La question malthusienne, bon sujet de présidentielle

En 1974 le candidat écolo René Dumont accordait une bonne place à la question malthusienne. En 2017, la question de la maîtrise de la fécondité n’est au programme d’aucun des candidats pour la présidentielle, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par EELV. Un présidentiable qui préparerait un avenir plus durable dirait pourtant trois choses. D’abord la France doit montrer l’exemple et rejeter toute sa législation actuelle soutenant une politique nataliste. Ensuite l’éducation de tous devrait permettre à chacun de maîtriser des notions comme malthusianisme, population optimum, capacité de charge d’un territoire, choix éclairé du nombre d’enfant à désirer, etc. 1974-2017, nous avons perdu trop d’années alors que l’inertie démographique est un facteur aggravant : les enfants nés aujourd’hui ne feront des enfants que dans 25 ans en moyenne, et feront vieillir la population soixante à soixante dix ans plus tard. Pendant ce temps nous devenons toujours plus nombreux et en conséquence nos divers problèmes socio-économiques et écologiques deviennent de plus en plus insolubles. Voici quelques précisions sur la démographie.

– L’indicateur conjoncturel de fécondité en France s’établit à 1,93 enfants par femme en 2016, soit moins que 2,1 (chiffre synonyme de stabilisation d’une population dans un pays développé). Mais c’est une indicateur prévisionnel qui projette dans l’avenir un nombre d’enfants « si les femmes continuent d’avoir le comportement qu’elles ont par tranches d’âge en 2016 ». Cela ne veut rien dire de l’accroissement naturel (naissance – décès) qui est en 2016 de presque 200 000 personnes en plus, soit à peu près le même chiffre depuis les années 1970 (182 000 en 1976), soit 8 millions de personnes (hors solde migratoire) en plus en quarante ans.

Le sujet démographique ne semble pas prioritaire en France. Mais est-ce à l’opinion publique actuelle de dicter son programme ou un présidentiable doit-il éclairer les citoyens sur les conditions d’un avenir durable ? LE MONDE du 18 janvier portait d’ailleurs un jugement politique : « L’exception française (une fécondité qui reste forte) est une fierté nationale et les politiques s’en emparent. François Fillon reproche à la gauche le matraquage dont ont été victimes les familles nombreuse, « le renouvellement des générations n’est plus assuré. » » Le candidat écolo Yannick Jadot aurait été bien inspiré de s’opposer à cette droite nataliste. Il aurait pu dire que le maintien de la population française à son chiffre actuel, 66,9 millions d’habitants, ne veut rien dire sur ce qu’est une population optimum et la capacité de charge d’un pays. Des indicateurs comme notre taux de chômage ou nos formes de stérilisation des terres montrent sans doute que notre pays est déjà surpeuplé.

– C’est un truc, faire moins d’enfants, pas facile à expliquer dans les médias. Les mass médias fonctionnent sur le mode de la société du spectacle. Or montrer aux citoyens que l’écologie, c’est aussi vouloir un équilibre entre notre démographie et notre sécurité alimentaire, entre notre démographie et le nombre d’emplois à créer, entre notre démographie et l’empreinte écologique… peut marquer les esprits.

– Comment expliquer ce que l’Afrique doit faire sans avoir l’air néo-colonialistes ? Comment justifier des politiques d’aides au développement tournées vers le planning familial ? Le projet présidentiel de René Dumont en 1974 était clair, il faut d’abord que la France montre l’exemple : « Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. » D’autre part, nous savons comment faire au niveau mondial : la technique la plus efficace et éprouvée partout est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village… Même dans un pays en ruine, dès qu’on s’occupe des femmes, qu’on leur donne le choix, les résultats sont là. Un planning familial passe surtout par la libération de la femme, on est loin du néo-colonialisme. Il nn s’agit pas de « supprimer des gens » volontairement, mais si nous ne maîtrisons pas la fécondité se concrétise le diagnostic de Malthus, guerres, malnutritions et émigration alors que la planète est déjà saturée d’humains et en très mauvais état !

Pour en savoir plus, « Moins nombreux, plus heureux » aux éditions Sang de la Terre

4 réflexions sur “La question malthusienne, bon sujet de présidentielle”

  1. Bonjour Monsieur Barthès
    Je ne fais que rabâcher en vous disant que vous avez raison, et bien sûr raison d’être triste.
    Toutefois, essayons de ne pas l’être trop, triste.
    Teysseire A. Marie le 18 janvier 2017 à 16:21 elle aussi semblait bien triste en écrivant : « Au moins, aurions nous la satisfaction de ne plus entendre des journalistes non informés et des démographes ou politiques aveugles et sourds pleurer sur la baisse de fécondité en France comme récemment ! »
    Eh oui, la satisfaction… De mon côté, ça me procurerait aussi une petite satisfaction, de ne plus les entendre, ceux-là ou leurs copains, pleurnicher sur la croissance « en berne » ou la « reprise » qui tarde.
    De ne plus les voir verser leurs larmes de crocodiles sur telle ou telle calamité, alors qu’ils en sont plus ou moins les complices, quand ce n’est pas les auteurs.
    Que voulez-vous ? C’est bien désespérant… mais c’est comme ça !
    En attendant donc, que tout ce « beau monde » atterrisse… il ne nous reste qu’à vivre, et autant qu’il nous en est possible dans la joie de vivre, en essayant de faire de notre mieux.

  2. Bonjour Monsieur Barthès
    Je ne fais que rabâcher en vous disant que vous avez raison, et bien sûr raison d’être triste.
    Toutefois, essayons de ne pas l’être trop, triste.
    Teysseire A. Marie le 18 janvier 2017 à 16:21 elle aussi semblait bien triste en écrivant : « Au moins, aurions nous la satisfaction de ne plus entendre des journalistes non informés et des démographes ou politiques aveugles et sourds pleurer sur la baisse de fécondité en France comme récemment ! »
    Eh oui, la satisfaction… De mon côté, ça me procurerait aussi une petite satisfaction, de ne plus les entendre, ceux-là ou leurs copains, pleurnicher sur la croissance « en berne » ou la « reprise » qui tarde.
    De ne plus les voir verser leurs larmes de crocodiles sur telle ou telle calamité, alors qu’ils en sont plus ou moins les complices, quand ce n’est pas les auteurs.
    Que voulez-vous ? C’est bien désespérant… mais c’est comme ça !
    En attendant donc, que tout ce « beau monde » atterrisse… il ne nous reste qu’à vivre, et autant qu’il nous en est possible dans la joie de vivre, en essayant de faire de notre mieux.

  3. Il y a vraiment un décalage entre les gens dont une partie (peut-être pas la majorité, mais une partie non négligeable quand même) est prête à accepter la nécessité de prendre en compte la démographie pour protéger l’environnement et le monde des médias et des « politiques » qui croient presque tous qu’il faut être nataliste pour être populaire, et qu’il est facile de surfer sur « plus d’humains c’est plus d’humanisme » pour se faire apprécier.
    Il y a de quoi être triste quand on voit la liste des personnalités qui succombent à cette dérive, pour ne pas dire à cette lâcheté.
    Si ce décalage était perçu par certains, les idées malthusianistes pourraient peu à peu trouver leur place dans le débat. Notre planète en a besoin.

  4. Il y a vraiment un décalage entre les gens dont une partie (peut-être pas la majorité, mais une partie non négligeable quand même) est prête à accepter la nécessité de prendre en compte la démographie pour protéger l’environnement et le monde des médias et des « politiques » qui croient presque tous qu’il faut être nataliste pour être populaire, et qu’il est facile de surfer sur « plus d’humains c’est plus d’humanisme » pour se faire apprécier.
    Il y a de quoi être triste quand on voit la liste des personnalités qui succombent à cette dérive, pour ne pas dire à cette lâcheté.
    Si ce décalage était perçu par certains, les idées malthusianistes pourraient peu à peu trouver leur place dans le débat. Notre planète en a besoin.

Les commentaires sont fermés.