Depuis 2010, la France impose l’identification de tous les ovins et caprins au moyen d’une puce dite « Radio Frequence Identification » (RFID). Un quart des 5 200 exploitations contrôlées en 2011 n’étaient pas équipées de la boucle avec puce RFID. LE MONDE* retrace le combat des éleveurs, « Ni pucé ni soumis ! ». Pour l’Etat, il s’agit d’améliorer la traçabilité de la chaîne de production grâce à l’informatisation. Mais cette obligation coûteuse n’apporte aucune garantie sanitaire supplémentaire et annonce une industrialisation des méthodes traditionnelles d’élevage, donc la concentration des entreprises. Jean-Louis Meurot : « On n’a pas besoin qu’un logiciel nous dise comment vont nos brebis et ce qu’elles doivent manger ! On vit avec elles. Etre éleveur est un travail d’observation, de contact, de connaissance, et aussi d’empirisme. » Mathias Guibert : « On n’a pas choisi d’être bergers pour finir derrière un ordinateur ! »Pour la sociologue Jocelyne Porcher, ce n’est pas le manque de traçabilité qui favorise les crises sanitaires mais « la concentration industrielle, l’affaiblissement des défenses immunitaires, dû à des systèmes de reproduction ultra-sélectifs, et l’antibiorésistance ». Elle ajoute : « L’élevage traditionnel, qu’il faut bien distinguer de la production industrielle de matière animale, implique un lien affectif qui nous relie à un monde charnel, fini, à l’idée de la mort et à la responsabilité. Les animaux nous retiennent dans la vie réelle. Or nous sommes à un moment de rupture. Ce lien prend du temps et ralentit une machine industrielle toujours plus exigeante. C’est dans sa logique de le réduire à rien. Au bout du processus industriel, il y a l’exclusion des animaux. » Et l’exclusion des hommes d’une vie autonome.
Aujourd’hui, les moutons et les chèvres, demain les bovins et les porcins, bientôt les humains ! Toutes les avancées techniques facilitées par le tout électrique ont créé un monde dans lequel le destin de l’homme moyen n’est plus entre ses propres mains ou entre les mains de ses voisins et amis, mais dans celles du système techno-scientifique et de ses centrales électriques. Le citoyen est dépossédé aussi bien de son savoir-faire que de son savoir-être par la machinerie électrique. Disparition de métiers, impossibilité de communiquer sans machines, vision utilitariste du monde, filature incessante des individus avec les caméras de surveillance, les puces de détection et même la biométrie ; l’avenir s’assombrit. Le jour où on a cessé de remonter manuellement les montres, ce jour-là nous sommes devenus les esclaves de la société thermo-industrielle pour le meilleur et pour le pire. C’est déjà ce que nous disions sur ce blog en 2008, esclavage électrifié.
Mais on peut déjà refuser les trucs RFID, que ce soit dans nos téléphones, nos cartes de crédit, nos pass de cantine, de transport, etc. Sinon, un jour très prochain, on implantera à nos enfants dès la naissance une puce omnisciente. Pour leur bien, évidemment…
On peut aussi imaginer que des groupes de Refuznik hostiles à la technologie agissent pour perturber le fonctionnement du tout électr(on)ique. D’autres pensent que les ruptures d’approvisionnement en électricité qu’il faut bien fabriquer alors qu’il y a raréfaction croissante du pétrole, du charbon, de l’uranium et des métaux sont les signes de l’effondrement de nos sociétés trop complexes sans même qu’il soit besoin d’agir contre la mégamachine…
* LE MONDE du 26 août 2014, Sus aux puces !
Entendu récemment à la radio: une société commercialise des manteaux équipés d’une puce GPS dotée d’une mémoire du trajet consultable sur une journée, ceci afin bien sûr « de pouvoir veiller à la sécurité de votre marmot ». On s’apercevra vite qu’un manteau, ça s’enlève et ça se perd, et que selon la météo il faut en changer. La solution optimisée consiste effectivement à implanter la puce. C’est plutôt rassurant de pouvoir suivre son enfant, utilisant un anglicisme on pourrait dire le « tracker », en définitive en francisant un peu l’expression « traquer ses enfants » pourra entrer dans le langage quotidien. Pour peu qu’on s’appelle Moreau ou même Zaroff…
Génial.
Entendu récemment à la radio: une société commercialise des manteaux équipés d’une puce GPS dotée d’une mémoire du trajet consultable sur une journée, ceci afin bien sûr « de pouvoir veiller à la sécurité de votre marmot ». On s’apercevra vite qu’un manteau, ça s’enlève et ça se perd, et que selon la météo il faut en changer. La solution optimisée consiste effectivement à implanter la puce. C’est plutôt rassurant de pouvoir suivre son enfant, utilisant un anglicisme on pourrait dire le « tracker », en définitive en francisant un peu l’expression « traquer ses enfants » pourra entrer dans le langage quotidien. Pour peu qu’on s’appelle Moreau ou même Zaroff…
Génial.