Enfer et damnation, la Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique en vigueur depuis 1979*. Déjà que les émissions de carbone de la Chine sont les plus importantes au niveau mondial, déjà que son taux de croissance industrielle bat des records depuis des années, on en rajoute aujourd’hui en poussant à la multiplication des poussettes et landaus ! Le 29 octobre 2015, le 5e plénum du comité central du PCC a décidé de passer au laisser-faire nataliste.
Tout ça pour corriger le déséquilibre hommes-femmes (116/100 au sein d’une même génération) alors qu’il ne s’agit là que d’un choix machiste qui résulte d’une éducation sexiste. Mao avait écrit que « la femme est la moitié du ciel », mais l’idée de révolution sociale est aujourd’hui absente des délibérations chinoises. On pense seulement à enrayer le vieillissement de la population sans savoir si dans vingt ans les jeunes qui arriveront plus nombreux sur le marché du travail auront un emploi pour faire vivre leurs ascendants ! Dans un contexte prochain de crise climatique et de pénuries des ressources, c’est plutôt le taux de chômage qui va exploser. Heureusement les couples n’auront l’autorisation qu’à deux enfants. Heureusement, heureusement, beaucoup de couples chinois souhaitent encore pour des raisons financières n’avoir qu’un seul enfant.
La Chine était un des rares exemples de décroissance malthusienne sur une planète surpeuplée. Depuis 1971 la Chine appliquait une politique de contrôle des naissances, à la fois à la campagne (trois enfants maximum) et en ville (deux enfants maximum). En 1979, trois ans après la mort de Mao, on mettait en place une politique de l’enfant unique. Que serait la Chine aujourd’hui sans cette politique, avec 400 à 500 millions de personnes en plus ? Une Inde avec ses bidonvilles grouillants d’une marée humaine. Pourtant certains analystes pensent encore que « la Chine va se retrouver (avec la politique de l’enfant unique) avec une structure de population qui va commencer à devenir défavorable à son économie »**. Comme si l’économie pouvait encore se passer de réfléchir sur les contraintes biophysiques qui encadrent nécessairement nos possibilités de création de richesse ! Sans pétrole, l’économie chinoise s’effondre, et toutes les autres avec. C’est à une société post-carbone qu’il faut se préparer, et moins nous serions nombreux, plus ce serait facile.
* Le Monde.fr avec AFP | 29.10.2015, La Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique
** LE MONDE du 31 octobre 2015, Fin de l’enfant unique en Chine : « Il est peu probable que la fécondité remonte »
Bonsoir Monsieur Barthès,
1/ Si les gens ont tendance à vouloir des enfants, aucune étude ne prouve vraiment qu’ils en exigent qui soient forcément de leur sang. Ils pourraient alors adopter, ce qui les satisferait sans que cela soit cause de hausse de natalité.
En tenant compte de cela, on s’aperçoit qu’une liberté entièrement non-sélective irait dans le sens de la décroissance démographique.
2/ Vous dîtes que ce que l’on appelle « politique de l’enfant unique » a été une réponse à l’apologie imbécile de la surpopulation.
Certes. Mais les meurtres commis par l’armée israélienne sont une réponse aux meurtres commis par le Hamas, et les meurtres commis par le Hamas sont une réponse aux meurtres commis par l’armée israélienne.
Ce qu’il faut reprocher à ces tribuns qui nient et/ou minimisent la gravité du problème posé par la hausse de la population, c’est d’utiliser la dénonciation de la loi chinoise qui est le sujet de ce fil de discussion comme prétexte pour soutenir des inepties, mais pas le fait même de dénoncer cette loi.
3/ Vous parlez par ailleurs de « laxisme antérieur qui conduisait la population à exploser ». Mais qu’entendez-vous par « laxisme »?
Ce qui est en voie de nous conduire à un surnombre qui nous apportera la catastrophe, c’est moins un prétendu excédent de liberté de se reproduire, que l’absence bien réelle de liberté de ne pas se reproduire (interdiction de la contraception et de l’avortement, au moins indirectement, y compris en France contrairement à ce que beaucoup de gens croient).
Comme vous dîtes, il nous faut impérativement prendre des mesures incitant à la limite de la fécondité, impossibilité de s’affranchir de la non-infinité des ressources de la planète oblige. Et ces mesures devront consister à faire baisser les prix inabordables des moyens de non-procréation quitte à faire diminuer les sacro-saints profits du grand patronat, ce qui n’a strictement rien à voir avec la réforme liberticide prise par l’État chinois il y a presque 40 ans.
Bonjour invité2018,
Je ne suis pas sûr, hélas, que si l’on était entièrement libre d’enfanter ou de ne pas enfanter les baisses de natalité l’emporteraient sur les hausses.
En Afrique par exemple, il existe certes une difficulté d’accès à la contraception contre laquelle il faut lutter, mais plusieurs études ont également montré que les gens (et les hommes un peu plus que les femmes) souhaitaient un grand nombre d’enfants (très supérieur au seuil de renouvellement des générations).
Bien sûr, nous tenons tous à la liberté individuelle, mais l’article ci-dessus fait très justement référence aux contraintes biophysiques de la planète. Aucune politique ne nous permettra de les contourner et à un moment, si la planète est surpeuplée, il faudra bien faire quelques chose faute de quoi, l’interdiction (ou plutôt la limitation) de reproduction que nous refusons pour nous-mêmes devra de facto s’appliquer à nos descendants.
C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il faut interpréter la politique de l’enfant unique en Chine. Elle nous choque, mais ce fut une réponse à un laxisme antérieur qui conduisait la population à exploser.
Cette leçon doit être retenue, si nous ne prenons pas aujourd’hui des mesures incitatives fortes pour limiter la fécondité, demain nous devrons faire face à des mesures liberticides. La Terre se moque de notre morale, elle ne gagnera pas un seul mètre carré pour nous faire plaisir.
Vous trouverez sur mon propre site web un article sur cette question. Le sujet reste clivant, je l’admets. Si vous habitez en région parisienne, n’hésitez pas à vous rendre à l’une des conférences qu’organisera à ce propos à Paris et à Suresnes l’association Démographie Responsable les 19 et 21 novembre prochains.
Il est à noter que s’il est incontestable que la natalité est trop élevé, les mesures autoritaires telles que la loi mise en place par l’Etat chinois il y a plusieurs décennies (laquelle loi consiste à infliger des amende aux parents ayant plus d’un enfant, et ce pour le seul motif qu’ils aient plus d’un enfant), n’en sont pour autant ni défendables ni au service du nécessaire arrêt de la croissance démographique.
Plutôt que d’interdire aux gens de procréer, il serait plus pertinent de permettre de ne pas procréer aux personnes voulant ne pas procréer. Beaucoup de citoyens, engendrent en effet de nouveaux individus contre leur gré pour cause d’incapacité financières à accéder à des moyens de contraception qui soient réellement efficaces.
Si chacun était vraiment entièrement libre tant d’enfanter que de ne pas enfanter, les baissent de natalité l’emporteraient sur les hausses.
Le fait de suivre l’exemple de la dictature maoïste aurait quant à lui pour effet de conforter les négationnistes du réchauffement et de la crise démographique dans l’idée absurde selon laquelle l’idée de décroissance serait en elle-même totalitaire. Cela ferait donc au final plus de bien que de mal au projet de sauvegarde de la hausse exponentielle du nombre d’habitants humains de la planète.