Le goût du pouvoir tue le sentiment écologique

Nous pensions qu’Arnaud Montebourg deviendrait le Jaurès de l’écologie. La contribution de Montebourg au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… » Fin août 2010, Arnaud Montebourg était comme à son habitude à Saint Ciers avec le pôle écologique du parti socialiste. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… La question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance… On aura besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. » Nous avions donc confiance en lui, écologiste déclaré dans son livre « Des idées et des rêves » : «Lester Brown m’a ouvert les yeux, montrant à quel point l’écologie et l’économie sont liées. Dès lors, il n’est plus possible de penser l’une sans l’autre. » Ministre du « Redressement productif », il est pourtant devenu anti-écolo dans tous les domaines : « Concernant le gaz de schiste, le président de la République a condamné la fracturation hydraulique destructive de l’environnement mais pas le gaz de schiste en soi. »… « Il est irréaliste de vouloir diminuer le nucléaire et le pétrole, tout en trouvant de l’argent pour financer les renouvelables ! »… « La transition énergétique doit être un moment de mobilisation nationale pour créer de nouveaux marchés et faire surgir de nouvelles technologies. » Le pouvoir tue le sentiment écologique.

Nous pensions que Nathalie Kosciusko-Morizet deviendrait la gaulliste de l’écologie. Son livre de 2009, Tu viens ?, soutient la cause environnementale : « Au sein du groupe parlementaire Santé et Environnement, nous avons levé un certain nombre de lièvres : impact sur la santé des pollutions chimiques, des pesticides, des ondes électromagnétique… Chaque fois que nous avons lâché nos lièvres dans l’Assemblé, nous nous sommes heurtés à un lobby… Il m’a semblé important, traitant l’écologie, de passer outre aux clivages. Et puisque je ne vous cache rien, lorsque je croise Alain Lipietz ou Daniel Cohn-Bendit, je les embrasse….» Ministre de l’écologie NKM envisageait le long terme : « La raréfaction des ressources naturelles et les pollutions menaçant les équilibres vitaux de notre planète… Importations de matières premières aux prix voués inexorablement à la hausse… La consommation à outrance a vécu. » Elle proposait même la sobriété, basée sur « le simple bon sens » et les économies d’énergie ! Et puis elle est aujourd’hui sur les rangs pour prétendre à l’investiture de la droite pour la présidentielle 2017. Exit l’écologie !

Le mensuel la décroissance de juin 2016 la classe donc à juste titre comme l’écotartufette du mois : « NKM n’hésite pas à se revendiquer de Margaret Thatcher, elle affirme que nous avons tiré un bénéfice considérable de la vaste révolution économique libérale des années 1980… Son programme, destruction de la fonction publique, baisses des prélèvements sur les entreprises, moins de protection sociale… Derrière le visage angélique de la quarantenaire se cache une liquidatrice prête à tout déréguler…. Telle est l’écologie de Nathalie Kosciusko-Morizet… » Le goût du pouvoir tue le sentiment écologique.