L’action d’un film de 90 minutes, The Age of Stupid (l’âge de la stupidité) se déroule en 2055, dans un monde dévasté par le réchauffement climatique. Cette fiction médite sur l’inconscient d’une espèce animale, la nôtre, capable de profiter de la planète mais incapable de nous protéger durablement de nos errements. Pourtant en ce début de XXIe siècle, l’impact du réchauffement climatique est déjà évident. Mais Copenhague ne va rien changer à notre inertie actuelle. Pourquoi ?
L’Inde serait prête aujourd’hui à assumer une réduction de ses émissions de CO2, mais en termes relatifs et non absolus. Le Brésil et la Chine ont annoncé des objectifs chiffrés sur la réduction de l’intensité en carbone de leur croissance économique, mais pas une baisse en termes absolus (LeMonde du 29-30 novembre). Les vieux pays industrialisés, qui auraient du s’engager depuis longtemps dans une réduction absolue de leurs GES, ne le font pas. Pourquoi ?
Le philosophe Hans-Dieter Klein avait avancé l’idée en 1989 que la politique mondiale contemporaine possède une structure profondément « nationale-socialiste ». Ce qu’il y a de terrifiant dans cette association, c’est évidemment le spectre du national-socialisme allemand ainsi que la suggestion pleinement assumée indiquant qu’il ne s’agit pas d’un égarement anormal de ce siècle infâme, mais bien de la manifestation parfaitement logique de son épouvantable essence. Une politique extérieure musclée émane le plus souvent des Etats qui préconisent l’égalité sociale intérieure. Afin de satisfaire les besoins économiques de ses propres citoyens et, par conséquent, de maintenir la paix sociale, l’Etat moderne est contraint de mener une politique d’exploitation expansive unique dans l’Histoire universelle.
Lorsque les besoins de sa population s’accroissent de façon anarchique comme à l’heure actuelle, l’Etat « national-socialiste » doit effectivement tenter de prélever les éléments nécessaires à l’assouvissement de ces besoins là où la résistance est la plus faible. Dans cette optique, deux options majeures sont à la disposition de ces Etats : d’une part la nature, d’autre part les nations encore régies par des rapports de type féodal (les peuples du tiers-monde). Parallèlement, on affirme que, puisqu’elles n’existent pas encore, les générations à venir ne peuvent prétendre à aucun droit. La contradiction fondamentale repose sur le fait que ces pilleurs bafouent à l’échelon international des principes moraux qu’ils appliquent à l’échelon national (l’égalité). Il ne fait aucun doute que la structure « nationale-socialiste » de l’économie mondiale actuelle se traduise ainsi par une aggravation de la crise écologique.
Comme les deux Bush, Obama suit cette logique « nationale-socialiste » car ce qui importe, c’est la protection du niveau de vie des Américains, comme ce qui importe pour les Suisses (non aux minarets) ou les Français (la France aux Français), c’est la protection de leur identité nationale (et de leur pouvoir d’achat). C’est pourquoi Copenhague ne peut que connaître l’échec…
Pinaillages entre crétins réchauffistes et malthusiens.
Nous ne voyons pas en quoi cette constatation de GB, « Historiquement, les États-Nations se sont toujours affrontés dans une optique géostratégique d’enrichissement (du pays, des citoyens…) » va à l’encontre de l’hypothèse « nationale-socialiste ». Dans son discours d’investiture (20 janvier 2009), Barack Obama affirmait d’ailleurs : « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ».
Le reste du texte du GB indique parfaitement qu’il n’y a aucun espoir ; de Copenhague, il ne peut résulte rien de sérieux. En effet, il n’y a nulle part de « forces du changement » capable de s’opposer à la pression du confort des masses converties à la société de consommation et à l’égoïsme national.
Voici une construction intellectuelle approximative qui pratique la confusion et l’amalgame.
Historiquement, les États-Nations se sont toujours affrontés, de façon irrégulières, dans une optique géostratégique de puissance, d’auto-défense ou d’enrichissement (du pays, des citoyens…). En l’absence d’État-nations, c’était pire encore (guerres tribales, ethniques, etc.) et on peut observer une augmentation (lente) de la coopération internationale depuis la Seconde guerre mondiale.
Le non-traitement des problématiques écologiques provient plutôt de l’égoïsme inhérent à la nature humaine, du court-termisme économique et sociétal des élites, et surtout du conservatisme, au sens étymologique du mot, l’incapacité à intégrer des données nouvelles dans un système de pensée y compris chez des intellectuels formatés et rigides.
La difficulté managériale à gérer un immense process de changement technique, économique, et énergétique est également une cause de cette inertie coupable en matière écologique.
L’Amérique est plus facile à critiquer car elle dominante et riche mais les forces du changement (pour qui connaît un peu ce pays) y sont énormes.