La revue décroissante jugée par le parti de la décroissance

Le Parti Pour La Décroissance affirme son indépendance avec le mensuel « La Décroissance ». Et pourtant, quelle bouffée d’oxygène que son premier numéro de mars 2004. Facilement disponible dans les kiosques, nous découvrions un nouveau périodique mettant en cohérence toutes les … incohérences de notre société. « La Décroissance » devenait la référence en matière de critique de la société consumériste, productiviste et capitaliste : démontage en règle de ses instruments (la pub, le crédit, l’obsolescence, etc.), décorticage de ses conséquences sur l’environnement et le bien-vivre, dénonciation de l’amplification croissante des inégalités sociales. Enfin ! Nous comprenions le monde… pour mieux le changer. Le « journal de la joie de vivre » était devenu, en France, le porte-drapeau du mouvement naissant de la Décroissance.

Aujourd’hui, la situation a bien changé. Un grand nombre d’Objecteurs de Croissance (OC) affichés ne partagent plus ses positions et ses méthodes. La tentation d’occuper le devant de la scène et de minimiser la multiplicité des points de vue dans l’objection de croissance, s’inscrit dans une posture autoritaire globale du journal. En ce qui concerne le fond des idées proposées, ce qui saute aux yeux, c’est cette attitude dogmatique qui consiste à systématiquement rejeter en bloc tout ce qui n’est pas dans la ligne. Les OC qui ne s’inscrivent pas dans la ligne défendue en prennent pour leur grade. Le mensuel n’a aucun scrupule à leur tendre des pièges, puis à déformer, caricaturer, détourner ou fractionner leurs propos. Quand il fait mine de leur donner la parole, c’est dans le but de donner du crédit à sa propre opinion. Au final, il fait lui-même du « Roland Frinjo ». C’est ainsi que la bande dessinée « Stef le décroissant » se retrouve truffée de sous-entendus visant à donner des leçons à tous ces OC qui n’auraient rien compris à la Décroissance.

Le journal exacerbe des conflits à l’intérieur du milieu de la Décroissance. Après avoir créé le Parti Pour La Décroissance (PPLD) en 2005, qui lui a échappé en 2008, Vincent Cheynet, directeur de la publication et rédacteur en chef, fonde le Parti des Objecteurs de Croissance (POC) en 2010 (association loi 1901). Rien de condamnable en soi. Si ce n’est qu’il affiche dans son journal une neutralité et une position d’observateur, alors qu’il est totalement partie prenante, en tant que membre fondateur du POC. Ceci implique des prises de positions marquées. Ainsi, il est contre le revenu universel et toutes les propositions construites autour de l’extension de la sphère de la gratuité. Il profite de sa casquette de journaliste pour publier des articles à charge contre les mouvements d’Objecteurs de Croissance dont il ne partage ni le but ni la méthode. Vincent Cheynet ne fait même plus l’effort d’aller à la rencontre des OC qui ne partagent pas ses idées. Pour lui, ce sont des irresponsables qui mettent en danger la Décroissance.

La manière dont le mensuel véhicule l’image de l’Objection de Croissance est datée. Elle paraît désormais contre-productive. Le PPLD ne veut plus avoir à assumer les responsabilités d’un mensuel dont il ne partage plus certaines positions essentielles. Il ne veut plus souffrir de l’amalgame entre PPLD et « La Décroissance ».

De là à dire que « La décroissance » est « la saloperie qu’on nous n’achèterons pas ce mois-ci » (*) …

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(*) « La saloperie que nous n’achèterons pas » est le nom d’une rubrique phare du mensuel.