Interpellation d’une élue à l’assemblée métropolitaine de Tokyo : « Est-ce que tu est au moins capable de faire des enfants ? » Un député du parti majoritaire : « Le sujet le plus difficile pour nous est la décroissance de la population. C’est un problème crucial qui conduit au rétrécissement du marché du travail. »* La première interjection n’est pas simplement sexiste, elle est aussi nataliste ; en effet au Japon on n’a pas d’enfant hors mariage. La position politique officielle veut l’égalité homme/femme dans le monde du travail, mais reste aussi nataliste. Or le Japon montrait la voie à suivre mondialement, la décroissance malthusienne sur une planète close et saturée d’humains. Le Japon va passer de 126 millions de personnes aujourd’hui à 100 millions avant 2048 et 86 millions en 2060, Biosphère est soulagée. Comme l’immigration reste un sujet tabou dans le pays, il n’y aura pas d’accroissement de ce côté là ; chacun dans son écosystème, c’est mieux pour tous. Mais le vieillissement fait peur, il ne devrait pas. Yves Cochet dans la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux », fait le tour de la question :
« La solution à un vieillissement de la population ne peut pas être l’augmentation de la proportion de jeunes, car ces derniers seraient vieux à leur tour un jour et réclameraient donc encore plus de jeunes : c’est la fuite en avant, la situation ne ferait que s’aggraver. Nous croyons, au contraire, que la peur occidentale du vieillissement de la population doit être affrontée aujourd’hui, et que, d’ailleurs, nous ne devons craindre une population âgée. Une société âgée possède des qualités économiques, sociales et écologiques comparables, voire meilleures, qu’une société plus jeune. Même à la retraite, les personnes âgées contribuent de façon appréciable à la prospérité de la société, par tout le travail bénévole qu’elles assument, auquel il faut ajouter les contributions intellectuelles de la sagesse de l’âge. Les grands-parents européens assurent les deux-tiers des services de garde informels des enfants. La grande majorité des personnes âgées sont auto-suffisantes, elles ne sont pas un fardeau financier pour leurs enfants. C’est plutôt elles qui, bien souvent, soutiennent les jeunes générations, notamment les chômeurs. Tout compte fait, les jeunes sont plus coûteux pour l’économie, en temps et en argent pour leur entretien et leur éducation, que les vieux pour leurs pensions. Plus de retraites à payer est compensé par moins d’investissements scolaires. De même, dans le secteur de l’habitat et des infrastructures en général, une population stagnante ou déclinante est évidemment moins coûteuse qu’une population croissante. »
* LE MONDE du 1er juillet 2014, Au Japon, la remarque sexiste de trop
Une ddm probablement très supérieure à 340 hab / km2 vu que les terres « hospitalières » ne sont guère nombreuses sur cette île volcanique .
Avec une telle mentalité nataliste, je leur souhaite éruptions volcaniques et tremblements de terre à répétition le tout couronné de tsunami ravageurs .
J’ avais pourtant lu (ou entendu) que le gouverenement japonais avait approuvé un plan de décroissance démographique échelonné sur 1 siècle et permettant d’ atteindre un chiffre de population de 42 millions vers 2100 .
Yves Cochet a évidemment raison, ce raisonnement est le bon sens même. Les natalistes oublient tout simplement que le temps s’écoule (un détail sans doute) et que les jeunes d’aujourd’hui ont les vieux de demain. C’est d’ailleurs bien parce qu’il y a eu beaucoup de naissances (de jeunes par définition) il y a 70 ans que nous allons avoir bientôt beaucoup de vieux. Quelle fuite en avant ! Quelle cavalerie démographique, si chaque génération doit être plus nombreuse que la précédente pour assurer l’équilibre de la société, nous allons de toute évidence vers l’impossible. Ce n’est pourtant pas bien difficile à concevoir.
Quant au Japon, rappelons qu’il y à la-bas environ 340 habitants par kilomètre carré. Comment dans ces conditions peut-on avoir peur de la baisse de la population ? Si l’on exclut les montagnes le japon est une gigantesque zone urbaine. Est-cela le monde de demain ? Est-ce à cela dont nous devons rêver ? De quelle Terre les natalistes qui prétendent aimer les enfants vont-ils les faire hériter ?