénients » souvent irréversibles des cultures d’OGM alimentaires en plein champs: contamination des parcelles, des chemins et routes, des stocks de semences et d’aliments, des eaux.

    Yannick Chevalier : on voit que c’est finalement la SMN (Sainte-Mère Nature) qui a pris le dessus : comme pour les antibiotiques, les plantes naturellement résistantes croissent et se multiplient. Le problème n’est pas l’OGM, mais l’utilisation unique de round-up, qui a spécialisé les plantes dans la résistance au Round-up. Chapeau, SMN !

    Jean-Claude B : Comment a-t-on pu croire une seconde être capable de faire mieux que ce que la nature a construit en milliards d’années? La seule façon d’exploiter la nature est de l’accompagner (à la façon du judo !) non de l’attaquer de front.

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