Dans ce livre* Le ciel nous tombe sur la tête (101 réponses sur le climat), Brice Lalonde répond à Alain Hervé. Nous aurions préféré l’inverse tant les questions d’Alain sont pertinentes alors que les réponses de Brice ne relèvent que de l’écologie superficielle. Voici en résumé cinq exemples.
Alain Hervé : Nous sommes trop nombreux. Ecologiquement parlant, les superprédateurs au sommet de la chaîne alimentaire ont toujours un très faible taux de reproduction dans les écosystèmes en équilibre Il est probable que les superprédateurs prolifiques du passé ont détruit leurs écosystèmes et leur espèce par la même occasion. La décroissance de la présence humaine semble devoir être préalable ou concomitante à toute autre décroissance. Oui ou non ?
Brice Lalonde : La question démographique est liée aux techniques qui organisent la relation à la nature. L’humanité a inventé l’agriculture et l’élevage, la ville, le gouvernement, l’alphabet, toutes ces innovations qui ont permis de nourrir plus d’humains qu’auparavant. Pouvons-nous imaginer des inventions aussi considérables ? Est-ce que la convergence NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) pourront conduire à un nouveau palier de l’histoire humaine ? Si ce n’est pas possible, alors oui, les hommes sont trop nombreux pour vivre à leur aise sans détruire la nature qui les porte.
Alain : Comment agir ? Faire moins d’enfants, diminuer les déplacements, consommer moins d’énergie, moins de pétrole, moins de charbon, moins de publicité, revaloriser la lenteur, le silence, moins manger, réinventer une civilisation agraire, rétrécir les villes… Est-ce réaliste ?
Brice : Toi tu souhaites réinventer une civilisation agraire ? Que tu le veuilles ou non, ce mot « agraire » me fait penser aux nostalgiques du siècle dernier, à « l’Ordre éternel des champs ». Je te fais remarquer qu’il est difficile de survivre à vélo isolé dans une exploitation vivrière au milieu du Massif central. Il faut une camionnette ! Je ne suis pas sûr que l’avenir de la France soit dans une nouvelle paysannerie. Les moteurs de l’histoire sont plutôt les villes. A l’échelle mondiale, elles ne rétrécissent pas.
Alain : Sapiens quitte son paradis tropical où il a vu le jour et s’applique à le recréer partout où il arrive. Il se trouve obligé d’inventer le vêtement et de domestiquer le feu pour recréer le climat de son origine. Il en est à l’âge industriel, à la fission nucléaire. Et sa trajectoire se précipite. Jusqu’où va aller ce Sapiens ?
Brice : Il n’est pas certain que ce sapiens-là soit achevé. J’ai parfois le sentiment que l’interconnexion généralisée et la prise de conscience grandissante des défis mondiaux préfigurent cet être collectif, l’humanité en somme, rassemblée en un seul organisme fait de milliards de neurones, d’humains et de machines imbriquées.
Alain : Nicolas Hulot croit que l’innovation technologique permettra de trouver les solutions. Mais le recours à la technologie s’inscrit dans la philosophie dite « du progrès », ce mythe né au XIXe siècle, qui a enfanté la situation désastreuse et absurde dans laquelle nous nous trouvons.
Brice : Je pense que la technique est reine depuis le paléolithique, car elle est création de nature. L’être humain ne peut pas voler, inventons l’avion. La nature n’est pas sacrée, l’écologie n’interdit pas l’innovation technologique. L’ingénierie écologique est une discipline qui se développe.
Alain : Le mouvement s’accélère avec l’évolution de nos technologies, mais les progrès qui en résultent ne semblent pas être évidents. On dirait même que le résultat global est le plus souvent négatif…
Brice : Personnellement j’aime la sortie des humains dans l’espace. L’industrie spatiale est une alliée de l’écologie. Elle permet d’étudier la planète. Les petits robots envoyés sur Mars ou sur la comète Tchouri nous montrent des rochers inhospitaliers. Si l’on veut trouver une résidence secondaire, il va falloir voler plus vite que la lumière.
* Arthaud, 334 pages, 15 euros
Il est triste de voir un écologiste comme Brice Lalonde parler du problème de la surpopulation du seul point de vue de la nourriture et des technologies qui permettront ou non de nourrir les hommes. Pas un mot de la nature, de la place à laisser aux animaux, de la beauté des espaces sauvages et des forêts. Quel est le sens de son combat ?
J’aime aussi les robots qui nous envoient des images de Mars et du reste des mondes, mais pour la connaissance qu’ils nous apportent, pas pour un côté utilitariste, ils ne sont en rien les alliés de l’écologie et s’ils sont fascinants, il n’y a rien à attendre d’eux pour sauver la planète sur laquelle notre espèce passera le reste de son existence.
Curieux cet écolo qui prend la tangente quand on lui parle démographie, en même temps qu’il défend la pertinence de la camionnette. A priori pour la camionnette pourquoi pas, mais je doute qu’on puisse en faire un usage de plus en plus modéré dans un monde de plus en plus peuplé.
L’écologie, est-ce refuser le progrès? Non, c’est vouloir limiter son impact sur la nature, et le meilleur moyen d’y arriver est d’en limiter les utilisateurs.
Quant à ses fadaises sur l’homo technologicus connectus, n’en parlons pas.