L’artificialisation forcenée des sols

L’artificialisation des sols par l’habitat, les zones d’activité et les infrastructures entraîne la destruction de la biodiversité et la non-adaptation de nos territoires aux impacts climatiques. Elle renforce aussi les fractures sociales, territoriales et économiques. La trajectoire nationale de zéro artificialisation nette a été instituée en 2021 par la loi Climat et résilience. Son objectif, réduire de 50 % d’ici à 2030 la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans le pays, puis atteindre le zéro artificialisation nette en 2050. Tout espace qui sera alors artificialisé sera compensé par un espace naturel équivalent. Les résistances à cet engagement judicieux sont pourtant multiples.

un collectif : L’artificialisation des sols va galopant en France : cinq terrains de foot par heure (même la nuit) ; 10 % de la surface agricole couverte durant les cinquante dernières années ; une tendance 3,7 fois plus rapide que l’augmentation de la population. La législation était peu ambitieuse peu ambitieuse, le ZAN demandait à nos enfants ce que nous ne pouvons réaliser d’emblée. Pourtant le ZAN a été assoupli par une loi en 2023. Et Michel Barnier a annoncé une nette régression dans son discours de politique générale : « Pour construire, il faut du foncier. »

Notre urbanisme doit privilégier une densité intermédiaire, avec des sols couverts de végétation, rejetant un idéal pavillonnaire très artificialisant (et coûteux en énergie pour le chauffage et le transport). Enfin, revitalisons l’existant : le taux de logements vacants atteint 8,5 % du parc immobilier…

Nos articles les plus anciens sur l’artificialisation

14.04.2005 Artificialisation du territoire

Une étude de l’IFEN (Institut français de l’environnement) dénonce le phénomène de grignotage des espaces naturels du fait de l’urbanisation, des routes et autres infrastructures. Les sols à usage non agricole des humains représentaient 6,1 % du territoire en 2003 et cette emprise a augmenté de 16 % en 10 ans. La Biosphère ne s’occupe pas beaucoup de l’impact paysager, à chacun son goût de l’esthétique. Pas beaucoup plus de l’impact sur les inondations et l’érosion, tant pis pour les humains. Un peu plus sans doute de la violence exacerbée par un espace mal organisé et un cadre de vie éclaté.

Mais la fragmentation des terres accroît surtout le risque que les écosystèmes ne puissent plus se connecter les uns aux autres au péril de la survie d’une bonne partie de la flore et de la faune.

8.05.2005 Stérilisation des terres

La loi française d’orientation agricole, en préparation, ne reprend pas les propositions du rapport Boisson pour le Conseil économique et social : « La maîtrise foncière, clé du développement rural ». Pourtant c’est l’équivalent des surfaces cultivées d’un département qui disparaît tous les six ans. L’urbanisation, et l’équipement qui l’accompagne, se font le plus souvent en plaine et dans les vallées, d’excellentes terres agricoles. C’est exactement ce qui se passe aussi dans d’autres pays ! En Égypte, les Anciens vivaient à l’orée du désert pour ne pas empiéter sur leurs terres agricoles, maintenant les masses populaires bâtissent en pleins champs cultivés malgré les interdictions : une maison démolie par les autorités sera reconstruite dans la nuit. Partout les humains transforment la Biosphère en un désert de sable et de béton. Pour en revenir à la France, au rythme actuel d’artificialisation des sols au profit de l’habitat, dans 600 ans il n’y aura plus de terres cultivables.

Les optimistes diront encore « Aménageons pour aller vivre sous terre », d’autres diront : « ils étaient fous nos ancêtres ! » Il est préférable de crier dès aujourd’hui contre la folie humaine, même si c’est dans le désert…

14.08.2005 Des routes, des routes, trop de routes

En vertu de la loi de décentralisation d’août 2004, l’État français veut transférer 18 000 kilomètres de routes nationales (pour 10 000 kilomètres d’autoroutes) aux Conseils généraux. Ce n’est qu’un tout petit aspect d’une voirie qui compte 1,5 millions de kilomètres dont les départementales occupent 365 000 kilomètres, les communales 550 000 km et les chemins ruraux environ 600 000 km. Les problèmes de financements deviennent lancinants et le désengagement de l’État est à juste titre mal perçu par les collectivités locales. A cela s’ajoute les inquiétudes avec la privatisation prévue de certaines autoroutes. Mais personne ne s’interroge sur le bien-fondé d’un tel réseau dédiés aux déplacements individualisés.

L’importance démesurée de ce réseau de voirie entraîne pourtant la dégradation importante des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour la Biosphère, jamais une société humaine respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage.

5.11.2005 Pas de Biosphère sans marais

Les marais au sud de l’Irak couvraient 20 000 km2 en 1970, ils avaient complètement disparus en 2001. Édifié au nom d’une politique agricole visant à développer l’irrigation entre Bagdad et Bassora, un réseau de dignes avait provoqué l’assèchement, phénomène accentué par les barrages en amont le long du Tigre et de l’Euphrate. Non seulement les habitants des marais ont perdu leurs moyens traditionnels d’existence, mais l’élévation de la température locale a atteint près de 5°C à cause de la destruction radicale de l’écologie de la région. Même si, après l’éviction de S.Hussein et un programme coordonné par les Nations unies, les marais ont retrouvé depuis lors 40 % de leur superficie grâce à la démolition des digues, les besoins du pays en eau vont continuer à croître avec l’urbanisation et l’industrialisation : cette reconquête des marais est donc fragile.

Quand les humains auront stérilisé toutes les terres pour leurs propres besoins, que leur restera-t-il comme avenir si ce n’est d’être chassé définitivement du jardin d’Eden.

Nos articles les plus récents

ZAN, zéro artificialisation nette, faux débat

extraits : Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire en avril 2024 : « Nous devons nous interroger sur la mise en œuvre du ZAN car la pression monte. Il faut dégager des terrains pour l’industrie. Pas question de se retrouver dans la situation invraisemblable de devoir refuser des investissements industriels représentant des milliards d’euros d’investissement et des milliers d’emplois parce qu’il n’y a pas de terrains disponibles. »….

Artificialisation des sols, à combattre

extraits : L’importance démesurée des réseaux de voirie entraîne une dégradation effroyable des écosystèmes par l’artificialisation des territoires et leur fragmentation. Pour l’équilibre de la Biosphère, jamais une société respectueuse de l’environnement n’aurait du dépasser le niveau des chemins vicinaux qui ne font qu’entretenir les rapports de voisinage et les circuits courts….

3 réflexions sur “L’artificialisation forcenée des sols”

  1. Malthus à la peine

    – « une tendance 3,7 fois plus rapide que l’augmentation de la population. » (un collectif)

    Zut alors, et comment je vais FAiRE moi, pour dire que l’Artificialisation c’est la faute à la Surpop ? Depuis que le Pape s’en est mêlé, le Croissez et Multipliez c’est plié. Celle là non plus je ne peux plus la sortir. Fait ch… le François ! Et maintenant qu’est-ce qu’il me reste moi, pour être crédible ? Comment je vais faire si je peux plus chanter Le Poumon vous dis-je sans faire mourir tout le monde, de rire ? Encore heureux ON a toujours La Marseillaise.
    Allons zenfants de la patri-illeue ! Entendez-vous dans les campagnes mugir ces féroooces soldats ? Ils viennent jusque dans vos bras, zégorger vos fissévos compaaagnes !

    1. Parti d’en rire

      Ben oui braves gens, toutes ces routes c’est juste pour leur permettre d’avancer, toujours plus. Tous ces McDo c’est juste pour les nourrir, les cages à lapins pour les loger, les piscines olympiques pour les laver, ou les noyer etc. etc. Bref toutes ces tonnes et ces tonnes de béton c’est juste pour les Autres. L’Artificialisation c’est à cause des Autres !
      Ne reste plus qu’à dire qu’ils sont trop nombreux, les Autres.

      – « cinq terrains de foot par heure (même la nuit) »
      Super, bientôt à ce rythme là ON aura toustes son terrain de foot. ON pourra jouer à la baballe chacun chez soi, entre soi, sans avoir à se battre.
      C’est con, moi du foot j’en ai rien à foot !

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