L’armée française au Mali, un échec avéré

Laissons à l’Église sa doctrine de la guerre juste ; massacrer pour la « bonne cause » est devenue une maladie récurrente de l’histoire humaine. L’opération militaire française au Mali montre parfaitement l’inanité d’une réponse armée, mème quand il s’agit d’une force d’interposition. Le 13 janvier 2013, nous écrivions déjà sur ce blog biosphere : intervention au Mali, une erreur de plus des socialistes. On ne peut pas gagner une guerre en terrain étranger contre un ennemi non identifié. Nos élites galonnées qui ont conseillé Hollande n’ont tiré aucune leçon de l’histoire militaire. Les Français en Algérie, en Indochine ou en Libye, les Américains au Vietnam, les Russes en Afghanistan auxquels ont succédé les Américains, etc, etc. Pour faire la paix demain, ne prépare pas la guerre. Si tout le monde devenait objecteur de conscience opposé en toutes circonstances à l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus de guerre faute de combattants.

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Élise Vincent : Au Mali, « Comme dans toutes les guerres de contre-insurrection, le risque est celui de l’arithmétique de la rébellion », rappelle un ancien militaire. En clair, pour une personne tuée, dix peuvent se lever pour rejoindre les rangs de l’ennemi. Progressivement, les djihadistes vont gagner du terrain dans ce centre du Mali. Bamako finit par encourager la formation de milices communautaires, notamment dogon. Cette décision va attiser les violences interethniques et fournir des leviers de recrutement aux groupes djihadistes. Village par village, ils imposent la transformation de l’école traditionnelle en école coranique, le port du voile pour les femmes, l’instauration d’une justice basée sur les règles de la charia et la rupture des liens administratifs avec l’Etat central. C’est une islamisation grandissante de la société malienne, y compris des élites et d’une partie de la jeunesse de Bamako. D’où l’inclinaison aujourd’hui de l’exécutif malien à étudier l’ouverture d’un dialogue avec les groupes djihadistes. Enfin Paris et ses militaires sont confrontés au poison lent d’une crise environnementale qui ne dit jamais son nom. A la clé : la multiplication des phases de sécheresse, une raréfaction des ressources et un accroissement des tensions de tous ordres sur lesquelles les djihadistes peuvent aisément se greffer. En août 2020, l’effondrement politique du Mali que tout le monde redoutait se produit. Un putsch renverse le président « IBK ». Les dissensions s’accroissent au sein du pouvoir de transition, aboutissant à un nouveau putsch en mai 2021 et à une réorientation stratégique en direction de Moscou.

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Éditorial du « Monde » : Après la décision de François Hollande d’intervenir militairement au Mali, le 11 janvier 2013, Emmanuel Macron a sonné le repli le 17 février 2022 après avoir perdu cinquante-trois soldats, morts pour rien. Deux putschs, des élections reportées aux calendes grecques, le recours à des miliciens russes, des discours de plus en plus antifrançais obligeaient à ce retrait. Alors que l’objectif initial consistait à éviter que le Mali ne devienne un sanctuaire pour des terroristes, s’impose aujourd’hui la réalité d’un djihadisme endogène se nourrissant des conflits sociaux jamais arbitrés et des colères liées aux exactions des armées locales. C’est à cette menace disséminée que les pays du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin) doivent désormais faire face.

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8 réflexions sur “L’armée française au Mali, un échec avéré”

  1. Une erreur de plus commise par les socialopes ? Y a bon uranium et ressources du sous sol malien et sahélien : miam miam !
    Ingérence DANS LA POLITIQUE DE CES PAYs d’ Afrique y a bon aussi (merci doctrine Kouchner le socialope caviar)
    Combattre la crapule jihadiste au Sahel et ne rien faire dans son propre sanctuaire , voilà qui témoigne de l’ extrême malignité des tumeurs cancéreuses qui détruisent la France appelées politichiens !

    1. Esprit critique

      – « une erreur de plus des socialistes » ?
      Sur ce coup, admettons. Mais je trouve toutefois cette remarque déplacée.
      On pourrait s’amuser à compter les points, compter les erreurs de ce genre des uns et des autres. Sans remonter très loin, qui a décidé en 2001 d’envoyer les forces françaises en Afghanistan ? Qui sont ceux en 2008, à l’Assemblée et au Sénat, qui votaient POUR le maintien de cette force ? Qui votait CONTRE ? Et qui en 2012, en accord avec sa promesse de campagne, accélérait le retrait ?
      Non, la vision binaire ne permet pas d’expliquer ce genre de politiques. Ni quoi que ce soit d’ailleurs. Maintenant, d’un certain point de vue… si on met tout ce joli monde dans le même panier, étiqueté «UMPS» si ce n’est «de gauche»… (tous avec Marine, la bonne blague !)… alors là on peut tous les qualifier de «socialopes». Misère misère.

      1. Misère misère

        Maintenant il faudra me dire qui, dans cette grosse pagaille, ce grand n’importe quoi… sont les parfaits, ceux qui n’ont jamais commis la moindre erreur, ceux qui doivent nous servir de modèles.
        Mis à part Duterte, bien sûr… qui comme on sait mène une guerre EXEMPLAIRE contre la drogue. Finalement, une «guerre juste» se résume à l’expression «Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !»

  2. Esprit critique

    Mis à part celle contre les insurgés malgaches en 1948… depuis plus d’un siècle la France n’a pas gagné une seule guerre. Et il est évident qu’elle n’aurait jamais pu gagner en 1918 sans aucune aide extérieure. Depuis l’Armée Française ne fait donc qu’accumuler les défaites et les humiliations. Défaite en décembre 1918 face aux Turcs, fiasco total en 1940 et sur son propre sol, idem en 1954 en Indochine, en 1964 en Algérie, en 1975 au Tchad, etc. etc.

    1. Alors arrêtons de nous prendre au sérieux. Et cessons d’idolâtrer ces hommes et ces femmes dont on nous dit qu’ils nous défendent et nous protègent. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut leur cracher dessus. Exigeons, du moins osons avancer l’idée… que les casernes soient transformées en écoles ou en logements sociaux. Et que ces guerriers d’opérette soient désormais employés à la protection de l’environnement. Qu’ils soient alors occupés à nettoyer les rivières, les plages etc. Et à la limite à lutter contre les braconniers, les orpailleurs illégaux et des choses comme ça. Mais pour ça nul besoin de sous-marins nucléaires, de portes-avions, de Rafales et autres conneries du genre.

  3. Dit en passant ça fait déjà un moment que l’Église n’adhère plus à cette vieille idée de «guerre juste», le pape François a été très clair dans l’encyclique de 2020.
    Ceci dit la France n’avait rien à foutre au Mali, c’est sûr. Si ce n’est pour y défendre les intérêts de certains. Alors elle a eu besoin d’y aller, il fallait qu’elle y aille. Seulement c’est toujours plus facile d’entrer en guerre que d’en sortir, surtout la tête haute. Mais aujourd’hui nos baratineurs peuvent nous vendre un échec pour une réussite, une défaite pour une victoire, ils nous en font d’ailleurs la démonstration à chaque élection. C’est sûrement en se foutant ouvertement de la gueule du monde qu’on se fait le plus d’amis, au Mali comme ailleurs. C’est malheureux ce besoin de nier la réalité, de refuser d’admettre qu’on s’est trompé. Et tout aussi malheureux de s’embourber dans des voies et des idéologies pourries.

    1. Désormais partout il n’est question que de conquêtes, de victoires, défaites, cibles, alliés, ennemis, stratégies, etc. Le langage guerrier est omniprésent, le mot «guerre» se conjugue à toutes les sauces : guerre des prix, guerre économique, guerre contre le Réchauffement, le Covid etc. On chercherait à nous maintenir dans un climat de peur et d’insécurité qu’on ne nous parlerait pas autrement. Et nous en suivant de faire les perroquets, de parler le même langage. Faut croire que nous aimons ça, la peur, l’insécurité et la guerre. Misère misère.
      Seulement nous sommes des guerriers d’opérette. Les djihadistes eux, sont de vrais guerriers. Et leur guerre a un but bien précis, de ce côté là on peut au moins leur reconnaître une certaine honnêteté, ils ne trompent personne. Sauf bien sûr les gogos qui croient cette histoire simpliste qu’on nous raconte. La guerre entre le Bien et le Mal.

      1. D’un côté des méchants barbus, complètement fêlés, et de l’autre des gentils défenseurs de la Liberté, de la Paix et de la Raison. La bonne blague ! Et personne n’ose dire qu’il s’agit d’une guerre de religions. Deux religions, deux idéologies, deux dogmatismes, deux fanatismes… qui cherchent à s’imposer au niveau planétaire.
        En attendant… on peut toujours se faire des films dans sa tête, imaginer comment serait le monde si. Si… tout le monde était vraiment honnête. Et si… tout le monde était comme ci et comme ça. On peut toujours rêver, ça ne devrait pas pouvoir faire de mal.
        On peut aussi se marrer avec Jean Yanne, Bernard Blier, Paul Préboist et Jean Passe.
        En regardant « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » 😉

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